On se méfie toujours des prévisions, pourtant les montants récemment évoqués par Ford témoignent des réalités de la transition énergétique que tous les constructeurs automobiles ont – plus ou moins – entamée. Depuis 2022, le constructeur américain ne divise plus ses comptes par continent, mais par type de produit: «Ford Blue» pour les voitures à moteur thermique, «Ford Pro» pour les camionnettes et utilitaires et «Model e» pour les VE. L'année dernière, les deux premiers ont réalisé un bénéfice de, respectivement, 6,3 et 2,9 milliards d'euros. Or, la division électrique a enregistré une perte de 1,9 milliard d'euros. Pour l'année à venir, l'ovale bleu s'attend à ce que la division électrique s’enfonce encore dans le rouge pour atteindre 2,7 milliards d'euros.
Le terme «perte» reste péjoratif, car on pourrait simplement parler d'un «investissement», une partie de ce montant étant destinée à la construction de nouvelles usines dans le pays d'origine. Ford a annoncé en février dernier la suppression de 3.800 emplois en Europe, principalement dans ses départements de développement en Allemagne. En effet, une partie de ce travail est actuellement repris par Volkswagen, comme en témoigne l'Explorer, qui vient d'être dévoilé et qui repose sur l'architecture MEB de son «concurrent» de Wolfsburg. À l'instar de Ford, Renault est également en train de scinder ses activités. Dans la foulée, la division EV de la marque française prendra son propre chemin financier sous le nom d'Ampère, avec éventuellement une introduction en bourse.
Les montants mentionnés par Ford paraissent alarmants mais font partie de l'ordre des choses dans le secteur automobile. Chaque nouveau produit est précédé d'un investissement de centaines de millions d'euros, qui peut atteindre jusqu'à 1 milliard. Comme dans toute autre industrie, un constructeur doit ensuite vendre un certain nombre d'unités pour atteindre le point de basculement. Cet investissement commence alors à être rentable. L'astuce consiste à répartir ces investissements de manière à ce que les produits existants génèrent des bénéfices de manière continue.
Le directeur financier de Ford, John Lawler, a indiqué dans une interview que les modèles électriques devraient atteindre une rentabilité de 8% d'ici à 2026. Il a qualifié la division EV de «start-up au sein de Ford», analogue à ce qu'était Tesla il y a une dizaine d'années. L’entreprise de Californie a accumulé les pertes pendant des années en développant de nouveaux produits alors qu'il n'y avait pas de modèles existants qui avaient déjà atteint le point de basculement et pouvaient générer un financement.
NE MANQUEZ RIEN DE l’ACTU AUTO!
Derniers modèles, tests, conseils, évènements exclusifs! C’est gratuit!