Depuis une quinzaine d’années, il n’est pas une Ferrari qui soit lancée sans que Raffaelle de Simone n’ait au préalable passé de nombreuses heures à son volant afin d’en parfaire la mise au point. Entré dans le groupe Fiat en 2003 puis exclusivement dédié à Ferrari depuis 2005, Raffaele a été à bonne école puisqu’il a été formé par son prédécesseur Dario Benuzzi tout en bénéficiant des conseils du baron rouge, Michaël Schumacher. Aujourd’hui, celui qui a débuté par la compétition tout en poursuivant des études d’ingénieur porte la casquette de responsable en chef de l’équipe des pilotes de test et de développement du Cheval Câbré.
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Raffaele, tu passes tes journées à tester des Ferrari de route qui sont bien souvent plus puissantes que des voitures de course. Ce doit être bien agréable mais la compétition ne te manque-t-elle pas?
Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas en manque de challenges ! Mais c’est clair que ce qui me manque, c’est la compétition directe avec d’autres pilotes en piste. Se battre pour une position au sein d’un peloton de 40 furieux lancés à l’assaut du premier virage, c’est quelque chose d’unique! Par contre, le pilotage en compétition ne me manque pas car j’ai ici l’occasion de travailler sur les modèles Challenge ou ceux du programme XX. Et je suis fier de pouvoir faire partie de ces projets car c’est important pour moi de pouvoir ensuite insuffler cet esprit racing aux modèles de route.
Au fait, jusqu’où as-tu été dans ta carrière de pilote?
Pas très loin, en fait ! J’ai participé à plusieurs championnats européens en GT jusqu’à ce que Ferrari me demande de me concentrer exclusivement sur mon travail de développement ici à Maranello. Il y a énormément de très bons pilotes mais seuls certains sont capables de développer une voiture et donc Ferrari m’a rapidement demandé de réduire mon implication en compétition afin de créer une équipe avec de jeunes pilotes de test. Ceux-ci font désormais ma fierté et c’est primordial pour moi de pouvoir leur transmettre mes connaissances sur «comment faire une Ferrari». Parce que mon métier est d’abord de comprendre quels sont les éléments qui seront nécessaires pour faire en sorte que l’alchimie soit parfaite – et le mythe préservé.
Oui, et tu m’expliquais que parfois, tu prends une décision en termes de setup qui ne va pas forcément privilégier la performance sur un tour chrono mais favoriser l’agrément de conduite, n’est-ce pas ?
C’est exactement ça ! On a désormais une équipe de plusieurs pilotes de test mais on fait face à une réelle complexité pour chaque nouveau projet. Et c’est d’autant plus vrai qu’il y a tellement de nouveaux modèles différents qui sortent chaque année, avec des styles de conduite qui varient. Je ne peux plus me permettre de faire tous les essais donc, avec l’équipe, on a développé une méthodologie pour lier les éléments objectifs et subjectifs de ce qui constitue les sensations de conduite. On a recours au simulateur et à l’analyse des données pour ce faire. On essaie de trouver des critères objectifs qui détermineront ce que seront nos sensations aux premiers tours de roue d’un prototype. Bien entendu, c’est une boucle entre le test sur piste, le simulateur et l’usine. C’est un travail de longue haleine et qui nécessite une équipe pointue de pilotes qui comprennent parfaitement ce que signifie « être une Ferrari » !
Combien êtes-vous dans l’équipe?
Nous sommes 14 à nous relayer au simulateur ou sur circuit, pas nécessairement pour faire des tours rapides mais également vérifier au sein d’un environnement sûr des paramètres comme l’insonorisation au vent, l’efficacité des essuie-glaces à 250 km/h, etc. Mais toute la complexité de ce travail de développement doit toujours au final être transmise en quelque chose d’analogique. Quelque chose qui sera physiquement compréhensible pour le conducteur. Et qui soit direct et sincère. C’est particulièrement compliqué maintenant que les voitures sont si complexes, avec énormément de systèmes embarqués.
Et si tu devais choisir un modèle favori sur lequel tu as œuvré?
Je préfère les modèles qui m’ont donné du fil à retordre en termes de développement ! Par exemple, j’adore la Ferrari FF. Tout le monde n’a pas compris cette voiture mais pour moi, ça a été un projet très intéressant. C’est une voiture exceptionnelle - la première Ferrari à 4 roues motrices. Cet élément a nécessité un travail colossal afin d’arriver à maintenir l’esprit Ferrari en dépit d’une architecture basée sur une traction intégrale. En plus, j’adore le ski donc c’est la voiture parfaite pour une escapade enneigée !
Retrouvez l'essai complet de la Ferrari SF90 XX dans le Moniteur Automobile #1807 du 29 novembre 2023.
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