Essai détaillé / Porsche Macan 4: Sans bruit er sans scrupules

Depuis son lancement en 2014, le Porsche Macan s’était vendu à plus de 800.000 exemplaires début 2024, et le constructeur annonçait que 55.000 clients avaient commandé le «petit» SUV de la gamme sur les neufs premiers mois de 2024, alors qu’en 2023, il s’en était écoulé 87.355. Soit 27% des ventes totales de la marque et seulement 198 de moins que le Cayenne. Autant dire que le renouvellement du Macan relève de la plus haute importance. Un enjeu qui n’a pas empêché Porsche d’opter pour un pari osé: proposer cette troisième génération exclusivement équipée de motorisations électriques. En plus, s’il fut un temps évoqué de prolonger la vie de la deuxième génération à moteur thermique, électrifié de prime abord, cette option a finalement été rejetée, les coûts de mise en conformité de la plateforme aux exigences d’homologation – notamment sur le plan électronique et de la protection des données – désormais en vigueur étant trop élevés, dixit Porche. C’est donc avec une pression énorme que débarque cette nouvelle mouture du Macan dans un contexte marqué par une certaine frilosité à l’égard des voitures électriques, à plus forte raison en Europe et en Amérique du Nord, les deux plus grands marchés de la marque, devant la Chine. Toutefois, l’univers du haut de gamme semble moins impacté. En Belgique, le régime fiscal très favorable aux voitures électriques pour les professionnels – cible principale du Macan – devrait faciliter le succès du nouveau-venu. Pour autant que le produit reste convaincant. 

LE CONCEPT
Modèle familial d’entrée de gamme chez Porsche, le Macan s’érige en référence de son segment sur le plan de la sportivité, de l’efficacité et des performances sans négliger le confort, la polyvalence et les aspects pratiques. Le tout présenté sous une ligne typiquement Porsche. Au premier coup d’œil, la filiation avec le Macan thermique est évidente. Or la stature est plus athlétique. La proue se distingue par ses optiques diurnes à quatre éléments qui surplombent les phares intégrés aux prises d’air latérales du bouclier dont la lèvre de spoiler exacerbée souligne le soin apporté à l’aérodynamique. Les flancs, plutôt lisses, soulignent un profil plus élancé, adoptant un hayon plus incliné tandis que les porte-à-faux affichent des proportions proches du Macan à moteur thermique. À l’arrière, les feux tridimensionnels sont surmontés d’un aileron mobile qui participe, avec le diffuseur, à l’excellent coefficient aérodynamique de ce SUV, abaissé à 0,25. Plus long de 58 mm (4784), plus large de 16 mm (1938) mais plus bas de 29 mm (1592), le nouveau Macan se distingue avant tout par un empattement étiré de 86 mm pour atteindre 2893 mm. Une croissance qui n’implique pas forcément une habitabilité spectaculaire malgré sa conception exclusivement électrique. La volonté de Porsche consistait surtout à ne pas trop bousculer les habitudes de ses clients en privilégiant les qualités dynamiques aux aspects pratiques. Certes, le tunnel de transmission a disparu, mais un léger renflement prive l’occupant assis au milieu de la banquette d’un plancher parfaitement plat tandis que l’extrémité de la console centrale intégrant les ouïes de ventilation et les commandes de climatisation réduit également l’espace dévolu à ses jambes. Ce Macan électrique accueille donc dignement mais pas généreusement quatre adultes de taille moyenne (1,80 m). Il se rattrape légèrement avec un coffre de 540 litres (sous la tablette) contre 488 à la génération précédente. Notre version, équipée du système audio Bose, devait cependant sacrifier le compartiment caché sous le plancher et perd, dès lors, environ 60 litres d’espace. 
En outre, la ligne de coupé se paie sur le plan pratique avec 1.348 litres disponibles une fois les sièges arrière rabattus, soit environ 160 de moins que son prédécesseur. Le SUV se rattrape avec un frunk de 84 litres, toujours pratique pour y loger le câble de recharge et un sac à dos – ou la commande de la friterie afin de ne pas embaumer l’habitacle –, sans oublier la trousse de secours et le triangle de signalisation.