Salon de Francfort 2015 / Porsche Mission E : rivale de la Tesla S

Porsche frappe à nouveau très fort à ce salon de Francfort. Car on pensait que le constructeur se bornerait à présenter sa nouvelle 911 désormais toute entière passée à la suralimentation. C’était déjà beaucoup, mais visiblement pas assez pour Stuttgart qui présente aussi cette Mission E, une étude qui préfigure assez fidèlement une future berline électrique destinée à faire concurrence à la Tesla S.

Déjà (dé)voilée

En fait, on avait déjà sans doute pu apercevoir cette réalisation, mais mise en scène sous un grand drap blanc annonçant une future voiture de sport. L’engin trônait alors fièrement aux côtés de la 919 victorieuse aux dernières 24 Heures du Mans. D’ailleurs, c’est de cette dernière que le Mission E s’inspire (ainsi que de la 918 Spyder), notamment pour sa batterie et sa construction légère.

En concurrence avec une 911 Turbo

Avec un temps pratiquement identique pour le 0-100 km/h qu’une 911 Turbo et une autonomie de 480 km, on peut dire que la Mission E réunit le meilleur de ce qui se fait actuellement en matière de rendement. Et c’était bien l’objectif comme l’expliquait Wolfgang Hatz, responsable de la recherche et du développement chez Porsche lors de la présentation. L’homme déclarait en effet que « nous avons toujours dit que lorsque notre voiture électrique serait une vraie voiture de sport. Et nous avons également dit qu’elle pourrait offrir les performances traditionnelles exigées par les clients Porsche ». Et il ajoutait qu’avec cette Mission E, « nous avons atteint deux objectifs : la polyvalence au quotidien et une autonomie exceptionnelle ».

Charger sur 4 roues

Conforme au schéma de la 918 Spyder à plusieurs égards, la Mission E est une berline à transmission intégrale puisqu’elle charge la puissance sur ses 4 roues. Deux moteurs électriques se chargent de la distribuer – un à l’avant et un second sur l’essieu arrière. A noter que les deux moteurs sont produits en interne, ils sont de type synchrones à aimants permanents car Porsche juge cette solution « la plus fiable pour fournir un bon niveau d’accélération reproductible à souhait et une meilleure récupération d’énergie ».

2 tonnes de muscles

Avec un poids à vide qui reste conséquent (plus de 2 tonnes), la Mission E annonce malgré tout un 0-100 km/h exécuté en 3,5 s, soit à peine 0,1 s moins bien qu’une 911 Turbo. Le 0-200 km/h est quant à lui accompli en 12 s. Porsche annonce par ailleurs que la gestion électronique gère la transmission intégrale en fonction des conditions (elle est sollicitée lors des fortes accélérations ou lorsque les conditions météo se dégradent) tandis qu’à l’arrière, on trouve une répartition vectorielle du couple entres les roues pour favoriser l’agilité et l’équilibre de cette grande berline. Et plusieurs sources chez Porsche affirment en outre que cette Mission E serait capable d’avaler un tour du Nürburgring en moins de 8 minutes, soit le temps d’un Cayman S.

Le plein en 15 minutes

Mais l’autre tour de force de Porsche, c’est aussi de présenter une voiture électrique dont la batterie pourrait être rechargée à 80% en moins de 15 minutes ou en tous cas deux fois plus rapidement qu’une voiture électrique classique grâce à une charge rapide de type industrielle permet d’atteindre les 800 Volts. Soit le double de la puissance de charge utilisée par Tesla actuellement. Selon Porsche, l’avantage de ce chargeur de nouvelle génération serait aussi d’être plus léger car la section des câbles aurait pu être réduite. Intégrée dans le plancher entre les essieux pour favoriser la répartition des masses – la hauteur du centre de gravité serait analogue à celle de la 918 Spyder –, la grosse batterie (dont la puissance est tue) est dérivée de celle du concept Audi etron quattro. Elle utilise un système de refroidissement liquide analogue à celui de la 919 du Mans.

Une base pour le futur

Enfin, il faut savoir que la Mission E est construite sur une toute nouvelle structure spécifiquement développée autour de son mode de propulsion. Wolfgang Hatz avouait d’ailleurs avoir « pris une toute nouvelle direction pour la structure » en précisant que « il n'y a pas besoin d'un tunnel central ». Le plancher est réalisé en aluminium, en acier à haute résistance et plastique renforcé à la fibre de carbone, une combinaison de matériaux que Porsche promet de retrouver sur la version de production qui devrait apparaître d’ici 2018. Reste à savoir à quoi ressemblera cette future Porsche qui met en exergue des éléments qui seront utilisés par la prochaine Panamera attendue en 2016 dont la plate-forme et les épures de suspension.

Cible : Tesla Model S

Avec ses 4,85 m de long, ses 1,99 m de large et ses 1,30 m de haut, la Mission E reste plus courte de 16,5 cm que la Panamera, mais elle se rapproche bien évidemment de la Tesla Model S, son cœur de cible (4,97 m x 1,96 m x 1,43 m). A l'intérieur, le concept propose quatre places individuelles. On note aussi deux compartiments à bagages, un situé à l'avant sous le capot et un autre, plus petit celui-là, ménagé sous la fenêtre arrière. La position de conduite est similaire à celle d’une 911 car « nous voulions offrir à cette voiture une empreinte familière typiquement Porsche » explique Ivo van Hulten le designer d'intérieur. En outre, le modèle laisse découvrir une planche de bord très contemporaine qui bénéficie d’une instrumentation à 5 cadrans qui intègre une fonction de suivi oculaire. Concrètement, cela signifie que l'affichage en trois dimensions s’ajuste automatiquement en fonction de la position du conducteur de manière à fournir un environnement sur mesure dans lequel toutes les informations pertinentes se trouvent parfaitement dans la ligne de mire. Vivement 2018 !