Le logiciel truqueur a fait chuter Volkswagen de son piédestal de numéro 1 mondial. La Bourse lui a directement rendu la monnaie de sa pièce avec une action qui a chuté de 40 % en un peu plus d’une semaine. Le groupe aux 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel a déjà décidé de réorganiser son comité directeur. Mais ce n’est pas suffisant… La Justice est également à l’affût, en Allemagne où elle poursuit pour fraude l’ancien PDG Martin Winterkorn ; et partout ailleurs avec des dizaines de plaintes au civil. Un mouvement judiciaire qui pourrait encore s’étendre avec des autorités publiques et des consommateurs qui voudront peut-être des explications et des dédommagements.
Rappels en masse
Ne pouvant pas nier l’évidence, Volkswagen a directement provisionné 6,5 milliards d’euros pour faire face au scandale. Trop peu d’ailleurs selon certains analystes. Les clients ayant un 4-cylindres TDI « truqué » seront contactés pour procéder à une mise à jour de leur voiture. Une clientèle qui risque de retenir la leçon en changeant de marque pour le prochain achat. D’autant que leurs voitures pourraient perdre en valeur de revente vu la suspicion de pollution. La maison de Wolfsburg doit donc absolument choisir la bonne stratégie – et éviter quelque forme de lobby maladroit ou de chantage publicitaire – afin de retrouver la confiance du marché pour les marques du groupe qui sont touchées : Audi, Seat, Škoda et Volkswagen. Une méfiance qui risque aussi de déteindre sur Porsche.
Qualité allemande
Plus globalement, ce scandale a jeté l’opprobre sur toute une industrie allemande et sur le Diesel. Cela risque de créer des tensions entre Volkswagen et les autres géants de l’économie allemande et mondiale ainsi que dans le monde automobile. Par sa triche, en utilisant un logiciel fourni par Bosch qui l’avait pourtant mis en garde – ou qui s’était habilement protégé ? – sur le caractère illégal de ce procédé, le constructeur a montré à quel point il était simple de contourner les tests de consommation et d'émissions. Dès lors, le nouveau jeu médiatique consiste à trouver les voitures ayant le plus grand écart de consommation par rapport aux normes, sans que ne soit expliqué au public ni la méthodologie choisie, ni les conditions de comparaison. Et en créant un fameux amalgame puisqu’ici la triche concerne les NOx, pas le CO2.
Au pied du mur
Les autorités allemandes n’ont pas manqué de se désolidariser de Volkswagen une fois l’information publique. La marque a jusqu’au 7 octobre pour présenter une solution technique pour rendre les voitures en circulation conformes aux normes. Sans quoi, elles pourraient se voir interdire de circuler en Allemagne. Et là, ce serait une Berezina complète avec des millions d’utilisateurs grugés pour une faute qu’ils n’ont pas commise. Les amendes de plusieurs milliards de dollars qui pendent au nez de VW ne seront rien face à des propriétaires furieux de ne pouvoir utiliser leur voiture à cause d’une triche du constructeur.
Anti-Diesel
Aux États-Unis, cette affaire a vite pris le nom de Dieselgate. Le Diesel est la victime collatérale de la tricherie. Banni du Japon, surtaxé au Danemark et en Suisse, mal-aimé aux USA, le gazole est désormais pointé du doigt chez nous aussi. L’engouement des années 80 et 90, où on lui prêtait toutes les vertus - et même encore il y a peu avec des primes CO2 très favorables au Diesel - a maintenant fait place à une chasse à la sorcière particule et aux NOx. Particulièrement nocives, ces émissions sont, à juste titre, dans le collimateur des autorités. Ce qui a poussé les ingénieurs à trouver des solutions techniques comme les filtres à particules et l’additif AdBlue. Des impératifs techniques qui ont peut-être perturbé les stratégies financières et les plans de développement, tout en nécessitant d’énormes moyens financiers.
Rien n’est parfait
L’essence a retrouvé grâce aux yeux des consommateurs. Ils y sont bien forcés parfois par une offre de petits moteurs Diesel devenue rare en raison de l’abandon de ces motorisations dans certains catalogues de citadines. Les normes strictes à respecter pour le Diesel imposent des coûts trop importants pour les petites voitures. Les constructeurs s’engouffrent alors dans la brèche du downsizing avec des moteurs essence turbo à injection directe de petite cylindrée. D’autant que dans ce cas, leurs obligations en matière d’émissions de particules sont moins contraignantes. Et pourtant, ces motorisations essence-là émettent également des particules fines. Selon l’ADAC, ces moteurs sont même plus dangereux encore que les Diesel par le nombre et la caractéristique des particules qu’elles émettent et que l’Europe ne semble pas pressée de réglementer. Seuls, pour l’instant, les moteurs à allumage multipoint s’en tirent bien. Mais d’ici à ce que les politiques s’en rendent compte… on aura peut-être déjà découvert de la grenadine sur Mars.
NE MANQUEZ RIEN DE l’ACTU AUTO!
Derniers modèles, tests, conseils, évènements exclusifs! C’est gratuit!