Industrie et économie / Audi Brussels : quel avenir pour l’usine belge ?

Dire de l’Audi Q8 e-tron qu’il ne se vend pas bien relève de l’euphémisme. Qu’un grand SUV électrique de luxe ne rencontre pas le succès n’a rien de dramatique de prime abord si ce n’est que cet échec commercial (relatif) implique de fâcheuses répercussions sociales en Belgique. Face au ralentissement de la demande pour son porte-drapeau électrique, Audi a décidé de réduire la cadence de production du Q8 e-tron dans son usine de Forest (Bruxelles) avec pour conséquence la non-reconduction de 371 emplois sous contrat intérimaire dès le 8 avril 2024. Un fameux coup dur pour le site et pour l’emploi qui n’augure en rien des lendemains qui chantent.

Audi in Brussels – l’historique

Fondée en 1949 l’usine belge pourrait ne pas fêter ses 80 ans. Passée sous le contrôle du groupe Volkswagen en 1970, le site était attribué à Audi en 2007 et a notamment produit la première génération de l’Audi A1, de 2010 à 2018 avant d’être converti à la construction de véhicules électriques pour y assembler le premier modèle de série 100 % électrique de la marque aux quatre anneaux, l’Audi e-Tron. Une production exclusivement réalisée à Forest jusqu’à ce jour.

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Audi in Brussels a-t-il un avenir ?

La question, brutale, est posée et elle est justifiée. Assigné à la production exclusive du grand SUV électrique d’Audi, né e-Tron (Sportback) et devenu Q8 e-tron (Sportback) à l’occasion de son restylage fin 2022, le site de Forest doit faire face au marasme des ventes de son unique « produit ». En 2023, 53.555 unités sont sorties de la chaîne de production belge. Un volume qui n’a rien de mirobolant et qui va donc être revu à la baisse. De quoi inquiéter les syndicats et les salariés de l’usine qui employait 3033 personnes en 2023, sachant que la prochaine génération du Q8 e-tron ne sera plus produite en Belgique mais au Mexique à partir de 2027.

Au-delà de cette échéance, l’avenir de l’usine semble nettement plus flou puisque Audi assure vouloir conserver le site sans pour autant pouvoir préciser quel modèle y sera produit ou même s’il sera toujours assigné à la production de voitures neuves. Un temps évoqué, l’ajout de l’Audi Q4 (Sportback) e-tron en complément du Q8 e-tron a été retiré de l’équation en raison d’une demande trop faible qui contraint déjà l’usine de Zwickau à réduire sa cadence de production. Le nouvel Audi Q6 e-tron sera lui produit à Ingolstadt et il est peu probable que la nouvelle Audi A6 e-tron (berline et break) sorte de l’usine belge. Dès lors, trois options se dessinent :

• Très peu probable : une reconversion à la production de modèles à motorisations thermiques ou hybrides ;
• Envisageable : le transfert du site à une autre marque du groupe Volkswagen pour la production de modèles électriques ;
• Hypothétique : la reconversion de l’usine en un site de recyclage ou de production de batteries.

La quatrième option, potentiellement la plus probable, consiste donc en la fermeture pure et simple de l’usine Audi de Forest, avec les conséquences sur l’emploi que cela implique. Pour autant faut-il parler d’échec des décideurs politiques belges, d’une stratégie industrielle hasardeuse d’Audi ou simplement d’une fatalité liée au manque de succès commercial du Q8 e-tron en comparaison de ses concurrents directs ?