Industrie et économie / Diesel : Résultats de la réunion au sommet en Allemagne

Le monde automobile s’apparente ces derniers mois un peu à une « une » d’un magazine à sensation : scandales en tous genres, rebondissements, tromperies, alliances et on en passe. C’est en tous cas l’impression qui colle à la peau en observant les choses. Et aujourd’hui encore. Alors que la Belgique annonce une nouvelle fiscalité automobile au niveau fédéral par le gouvernement de Charles Michel (défavorable aux électriques et aux hybrides rechargeables de luxe) et que la Wallonie annonce vouloir bannir le Diesel d’ici à 2030, l’Allemagne réunissait aujourd’hui tous les acteurs du secteur automobile pour discuter de l’avenir du Diesel.

Rappel massif

À l’issue de la réunion, le ministre des Transports allemand, Alexander Dobrindt, a indiqué qu’un accord avait été trouvé et qu’il portait sur le rappel de 5,3 millions de voitures Diesel. Ce rappel se fera aux frais des constructeurs et il consistera à appliquer des correctifs pour réduire les émissions d’oxydes d’azote (les fameux NOx responsables des pluies acides et des problèmes respiratoires notamment) dans une fourchette allant de 25 à 30%, ce qui semble évidemment énorme. Il faut noter que, parmi les 5 millions d’unités à rappeler, 2,5 millions ont déjà été traités par le groupe Volkswagen suite au Dieselgate.

Des correctifs partout ?

Selon l’organisme Verband der Automobilindustrie (VDA), les groupes automobiles auraient tous accepté de procéder à ces changements. Ce qui signifie que BMW, Mercedes et les autres sont aussi concernés. Cette solution qui devrait permettre a priori d’éluder les interdictions totales de voitures Diesel notamment dans plusieurs villes allemandes comme Munich ou Stuttgart qui sont pourtant des bastions des constructeurs (respectivement de BMW et Mercedes). La partie est d’ailleurs très serrée car certains observateurs considèrent ces mises à jour comme un pansement sur une jambe de bois comme l’exprimait Greg Archer, de l'ONG Transport et Environnement. Pour lui, le rappel « est une mesure bienvenue, mais pas une solution à long terme à la pollution de l'air ».

L'enjeu : 800.000 emplois

Pour sa part, le ministre des Transports jugeait que « l'industrie automobile s'est mise dans une situation vraiment difficile » et qu’elle a « à présent une sacrée responsabilité à prendre pour regagner la confiance ». Cette responsabilité est évidemment d’autant plus pesante que l’industrie automobile pèse 800.000 emplois en Allemagne et qu’elle assure 20% des exportations. C’est dire son importance et la nécessité de la sauver. Le fait est que les constructeurs allemands ont massivement investi dans le Diesel propre ces dernières années afin de satisfaire aux critères CO2 imposés par l’Europe – un moteur Diesel émet moins de CO2 qu’un essence puisque ces émissions dépendent directement de la consommation. Revers de la médaille : ils émettent plus de particules et de NOx, a fortiori lorsqu’ils sont truqués... Bref, il se trouve que l’Allemagne est à la traîne dans la technologie électrique. L’industrie va donc devoir réagir sérieusement. Alexander Dorbrindt, le ministre des Transports a d’ailleurs imposé aux constructeurs qu’ils financent des primes destinées à encourager les automobilistes à changer leur véhicules Diesel, vieux de dix ans et plus, pour des modèles plus récents. Bref, nous n’en sommes donc qu’au premier épisode d’une nouvelle saga car, outre un soupçon d'organisation en cartel des constructeurs allemands, la ministre de l'Environnement, la social-démocrate Barbara Hendricks qui codirigeait ce sommet a déjà dit que cela ne suffirait pas...