Le nouvel accord commercial entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, conclu le 6 décembre après 20 ans de négociations, vise à supprimer les droits de douane sur les voitures, les pièces automobiles et d'autres produits, pour un marché combiné de 780 millions de consommateurs. Cet accord éliminerait jusqu'à 4 milliards € de droits de douane annuels et concerne plus de 90 % des exportations de l’UE, incluant des réductions tarifaires majeures sur les voitures (35 %), les pièces détachées (jusqu’à 18 %), les machines (18 %) et les produits chimiques (14 %). Cependant, pour les véhicules électriques et hybrides, une transition de 18 ans est prévue avec une réduction initiale à 25 %.
En plus d’éliminer les droits de douane, l’accord faciliterait l’accès aux matières premières d’Amérique latine, telles que le lithium, réduisant ainsi la dépendance de l’UE à la Chine pour sa transition verte. Bien que prometteur, l’accord fait face à une opposition notable, notamment de la France et de la Pologne, qui s'inquiètent pour leurs secteurs agricoles locaux.
Les marques qui bénéficieraient du traité
Les constructeurs automobiles européens, notamment Audi, BMW et Mercedes-Benz, seraient les principaux bénéficiaires de cet accord. Ces marques haut de gamme exportent une partie de leurs véhicules sud-américains depuis l’Europe et pourraient accroître significativement leurs exportations grâce à la réduction des droits de douane. En 2023, les constructeurs allemands ont exporté 21.000 voitures depuis l’Allemagne vers l’Argentine et le Brésil, mais produisent déjà 355.000 véhicules dans la région Mercosur.
Les marques généralistes comme Stellantis, Renault et Volkswagen, également bien implantées localement, profiteraient de la suppression des barrières tarifaires. Renault exporte déjà sa Megane E-Tech EV vers l’Argentine et le Brésil, tandis que Volkswagen avait, par le passé, vendu son modèle Fox fabriqué au Brésil en Europe. Cet accord renforcerait la présence européenne sur un marché stratégique tout en favorisant les échanges bilatéraux.
Les freins à la ratification
Toutefois, la ratification de ce traité reste incertaine en raison de l’opposition de la France et de la Pologne, qui craignent que des importations alimentaires à bas coût d’Amérique latine nuisent à leurs agriculteurs. Pour être validé, l’accord doit être soutenu par 15 pays représentant 65 % de la population européenne. À l’inverse, son blocage nécessiterait l’opposition de quatre pays totalisant 35 % de la population de l’UE.
Outre les préoccupations agricoles, certains États membres redoutent que l’accord renforce l’empreinte de la Chine en Amérique latine, malgré son potentiel pour réduire les tensions géopolitiques et stimuler le commerce libre et équitable. L'ACEA, qui a salué le retour de Stellantis parmi ses membres, considère cet accord comme une opportunité pour consolider la compétitivité européenne et soutenir une industrie automobile en difficulté tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour les marchés agricoles et industriels des deux blocs.
Que faut-il en penser ?
Comme pour tout traité, celui du Mercosur comprend des avantages et des inconvénients pour l’économie européenne. De manière plus spécifique, s’il s’avère nettement profitable à l’industrie automobile sur le Vieux Continent, cette plus-value doit être relativisée par les aspects néfastes du traité sur d’autres secteurs économiques tout aussi fondamentaux. Ce que tout cela révèle tient au fait que l’économie – et la politique qui la définit – ne peuvent être érigées sur le principe d’un silo par secteur majeur. Cette démarche relève alors de la démagogie et a démontré son inefficacité sur le pan de l’électrification de l’industrie automobile. Il sera donc crucial pour les parties prenantes de s’assurer qu’un équilibre existe d’une part, et d’autre part, tout bénéficiaire puisse être le traité du Mercosur pour les constructeurs européens à court terme, cela ne solutionne en rien le déficit de compétitivité au niveau mondial et le déséquilibre sur le marché des batteries, toujours dominé par la Chine. En conclusion, si nos marques « locales » y gagneront certainement, nous ne paierons pas nos voitures électriques moins cher pour la cause en Europe…
Sources : Reuters & Bloomberg
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