Dans les travées du Los Angeles Convention Center se tient un salon de l’auto pas comme les autres, regroupant des nouveautés d’une production US spécifique, les modèles par lesquels les marques européennes entendent s’y faire une place au soleil et des marques asiatiques qui ont traditionnellement bonne presse, en attendant le grain de sel qu’a promis de jeter sur le secteur un Donald Trump source de bien des incertitudes.
Phase de plateau
Après une crise sans précédent dans les années 2008-2009 qui a vu les «big three» (GM, Ford, Chrysler) frôler la faillite, le marché automobile américain s’est repris rapidement pour culminer à un record de ventes annuelles de 17,47 millions d’unités en 2015. Pour 2016, les spécialistes tablent plutôt sur un marché de 17,3 millions, soit une petite baisse guère significative. Les mêmes spécialistes parlent d’une phase de plateau pour un marché local en plein questionnement et en pleine schizophrénie. Tiraillés entre les impératifs environnementaux et la culture du V8 largement ancrée dans l’Amérique profonde, les constructeurs se cherchent, sans savoir de quoi sera fait demain. Si Donald décide d’un coup de pousser le gaz de schiste, de mettre en œuvre des pipelines géants et de relancer les forages pour booster l’emploi et donc l’économie locale tout en remettant en cause les différents accords sur le climat, la donne pourrait changer rapidement. Et l’incertitude, les constructeurs automobiles n’aiment pas ça vu le temps de latence de 3 à 5 ans entre les premières phases de développement d’un nouveau modèle et sa commercialisation effective. Le salon de los Angeles respirait ce questionnement vu le grand écart que faisaient certains constructeurs entre le politiquement correct et la tradition de la culture des centimètres cubes.
Premières
- Le groupe FCA (Fiat Chrysler Automobiles), par exemple. Il propose la petite 500, qui commence à se voir en rue (du moins en Californie, sans doute moins dans le Midwest profond) et, à l’autre extrême, un SUV Stelvio qui doit lui permettre de prendre pied dans un segment incontournable.
- Même grand écart chez GM, avec d’une part la Chevrolet Bolt, sœur cousine de l’e-Ampera vue à Paris, cette électrique capable de 400 km d’autonomie et d’autre part un pick-up Chevy ZR2 empruntant son moteur à… la Camaro Z28!
- Que dire alors de Ford, qui lançait une version revue (mais pas encore, visiblement, en matière de finition, déplorable en l’occurrence) de son EcoSport, en même temps que son pick-up F550 Super Duty, en version 2017: un V8 bi-turbo Diesel de 6,7 litres !
- À coté de ses très belles F-Type en version SVR, Jaguar, comme pour se donner bonne conscience, a confirmé ne plus trop croire à la pile à combustible et se tourne dès lors vers l’électrique avec avec un I-Pace très suggestif, plus acceptable socialement.
- Le groupe Mercedes propose un concept Maybach S650 basé sur une Classe S Cabrio, mais en même temps, et presque en catimini, lance sa nouvelle Smart qui, admettons-le, a peu de chance de séduire le cow-boy du Texas profond. Lequel se rabattra peut-être sur la Classe G «big foot», en attendant le pick-up maison que Mercedes a dit ne pas vouloir (ou pouvoir?) introduire avant fin 2017 au plus tôt.
- De son côté, Volkswagen, caché au fond d’un palais et quasiment introuvable, ne cachait aucun Diesel sur son stand, mettant plutôt en avant le concept électrique I.D. vu à Paris, prévu pour 2020 ainsi que, parce qu’il le faut bien, son SUV Atlas à 7 (vraies) places.
- Et, comme un contre-pied, Mazda, lui, annonçait vouloir revenir sur le marché US avec un… Diesel dès 2017. Même pas peur! Ce sera notamment dans le nouveau CX-5, présenté ici en première mondiale. L’offensive de Mazda se prolongera en 2019 avec un électrique et en 2021 avec un hybride rechargeable.
- Porsche présentait, lui, sa 911 RSR de course à moteur ayant quitté le porte-à-faux arrière pour s’installer – grande première – en position centrale arrière. Mais aussi la nouvelle génération de Panamera S e-hybrid, doublée d’une version Executive à empattement allongé de 15 cm. Et présentée conjointement avec un nouveau V6 turbo, plus efficace.
Grand écart
On le voit, la pratique du grand écart est un art que maîtrisent la plupart des marques automobiles présentes sur un marché difficile, lui-même tiraillé entre les extrêmes d’une demande typique sur les côtes Est et Ouest, et une autre, très différente, à l’intérieur. Comme le reflet d’une population qui a amené au Trump au pouvoir, avec ce que cela signifie d’incertitudes…
NE MANQUEZ RIEN DE l’ACTU AUTO!
Derniers modèles, tests, conseils, évènements exclusifs! C’est gratuit!