Alors que le gouvernement britannique a mis en place une nouvelle stratégie de soutien à la production d’hydrogène « bleu », issu de combustibles fossiles, et « vert », produit par électrolyse avec des énergies renouvelables, le président du lobby de l’hydrogène et de la pile à combustible (UKHFCA) a remis sa démission, estimant que l’hydrogène bleu constituait une « coûteuse distraction ».
« Je trahirais les générations futures en gardant le silence sur le fait que l’hydrogène bleu est au mieux une distraction coûteuse, et au pire un verrouillage pour faire perdurer le recours à des combustibles fossiles qui garantit que nous échouerons à atteindre nos objectifs de décarbonisation. » (C. Jackson – président démissionnaire du UKHFCA)
Fausse réponse
Selon Christopher Jackson, président démissionnaire du UKHFCA, l’hydrogène vert constitue l’une des réponses à la transition énergétique, mais LA solution miracle. Toutefois, il concède qu’il s’agit d’une bonne réponse parmi d’autres à cette problématique, là où l’hydrogène bleu représente une fausse réponse.
Outre le coût carbone de la production d’hydrogène bleu, c’est le fait que ce dernier soit mis sur un pied d’égalité avec l’hydrogène vert qui pose problème à Christopher Jackson. En effet, si l’hydrogène vert n’a – a priori – pas d’impact négatif sur le climat en utilisant de l’électricité « durable » pour le traitement par électrolyse de l’eau afin de séparer l’oxygène de l’hydrogène, il n’en va pas de même pour l’hydrogène bleu qui est produit à base de gaz naturel, issu de gisements de gaz purifié par élimination du CO2. En outre il impose un stockage souterrain. Or, le procédé de production ne serait pas 100 % efficace et laisserait « échapper » 10 à 15 % du CO2, ce qui représenterait un impact climatique non négligeable.
Solution opportuniste
Selon M. Jackson, sa crainte est de voir l’hydrogène bleu utilisé comme prétexte pour offrir des débouchés à moyen et long terme aux compagnies pétrolières et autres fournisseurs d’énergies fossiles. Ces dernières pourraient se retrancher derrière la production d’hydrogène bleu pour justifier la commercialisation de carburants fossiles.
Pour lui, les projets de production de l’hydrogène bleu sous prétexte de soutenir l’hydrogène vert sont des outils démagogiques pour les politiques qui tentent de s’acheter de la crédibilité « verte » tout en conservant les grands groupes d’énergies fossiles, énormes bailleurs de fonds, dans leurs « petits papiers ». Un bel exercice d’hypocrisie en somme.
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Que faut-il en penser ?
Concrètement, le discours de Christopher Jackson est édifiant et apporte une vision réaliste de la situation. Oui, l’hydrogène vert peut constituer une des solutions à la transition énergétique. Non l’hydrogène bleu ne sert aucunement à soutenir son homologue « durable ». Non, la production d’hydrogène vert n’est actuellement – et cela reste vrai à moyen terme – pas envisageable à une échelle suffisante que pour alimenter l’ensemble des secteurs exploitant actuellement des énergies fossiles. Oui, les politiques, sous le couvert d’un discours vert cherchent surtout à soigner leur image plutôt qu’à sauver les prochains âges…
Comme souvent quand il s’agit de politique et d’économie, l’hypocrisie règne et la démagogie s’imprègne. À trop vouloir ne courir qu’un lièvre à la fois, nos décideurs et leurs amis les fournisseurs (d’énergie et de mobilité) risquent bien de rentrer bredouille avec dans leur besace ni plus ni moins que des couleuvres que tôt ou tard nous ne pourrons plus avaler.
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