Éric Laforge est un homme du sérail, passé par FCA où il a occupé différentes fonctions depuis 1990, dont notamment les postes de CEO de FCA en Suisse et puis en Allemagne, avant de diriger plusieurs marchés pour MOPAR Parts & Services puis la division Fiat Professional. À l’heure où Jeep annonce que ses ventes seront uniquement électriques à partir de 2030, il est notamment chargé de faire prendre ce virage crucial à cette marque dont l’image est plutôt ancrée dans les gros 4x4 et les pick-up démesurés.
M. Laforge, est-ce qu’aujourd’hui, vous diriez que vous êtes un patron heureux?
Oui, complétement, et pour deux raisons essentiellement. Jeep est une marque qui a des valeurs qui m’interpellent: fun, passion, authentique… Or, je suis quelqu’un d’enthousiaste par nature et donc c’est une marque qui me parlait avant même que j’y arrive. J’ai aussi la chance d’arriver à un moment où la marque va connaître un développement important au niveau de ses produits et en particulier avec l’Avenger. J’arrive donc au bon moment sur une marque fantastique.
Mais d’un point de vue stratégique, c’est quand même un tour de force de faire changer la perception de l’image de la marque, plus vue comme celle qui produit de gros 4x4 «polluants», très typés US, V8… qu’une marque tournée vers de petites électriques, non?
Il faut faire changer cette perception, en effet, mais c’est le moment de le faire maintenant plutôt que d’attendre que la marque atteigne de gros volumes en Europe. Lancer l’Avenger en thermique aujourd’hui n’aurait pas permis de faire changer cette perception justement. Il fallait le faire avant de connaître cette croissance de volume que l’on va avoir maintenant avec l’Avenger. Le timing était bon pour le faire.
Du point de vue du consommateur, qu’est-ce qui pourrait faire pencher la balance pour l’Avenger plutôt que pour ses concurrents au sein du groupe, les Opel Mokka Electric et DS 3 e-Tense, par exemple?
Déjà, les «capabilities», c’est-à-dire les possibilités d’évoluer en tout-terrain grâce aux spécifications qu’on a apportées à l’Avenger. Pour une marque comme Jeep, c’est crucial. Quelqu’un qui veut utiliser son véhicule en tout-terrain penchera pour l’Avenger même s’il ne s’agit pas d’un vrai franchisseur comme le Wrangler par exemple. Ok, il reste un 2 roues motrices, certes, mais il est déjà capable de faire des choses incroyables. L’Avenger est la voiture du segment qui va le plus loin dans cette direction. Ensuite, il y a son côté compact qui le situe parmi les moins encombrantes du segment B, alors que les cousins de groupe sont plutôt en partie haute, question encombrement. Et enfin, il y a des clients qui veulent se différencier en se tournant vers une marque perçue comme un peu plus exotique.
Lisez aussi notre essai de la Jeep Avenger (2023)
Retrouvez l’intégralité de cette interview dans le Moniteur Automobile #1799. Éric Laforge y aborde également la position de Jeep au sein de Stellantis, du passage au tout électrique, du prix des voitures neuves et de la concurrence chinoise, entre autres.
NE MANQUEZ RIEN DE l’ACTU AUTO!
Derniers modèles, tests, conseils, évènements exclusifs! C’est gratuit!