Industrie et économie / Les supercars moins polluantes en thermique ?

Les « petits » constructeurs qui produisent moins de 10.000 véhicules par an bénéficient de 6 années de plus avant de se mettre en conformité avec les directives européennes en matière d’émissions de CO2. Au lieu de 2029, elles auront jusqu’en 2035 pour le faire. Alors elles devront passer au 0 émission comme tout le monde. Une dérogation qui doit beaucoup au fait que leurs modèles roulent peu voire très peu. Un kilométrage réduit qui rend la compensation d’émissions de CO2 de variantes 100 % électriques plus compliquée à atteindre, ces dernières étant pénalisées par le bilan carbone de la production des batteries.

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Electric is not sexy

Pour des constructeurs tels qu’Aston Martin, Ferrari, Lamborghini ou McLaren, spécialisés dans les modèles à très hautes performances, le passage à l’électrique s’avère délicat pour trois raisons principales : les lourdes batteries nécessaires pour offrir un rapport performances-autonomie digne de ce nom sont non seulement contraire au principe de légèreté d’une supercar, mais elles « coûtent » très cher en CO2 lors de leur fabrication. Eu égard au faible kilométrage annuel de ce type de véhicules, l’avantage du « 0 émission » de roulage ne parviendrait pas à compenser le débours de la production sur ce plan par rapport à un modèle à moteur thermique. Enfin, les acheteurs de ces bolides restent profondément attachés à la musicalité de leur moteur qui amplifie le côté sexy des Ferrari, Lamborghini et consorts – même les McLaren, oui oui – et ne sont pas encore prêts à renoncer à cet aspect !

Les V8, V10 et autres V12 ont toujours la cote et ça compte au moment de signer le bon de commande. Pour autant, on remarquera que Ferrari et McLaren ont récemment sorti de nouveaux modèles hybrides rechargeables – la 296 GTB/GTS et l’Artura respectivement – qui sont mues par un V6 turbo hybride.

Non-sens environnemental

Si l’on se réfère aux déclarations de Philippe Houchois, analyste automobile mondial à la banque d'investissement Jefferies, le développement de supercars (ou hypercars) exclusivement électriques relève actuellement d’un non-sens total sur le plan environnemental si l’on tient compte du cycle de vie complet du véhicule. Certes, les voitures électriques n’émettent pas de CO2 en roulant (constat qui peut varier si l’on tient compte de la façon dont l’électricité pour charger les batteries est produite, ndlr) mais elles en sont grosses consommatrices pour leur production. Une voiture électrique au kilomètre 0 présente un bilan CO2 défavorable par rapport à son homologue « thermique ». Si ce bilan se rééquilibre puis s’inverse généralement au roulage, il nécessite un certain kilométrage rarement atteint par les modèles de luxe et/ou à très hautes performances.

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L’autorisation accordée par l’Europe pour l’utilisation d’e-fuels pourrait également contribuer à la survie prolongée des moteurs à combustion interne, d’autant plus qu’ils renforceraient cet avantage des Aston Martin, Ferrari etc. sur leur bilan carbone global ! Et si la protection de l’environnement sauvait la voiture de sport et la mécanique noble face au tout électrique ?