C'est tout le monde automobile qui a été ébranlé par les quelques mots prononcés par Ferdinand Piëch, figure emblématique du groupe Volkswagen, dans une interview donnée au magazine Der Spiegel samedi dernier. En l'occurrence « je garde mes distances avec Winterkorn ». La petite phrase serait sans doute passée inaperçue si seulement Ferdinand Piëch n'était pas le président du conseil de surveillance du groupe en plus d'être un des héritiers de la dynastie Porsche. Car la holding Porsche SE détient en effet près de 51 % du capital de Volkswagen.
La petit phrase prononcée a provoqué l'émoi car elle semble remettre en question la succession de Piëch au conseil, une succession que l'on pensait pourtant définitive, Martin Winterkorn travaillant avec Piëch depuis des décennies, celui-ci ayant même été son bras droit chez Audi. Bref, la machine ne serait donc pas si bien huilée que prévu et elle laisse surtout présager d'une perte d'influence du patriarche qui devra quitter le conseil de surveillance en 2017 lors de son 80e anniversaire.
La logique veut que ce soit Martin Winterkorn qui prenne à ce moment les rennes, ce qui semble toujours évident car l'homme a fédéré de nombreux soutiens autour de lui. Comme Bernd Osterloh, le président du puissant comité central d'entreprise qui contrôle cinq sièges au conseil de surveillance et qui s'est rangé derrière Winterkorn. Ou encore Stephan Weil, ministre-président de la Basse-Saxe qui s'est dit « désagréablement surpris » par les propos de Piech. Wolfgang Porsche, le cousin de Piëch, a lui déclaré que « les propos du docteur Piech reflètent son opinion personnelle ». Il faut dès lors plutôt croire que les propos de Ferdinand Piëch traduisent sa crainte de perte d'influence. Ou alors des reproches personnels qu'il pourrait adresser à Winterkorn. Comme les difficultés que rencontrent le groupe à percer aux États-Unis, la rentabilité insuffisante de la marque Volkswagen ou encore l'absence de l'offre voitures de type low cost. En revanche, l'homme peut cependant s'enorgueillir du rachat de Porsche et de Ducati, du rapprochement de MAN et de Scania et d'un chiffre d'affaires tout simplement record en 2014 de plus de 200 milliards d'euros.
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