La Peugeot 309 GTI 16 est née en 1989. C’était il y a 32 ans, c’était... il y a une éternité ! C’est dans ce contexte d’une décennie finissante que naît donc la 309 GTI 16. Auréolé des succès sportifs de sa 205 en rallye et porté par l’engouement pour la 205 GTI, Peugeot a tenté d’élargir dès 1987 son catalogue de sportives avec la 309 GTI équipée d’un 1,9 litre à 8 soupapes développant 130 ch. Avec elle, le constructeur espère offrir une alternative plus spacieuse que la 205 à la Golf GTI. Ce faisant, viser aussi une autre clientèle. Mais la mayonnaise ne prend pas.
>>> Cet essai a été publié dans le Moniteur Automobile 1748 et écrit par Stany Meurer.
Dans le sillage des M3 et Cosworth !
Pour amusante à conduire et efficace qu’elle soit, la 309 GTI peine donc à rencontrer son public. Si en France on l’apprécie à sa juste valeur, sur les marchés étrangers, c’est plutôt le bide. En dépit de cette reconnaissance par les initiés, la 309 GTI végète pauvrement dans l’ombre de la star 205. Frustré de cette situation, Peugeot décide alors de lui donner un coup de boost à l’occasion du restylage opéré à l’été 1989.
Pour la décomplexer, le constructeur installe carrément le bloc 1.905 cm3 à culasse à 16 soupapes de la 405 Mi16, fort de 160 ch. Le gain de 30 ch transfigure non seulement la « berline de papa » en véritable fusée mais modifie de façon radicale son caractère, le faisant passer de dynamique à diabolique.
Grâce à son poids réduit (975 kg!) et à son étagement de boîte qui ne connaît pas les diktats de l’écologie, la 309 GTI 16 signe des performances de premier plan. Nous avions relevé à l’époque un 400 m départ arrêté en 15,4 s et un 1.000 m depuis l’arrêt bouclé en 28,3 s, des chronos guère éloignés de ceux d’une BMW 325i ou d’une Renault 21 Turbo. Plus épatant encore, ses reprises la plaçaient au niveau d’une BMW M3 ou d’une Ford Sierra Cosworth.
Du son !
Des résultats aussi tonitruants que bruyants : si la sonorité très rauque du moteur a de quoi ravir les oreilles du sportif, cette omniprésence musicale envahissante finit cependant par lasser à l’usage. Et ce qui apparaît comme une critique ordinaire en 1989 devient un défaut majeur en 2021 pour qui désire utiliser la 309 GTI 16 au quotidien.
Et la boîte ? À en croire Sport Auto, c’est « un rêve qui peut servir de référence à toutes les sportives par sa précision, sa douceur, la qualité de son verrouillage, la rapidité de sa sélection et encore son étagement parfaitement adapté ». OK, on veut bien pour l’étagement et la douceur, mais on sera moins dithyrambique pour le reste. En outre, le tableau devient un peu moins idyllique si l’entretien n’est pas scrupuleux.
En finesse !
Le freinage, dépourvu d’ABS, est évidemment bien aidé par le poids plume de l’engin... mais un peu moins par la monte pneumatique. Cette dernière impose une conduite en finesse, aux antipodes de celle des bourrins qui, aujourd’hui, « tapent » sur la pédale du centre sans conséquence fâcheuse la plupart du temps grâce aux multiples garde-fous électroniques.
La « 16 » est équipée d’une direction assistée « juste comme il faut ». Dans le n°941 du Moniteur Automobile, Jean-Jacques Cornaert épinglait que « malgré la vitalité de la mécanique, les réactions de couple sont très bien filtrées et le volant est à peu près dépourvu de mouvements parasites, même sur les revêtements irréguliers »: un exploit à l’époque pour une traction de 160 ch.
Joueuse…
Très joueur et redoutablement efficace, le châssis constitue sans nul doute le point d’orgue de la 309 GTI 16. Et plus particulièrement le train avant qui digère parfaitement la puissance transmise aux roues. Mais attention à ne pas se tromper ou à sous-estimer le caractère très léger et très vif du train arrière qui ne demande qu’à passer devant dès l’inscription en courbe, surtout si on recourt au lever de pied pour placer l’engin d’un coup de transfert de masse. L’expertise au volant est requise.
Une rareté
Est-ce dû à ce comportement très pointu qui ne pardonne pas grand-chose aux novices ou aux trop optimistes, à moins que ce ne soit sa faible diffusion (moins de 6.000 unités ont été produites de 1989 à 1993), toujours est-il qu’il est aujourd’hui difficile de trouver un bel exemplaire de 309 GTI 16, devenue très rare. Vendue neuve 667.500 francs belges, une 309 GTI 16 se négocie actuellement sous les 10.000 €... si vous en trouvez une et que le propriétaire accepte de vous la vendre, soit bien moins qu’une 205 GTI plus commune et pourtant plus prisée. Dans le Moniteur Automobile de l’époque, Jean-Jacques Cornaert terminait son article en disant en guise de conclusion : « Mettez m’en trois ! Une pour courir en rallye, une pour les reconnaître et une pour aller au bureau ». Et il ajoutait : « Avec ce moteur 16 soupapes, la 309 GTI est devenue une voiture de sport à part entière, exigeante mais terriblement efficace. Elle n’a plus rien d’une mignonne petite berline destinée à divertir les minets. Il est vrai que sur ce point, la 309 n’avait aucune chance. Les ingénieurs ont donc préféré en faire un engin très méchant. En quelque sorte, la revanche du petit laid qui brille par son intelligence ». Tout est dit. La 309 GTI 16 est une sportive sans concession, comme on en fait plus de nos jours. Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Ce n’est pas à moi d’y répondre. Toujours est-il que cette GTI extrême et très typée n’est plus guère adaptée aux conditions actuelles de roulage, à moins de la destiner à un usage sur un circuit très sinueux, la route n’étant qu’un pointillé entre deux pistes où vous mouillerez la chemise...
(*titre d’inspiration libre, détourné de celui de la chanson « Sans chemise, sans pantalon » interprétée notamment par Rika Zaraï.)
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