Essai détaillé / BMW i5 M60 xDrive: Nouvelle référence

À l’analyse de l’impressionnante liste d’assistances à la conduite disponibles de série ou en option, on craint pour l’avenir des carrossiers… qui n’auront bientôt plus grand-chose à faire!  Évidemment, ce n’est pas une mauvaise chose, au contraire, mais s’agissant d’une BMW M si puissante, on se demande s’il subsiste un quelconque plaisir à conduire une voiture aussi étroitement surveillée. Honnêtement nous partions déçu, l’esprit farci de préjugés, pétri de nostalgie envers cette interaction magique entre moteur et boîte, avec nos oreilles au milieu pour profiter du concert. Et finalement oui, le plaisir de conduite peut s’envisager au volant de cette i5 M60 xDrive! Disons que c’est forcément différent. 
Abordons cependant le principal écueil: la sonorité. Plus jamais, à l’avenir, nous n’aurons droit aux envolées lyriques du 6-en-ligne de 315 ch cité plus haut, c’est comme ça. Mais surtout, que croyait BMW en intégrant ces… jingles numériques censés nous emplir d’émerveillement et d’émotion. Ce que l’on en pense? Une horreur… Ces compositions sont pourtant l’œuvre de Hans Zimmer, célèbre compositeur de bandes sons de films hollywoodiens, et dont les sons automobiles dans cette BMW ont été baptisés Iconic Sounds…  Notre meilleur conseil: avant de prendre la route, allez dans les réglages et désactivez-les. Dommage, car de nos jours la technologie permettrait parfaitement de singer les notes emblématiques du 24 soupapes thermique, mais les ingénieurs «ne voulaient pas que le son de la voiture soit artificiel». Allez comprendre…
Après, tout n’est pas à jeter. Certes, l’interaction entre le moteur et la boîte de vitesses tiendrait en une ligne, puisqu’il n’y a pas de variation (réduction unique). Mais la magie du sigle M opère bel et bien. Il y a certes la puissance qui, sur papier, propulse cette berline typée business de 2,4 tonnes de 0 à 100 km/h en 3,8 s. Une performance extraordinaire en soi, mais plus si exceptionnelle de nos jours. Non, la différence, c’est la manière insufflée par le département Motorsport. On n’a jamais eu l’impression d’être catapulté, à l’instar de certaines électriques hautes performances. L’accélération se veut plus naturelle et, d’une certaine manière, délicieusement progressive. C’est un peu difficile à décrire, mais on sent cette puissance se construire mètre par mètre, on sent que cette i5 accélère et continue d’accélérer, comme de plus en plus tirée vers l’avant. Ce typage est bien un choix délibéré des ingénieurs M. Et qu’importe si la M60 xDrive n’est pas la reine du sprint…
Mais elle se rattrape largement dans les virages. Dans le sinueux, les performances de l’i5 M60 xDrive sont tout simplement impressionnantes pour une berline statutaire de 2,4 tonnes. À se demander où sont passés les kilos…  La suspension classique à double triangulation à l’avant et à essieu multibras à l’arrière forment une excellente base, mais la répartition quasi idéale du poids et la rigidité de la plateforme lui confèrent un supplément d’âme. La M60 compte aussi sur une suspension abaissée de 8 mm par rapport à celle de la i5 eDrive40 et ses amortisseurs sont pilotés. Option incontournable et fortement recommandée, l’Adaptive M Sport Suspension Professional ajoute à ce solide package la stabilisation active du roulis. Certes, ça pique (4.250 €), mais il faut savoir ce que l’on veut.  Tout cet arsenal technologique semble fortement assisté, c’est vrai aussi, mais on retient surtout le côté naturel avec lequel la voiture change de direction et se cale sur ses appuis. Idem pour le volant qui vous épargne le rendu trop artificiel de certaines concurrentes.
Tout cela ne fait pas de la i5 M60 xDrive une compacte virevoltante – les roues arrière qui braquent de 2,5° ne font pas de miracle - mais concourt, en tout cas, à assurer à la béhème un comportement routier dignement sportif et, plus important, particulièrement agréable. Ne serait-ce que par sa faculté à masquer ce rabat-joie que l’on appelle la masse. Et nul besoin de recourir souvent au mode Sport pour s’amuser, si ce n’est pour estomaquer un invité (et pulvériser un rival au feu) avec le mode boost.