Raymond Loewy nait le 5 novembre 1893 à Paris. La première guerre mondiale met un terme à ses études d’ingénieur et il se retrouve au front. Cavalier, il reçoit même la Légion d’honneur pour ses faits d’armes. Après la guerre, il rejoint son frère aux Etats- Unis. Son coup de crayon lui amène du travail comme illustrateur auprès de différents magazines. Dès 1929, il occupe un poste de « directeur artisitique », auprès de Westinghouse, firme spécialisée dans les appareils électriques. Son approche est simple : tout objet, quel qu’il soit, doit être « beau » afin de se vendre au mieux. Si la crise fait de nombreux dégâts, il n’en est rien pour Loewy, dont les affaires sont de plus en plus florissantes. Il touche à tous les domaines : le logo Shell c’est lui ; il dessine des cars aux lignes évocatrices pour Greyhound Lines ; des frigos ; des paquets de cigarettes… touche à tout, il était inévitable qu’il travaille également en automobile.
Le design Studebaker
Dès 1936, il signe différentes carrosseries pour Studebaker, constructeur américain dans l’ombre des trois grands. En 1947, il signe la Champion. Très moderne, celle-ci renvoie aux oubliettes les lignes des années 30. Exit les ailes imposantes et les marches pieds de l’époque d’Al Capone. Ici, les ailes sont intégrées, les lignes sont fluides et modernes. Ce modèle va influencer le design automobile durant des décennies et préfigure la fameuse ligne « ponton ». En version coupé, sa lunette arrière en quatre éléments fait instantanément penser à un avion. Viennent ensuite les Commander et l’Avanti, en 1961. Celle-ci sera le dernier modèle de la marque et sa production va se poursuivre, sous différents noms, jusqu’à la fin des années 80. Précurseur du design industriel, Loewy est également l’auteur de différents ouvrages et théories en la matière.
Coca-Cola
Au cours des années 30, Loewy conçoit différents objets pour la marque de boisson gazeuse. L’emblématique bouteille Coca Cola a une forme inspirée par la fève de cacao. Elle est l’œuvre d’Alexander Samuelson, citoyen suédois, souffleur de verre de son état. La marque voulait une forme de bouteille unique et… difficile à copier par ses nombreux concurrents ! Elle sort dès 1916. Très arrondie, elle possède deux parties, séparées par le logo de la marque, en relief dans le verre, souligné en blanc. Ce logo est dû à Frank Robinson, l’associé du créateur de la boisson, John Pemberton.
Elle est d’abord surnommée « hobble skirt », au cours des années 20, car elle fait penser à ces jupes et robes fourreau très longues et très étroites qui empêchent de marcher correctement. Au cours des années 30 et 40, elle est rebaptisée « Mae West », car… elle rappelle les formes sculpturales de cette actrice ! En 1954, Raymond Loewy se voit confier la tâche de moderniser la traditionnelle bouteille. Exercice périlleux s’il en est car il est indispensable de conserver la forme générale universellement connue. Qui plus est, elle contribue à une excellente prise en main par le consommateur ! Loewy va donc s’atteler à adoucir les formes et rendre les arrondis plus légers, tout en les maintenant et en rendant la ligne générale de la bouteille un rien plus droite. C’est toujours cette forme qui est en vigueur à l’heure actuelle et déclinée en de nombreux matériaux et formats.
De la bouteille à l’automobile…
Bien des années plus tard, à partir de 1968, Ford s’inspire de la fameuse bouteille pour différents designs automobiles. Aux Etats- Unis, il s’agit de la LTD mais aussi de sa cousine Mercury Montego. De l’autre côté de l’Atlantique, cette même année arrive une nouvelle Ford compacte sur le marché européen : l’Escort. Son design plaisant rappelle, à l’horizontale, la fameuse bouteille. En parallèle, l’intégration des filiales Britannique et Allemande se fait, au travers de la « TC » pour « Taunus » et « Cortina », de la troisième génération. Si plateforme et motorisations sont identiques, c’est du côté du design qu’il faut chercher les différences. La version britannique, la Cortina Mk3 reprend elle aussi la forme stylisée de la bouteille de Coca Cola !
Texte : Dimitri Urbain
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