Innovation / Ferrari et Dodge veulent du bruit artificiel pour leurs VE

La question est souvent posée, sans jamais avoir de réponse convaincante : que restera-t-il aux supercars italiennes et aux muscle cars américains lorsqu’elles devront troquer leurs cathédrales mécaniques pour des moteurs électriques ? Qu’est-ce qui différenciera leurs VE de ceux d’une vulgaire start-up aux oreilles des amateurs de symphonies mécaniques en multicylindres majeurs ? Chez Dodge – marque du groupe Stellantis – comme chez Ferrari, on est convaincu que les clients voudront toujours « faire du bruit » au volant de leur bolide électrique. Pour satisfaire ces derniers, les deux constructeurs développent donc un générateur de bruit qui soit synonyme de performances.

Performance sonore

Alors certes, ni Dodge ni Ferrari ne semble enclin à proposer des voitures équipées de haut-parleurs diffusant des enregistrements de V8 ou de V12. L’idée est davantage de trouver le moyen d’émettre une sonorité évocatrice des performances du véhicule. La solution prônée étant d’amplifier la signature sonore des moteurs électriques pour augmenter la sensation de puissance et de performance de la voiture de manière réaliste et cohérente. Soit.

Générateur sonore

Du côté de Stellantis le projet est déjà bien avancé. Dans un premier temps, il y eut le concept Dodge Charger Daytona SRT présenté en aout 2022, un muscle car électrique préfigurant l’avenir de la marque américaine, qui dispose d’un système d’échappement pour VE baptisé Fratzonic Chambered Exhaust. Ce dispositif amplifie les bruits de montée en régime des moteurs électriques pour diffuser une sonorité évoquant la performance et la puissance de l’ère électrique. Le niveau sonore pourrait atteindre celui du V8 des Dodge Charger et Challenger Hellcat, soit 126 dB. Original, le résultat laissera cependant relativement perplexe les fans de borborygmes typiques des big blocks made in USA.

À l’opposé de la gamme du groupe, on trouve Abarth qui équipe également l’Abarth 500e électrique d’un générateur de son dont la « musicalité » a été développée en collaboration avec les clients de la marque. Un artifice qui nous avait semblé très… artificiel lors de la présentation du modèle. Mais gageons que la « playlist » n’en est qu’à ses balbutiements.

Ferrari aussi

Du côté de LA marque de voiture de sport italiennes, l’ère de la voiture électrique est vue comme une opportunité enthousiasmante. Résolument tournée vers l’avenir, l’officine de Maranello n’en rejette pas ses fondamentaux pour autant et compte bien proposer des sportives électriques et « musicales ». Les ingénieurs au cheval cabré travaillent sur « un moyen de créer des bruits distinctifs liés à la performance réelle d'un groupe motopropulseur électrique ». Objectif avoué : offrir au conducteur un retour auditif réaliste des performances du véhicule et augmenter les sensations liées aux performances de ce dernier.

Un projet qui tient à cœur au nouveau patron de la marque, Benedetto Vigna : « Je n'ai aucun doute que nos groupes motopropulseurs électriques donneront aux clients les mêmes sensations (que les moteurs thermiques). La question est de savoir comment extraire la meilleure émotion de l'utilisation de cette technologie, en donnant quelque chose d'unique aux clients ».

Dedans ou dehors

Toutefois, une Ferrari, une Dodge plait pour sa ligne, ses performances et sa bande sonore, tant au volant qu’à l’extérieur. Il sera intéressant de voir comment ces marques vont gérer ces deux aspects de la signature musicale de leurs modèles électriques. Du côté de BMW, par exemple, on a fait dans l’hollywoodien en mettant le compositeur de cinéma Hans Zimmer pour créer des sons liés aux modes de conduite. Il en faut pour tous les goûts. Le tout sera de voir quel accueil sera réservé par les clients et les « spectateurs ».