Si la réglementation Hypercar est entrée en vigueur en 2021, seuls Toyota et l’équipe indépendante Glickenhaus avaient pris part à la compétition avec cette nouvelle génération de voitures. Au détriment du spectacle, le David américain n’ayant clairement pas les moyens de lutter face au Goliath japonais et l’arrivée de Peugeot et de son originale 9X8 n’ayant pu changer la donne faute de fiabilité. Mais les choses devraient changer en 2023 avec les arrivées conjuguées de Cadillac, Ferrari et Porsche, en plus de Vanwall, dans la catégorie reine. Cependant, d’autres changements marqueront cette saison 2023 du FIA WEC. Petit tour d’horizon.
Qui peut battre Toyota ?
Toyota débutera la saison 2023 du FIA WEC avec une Toyota GR010 Hybrid revue dans le détail et qui bénéficie de deux saisons d’expérience. Le prologue de Sebring a démontré que l’Hypercar nipponne reste bien la référence du plateau. Mais la concurrence s’organise et les nouveaux venus seront à tenir à l’œil. À commencer par Cadillac. Si le constructeur américain n’engagera qu’une seule Cadillac V-Series.R à l’année, trois exemplaires seront au départ des 24 Heures du Mans. Rapide, fiable et exploitée par une équipe performante et expérimentée, la V-Series.R s’affiche comme la première concurrente des Toyota.
Il faudra aussi compter avec Ferrari qui n’a pas ménagé les kilomètres d’essais privés pour amener sa 499P à un niveau de compétitivité qui ne fait aucun doute. La LMH de Maranello n’est pas là pour faire de la figuration et semble mieux préparée que l’autre bolide au cheval cabré… teuton. En effet, Porsche alignera deux 963 officielles et deux exemplaires privés seront présents plus tard dans la saison, mais la loi du nombre ne sera pas forcément un avantage. La LMDh de Weissach a affiché un léger déficit de rythme et de fiabilité lors des 24 Heures de Daytona en janvier dernier. Espérons pour le Belge Laurens Vanthoor que cela sera résolu. Il en ira de même pour Peugeot qui a fait évoluer sa 9X8 dépourvue d’aileron arrière mais désormais plus fiable. Reste à voir si la LMH française saura se montrer compétitive ailleurs que sur le tracé atypique du Mans.
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Enfin, les deux constructeurs indépendants que sont Glickenhaus et Vanwall pourraient peut-être briller, mais il est permis d’en douter. Ces équipes aux moyens très limités auront du mal à lutter face aux armadas officielles des grands constructeurs.
LMH et LMDh, comment ça marche ?
Si la catégorie reine s’appelle Hypercar, elle réunit en réalité deux types de prototypes différents : les LMH – Le Mans Hypercar – et les LMDh – Le Mans Daytona h.
Commençons par les points communs. La puissance maximale autorisée en LMH et LMDh est fixée à 500 kW (680 ch) aussi bien en mode thermique seul qu’en mode hybride. Dans les deux cas, la carrosserie doit présenter un style évocateur des modèles de série de la marque. Le poids minimum est de 1.030 kg pour tout le monde, mais peut être ajusté en fonction de la BoP. Pour le reste, les deux catégories empruntent des voies différentes.
Une LMH est conçue de A à Z par le constructeur: châssis, groupe motopropulseur hybride, électronique, carrosserie. Les LMH sont donc des 4 roues motrices en mode hybride et des propulsions en mode full thermique. En contrepartie, les constructeurs disposent d’une plus grande liberté en matière de style et d’aérodynamique comme le démontre la Peugeot 9X8 qui se passe d’aileron arrière traditionnel. Glickenhaus, Ferrari, Peugeot, Toyota et Vanwall engagent des LMH.
Répondant à une philosophie plus «américaine» voulue par l’IMSA, le LMDh se veut davantage standardisé. Les constructeurs doivent choisir une base «châssis» parmi les quatre constructeurs homologués: Dallara, Ligier, Multimatic et Oreca. La partie électrique du groupe motopropulseur est commune à toutes les LMDh et fournie par Williams Advanced Engineering, Bosch et XTrac et les LMDh sont de pures propulsions. En 2023, seules Cadillac et Porsche engageront des LMDh.
LMP2, qui pour succéder à JOTA ?
Championne en titre, JOTA Sport se contentera d’une seule voiture en raison de son engagement dans la catégorie supérieure avec une Porsche 963 privée. Titrée en WEC et victorieuse au Mans en 2021 pour sa découverte de la discipline, l’équipe belge WRT voudra retrouver les sommets après une saison 2022 moins prolifique. La formation dirigée par Vincent Vosse alignera deux Oreca 07. La #31 sera confiée à Sean Gelael, Robin Frijns et Ferdinang Habsburg tandis que la #41 marquera le retour de Louis Deletraz et Robert Kubica, aux côtés de Rui Andrade. L’équipe belge devra se méfier des deux Alpine A470 – des Oreca 07 rebadgées – tandis que deux autres formations aligneront un duo d’Oreca 07, avec Prema Racing et United Autosport. Deux autres écuries se contenteront d’une seule voiture: Inter Europol Competition et Vector Sport.
GTE AM, l’année des Iron Dames ?
2023 marquera la fin d’une ère avec la dernière saison des GTE. Si la classe GTE Pro a disparu, restent les GTE Am réservées à des équipages Pro-Am d’autre part avec la présence obligatoire d’un Gentleman Driver. Avec encore quatorze GTE-AM en 2023 dont une dizaine de Porsche 911 RSR-19 et Ferrari 488 GTE, trois Aston Martin Vantage AMR et une Chevrolet Corvette C8.R alignée par Corvette Racing, le plateau ne manquera pas d’allure. Cette dernière fait d’ailleurs figure de favorite pour le titre mondial et la victoire aux 24 Heures du Mans.
Toutefois, d’autres équipages brigueront certainement le titre. À commencer par celui des désormais célèbres Iron Dames. Très performantes en 2022 au volant d’une Ferrari 488 GTE avec trois podiums lors des trois dernières courses de la saison, la Belge Sarah Bovy, la Danoise Michelle Gatting et la Suissesse Rahel Frey tenteront de remporter leur première victoire en Championnat du Monde d’Endurance, voire aux 24 Heures du Mans. Si le bolide restera rose fluorescent, c’est désormais à bord d’une redoutable Porsche 911 RSR-19 qu’elles en découdront. Ladies and Gentlemen, start your engines!
Les 24 Heures du Mans plus importantes que le WEC ?
En 2023, les 24 Heures du Mans célèbreront le centenaire de l’épreuve et cet anniversaire n’est pas étranger au plateau pléthorique de la catégorie reine du FIA WEC. De retour après 50 ans d’absence officielle au sommet de la hiérarchie, Ferrari n’effectue pas son retour en 2023 dans une catégorie lancée en 2021 par hasard. Et la présence de Cadillac et Porsche avec des équipes d’usine répond au même objectif : remporter l’édition du centenaire des 24 Heures du Mans. Un prestige qui rejaillit sur l’ensemble du championnat certes, mais qui démontre combien le double tour d’horloge sarthois surclasse le championnat du Monde d’endurance en matière d’image et de potentiel marketing. La preuve avec Peugeot et sa 9X8, certes originale, mais surtout taillée pour le circuit du Mans, avec ses longues lignes droites, ses virages rapides et son revêtement relativement plat. Le constructeur français a clairement tout misé sur cette épreuve, quitte à être en difficulté sur les autres courses du FIA WEC, à commencer par Sebring et son tracé très bosselé.
Retrouvez l'interview complète de Laurens Vanthoor ainsi que notre dossier FIA WEC 2023 dans le nouveau numéro du Moniteur Automobile du 15 mars.
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