Formule 1 / Formule 1 – L’œil du Moniteur Automobile : Imola

Ce weekend avait lieu le premier grand-prix européen de la saison 2022 et il s’agissait également du premier des trois rendez-vous qui comprendront une course sprint qualificative. Placé sous le signe de conditions météo changeantes, le weekend d’Imola aura livré un verdict sans appel : il y a Red Bull et Ferrari puis les autres. Annoncés en favoris sur leurs terres, les pilotes Ferrari n’auront toutefois pas répondu aux attentes comme espéré par les tifosi qui n’avaient pas manqué le retour du public en bord de piste. Derrière les deux écuries de pointe, la bataille fut serrée entre les outsiders, avec des fortunes diverses et un Lewis Hamilton à la renverse, quand Russel et Norris ont démontré que la relève britannique était prête, derrière le doublé Verstappen-Pérez pour un carton plein de Red Bull Racing.

Résumé de la course Sprint

Particularité de ce Grand Prix d’Émilie-Romagne, il s’agissait du premier rendez-vous de la saison comportant une course sprint disputée le samedi. Qualifié en pole le vendredi après-midi devant le héros local, Charles Leclerc, Max Verstappen trébuchait au départ et voyait le leader du championnat lui brûler la politesse au premier freinage. Le Monégasque de la Scuderia Ferrari conservait les devants sur la quasi-entièreté de cette course courte, mais victime de graining (dégradation du pneu avec formation de petites billes de gomme sur le pneu qui diminuent l’adhérence) à l’avant, Leclerc devait céder les commandes du sprint à Verstappen, accrocheur, qui reprenait son dû et remportait la course, s’assurant un départ en première position pour le Grand Prix dominical. Derrière les deux protagonistes, Sergio Pérez assurait la troisième place devant Sainz, remonté de la dixième position sur la grille. Un quarté de tête qui démontrait la supériorité de Red Bull et Ferrari sur le reste du peloton, avec un léger avantage à la Red Bull et sa vitesse de pointe, sur ce tracé peu propice aux dépassements.

Derrière pointaient les deux McLaren, nettement plus en verve sur ce tracé nécessitant moins d’appui et un peu moins exigeant pour les freins. Norris et Ricciardo emmenaient un « midfield » compact et diversifié avec Alfa Romeo, Haas et Alpine reléguant les pilotes Mercedes hors du Top 10 avec Russel onzième et Hamilton quatorzième.

Résumé du grand prix

Si les plus de 65.000 tifosi agglutinés dans les tribunes espéraient une revanche de Ferrari et Charles Leclerc, ils furent déçus. Dès le départ, Red Bull signait l’opération parfaite avec Verstappen qui devançait son équipier Pérez au premier virage, tandis que Leclerc était même devancé par la McLaren de Norris. Las, leurs équipiers respectifs s’accrochaient juste derrière et ruinaient leurs espoirs, Carlos Sainz restant coincé dans le gravier tandis que Ricciardo se condamnait à une lancinante balade en queue de peloton. Si Leclerc parviendra a reprendre sa troisième place, il ne sera jamais en mesure d’inquiéter les Red Bull à la régulière, la RB18 étant bien trop rapide en ligne droite pour laisser la moindre chance à la F1-75 flanquée du #16.

Pire, en essayant de mettre la pression sur Pérez pour la deuxième place, le pilote Ferrari partait à la faute à quelques tours de la fin et, chanceux, pouvait repartir pour finalement croiser le drapeau à damier au sixième rang, derrière Valtteri Bottas cinquième qui aura tenté de déloger un héroïque George Russel de sa quatrième position finale. Surtout, les déboires de Leclerc permettaient à Lando Norris de décrocher son premier podium de la saison, confirmant le regain de forme des McLaren.

Ce retour en Europe sonnait le retour aux affaires de Sebastian Vettel, le pilote Aston Martin s’étant montré nettement plus à son affaire sur le tracé d’Imola, au point de toujours se placer en ordre utile pour marquer les points de la huitième place finale, derrière l’Alpha Tauri de Tsunoda mais devant la Haas de Magnussen et la seconde AMR22 de Stroll.

Résultats de GP d’Australie

1. Max VERSTAPPEN (Red Bull)
2. Sergio PEREZ (Red Bull)
3. Lando NORRIS (McLaren)
4. George RUSSEL (Mercedes)
5. Valtteri BOTTAS (Alfa Romeo)
6. Charles LECLERC (Ferrari)
7. Yuki TSUNODA (Alpha Tauri)
8. Sebastian VETTEL (Aston Martin)
9. Kevin MAGNUSSEN (Haas)
10. Lance STROLL (Aston Martin)

Classement du championnat du monde Pilotes

1. Charles LECLERC – 86 points
2. Max VERSTAPPEN – 59 points
3. Sergio PEREZ – 54 points
4. George RUSSEL – 49 points
5. Carlos SAINZ – 38 points
6. Lando NORRIS – 35 points

Classement du championnat du monde Constructeurs

1. Ferrari – 124 points
2. Red Bull – 113 points
3. Mercedes – 77 points
4. McLaren – 46 points
5. Alfa Romeo – 25 points
6. Alpine – 22 points

Tops

Après 3 abandons en 6 départs, Red Bull a remis de l’ordre dans ses rangs et semble avoir trouvé une solution à ses problèmes de fiabilité. De quoi permettre à Max Verstappen et Sergio Pérez de profiter au mieux d’une RB18 redoutable, tant en qualifications qu’en course, grâce à plusieurs évolutions aérodynamique au niveau du plancher, entre autres. L’écurie autrichienne démontre sa traditionnelle capacité à développer sa monoplace, mais pourra-t-elle tenir ce rythme d’évolution avec le budget plafonné ? Une question que ne se pose pas Max Verstappen. Le Néerlandais a géré son weekend en champion du Monde, avec sérénité et talent, pour rappeler à son rival de Ferrari que ce n’est pas un hasard si sa monoplace arbore le #1 sur sa carrosserie. Max is back in the game.

Bien que tous les problèmes soient encore loin d’être réglés, les McLaren ont retrouvé une belle compétitivité avec un tir groupé de Lando Norris et Daniel Ricciardo en qualifications et durant la course sprint. Il en aurait sûrement été de même lors du Grand Prix si l’Australien n’avait été impliqué dans l’accrochage du premier virage. Mais sur des tracés favorables, McLaren répond présent, sur la piste et dans les stands.

Mention « beaucoup mieux » pour Aston Martin qui place ses deux AMR22 dans les points et débloque son compteur en 2022. Certes, les conditions météo pluvieuses et changeantes et les températures basses ont bien aidé les monoplaces vertes, mais voilà qui devrait remonter un peu le moral des troupes sur fond de rumeurs d’une revente de l’écurie à Audi…

Mention très bien à George Russel et Valtteri Bottas. Le nouvel équipier et l’ex-acolyte de Lewis Hamilton ont démontré leur vraie valeur, à nouveau et pour des raisons différentes. De quoi remettre en perspective les « performances » de Lewis Hamilton ?

Flops

Lewis Hamilton est le plus titré des pilotes actuellement en lice et le détenteur de (presque) tous les records en Formule 1, mais le Britannique n’en reste pas moins un homme dont les résultats dépendent en grande partie de la monture qu’il a entre les mains et de l’efficacité de son équipe. ET force est de constater que la W13 est encore loin du compte. Si elle peut faire illusion quand elle roule dans l’air « propre », comme la démontré Russel, elle est tout bonnement incapable d’offrir ce petit supplément d’efficacité ou de vitesse de pointe nécessaire pour permettre à son pilote de dépasser, du moins sur piste sèche, comme l’a constaté Hamilton, coincé presque toute la course derrière Gasly sans pouvoir effacer le Français. Et si en plus, les mécanos s’emmêlent les pinceaux lors des arrêts au stand… Si Mercedes a redécouvert la compétition en 2021, elle doit réapprendre l’adversité en 2022.

Carlos Sainz est un excellent pilote et Ferrari ne l’a pas resigné pour 2 ans par hasard, mais l’Espagnol va devoir se ressaisir. Certes son abandon au premier virage dimanche n’est pas de son fait, il a été malchanceux. Mais l’équipier de Leclerc va devoir se ressaisir. À la faute en Australie, il s’est à nouveau illustré négativement en qualifications, avant de se ressaisir durant la course sprint, avec une monoplace supérieur à ses adversaires directs. Mais c’est dans la lutte aux avant-postes que Sainz va devoir progresser. Un contexte nouveau pour lui certes, avec des opportunités inédites, mais également une pression immense, amplifiée par le blason Ferrari sur sa combinaison… a-t-il les épaules assez solides ?

Le tracé d’Imola a une haute valeur historique. C’est un circuit plaisant, à l’ancienne, avec peu de dégagements et des bacs à gravier qui ne laisse pas la place à l’approximation. Mais c’est aussi un tracé qui ne permet pratiquement aucun dépassement en dehors de la ligne droite de départ… avec le DRS. Et ce malgré une nouvelle génération de monoplaces « à effet de sol » qui favorisent le « combat rapproché ». à l’heure où l’avenir des rendez-vous de Belgique, France ou Monaco sont remis en question, est-il nécessaire d’avoir deux grand prix en Italie si c’est pour s’infliger une quasi procession en Émilie-Romagne ?

Le coup d'oeil - Black is the new light

Détail amusant, la majeure partie des monoplaces 2022 sont trop lourdes et dépassent le poids minimum autorisé. Afin de gagner quelques centaines de grammes, voire 1 ou 2 kg, les écuries reviennent au... noir de crabone. Quand on sait qu'une peinture intégrale représente entre 5 et 6 kg, laisser la carrosserie "brute de carbone" n'est donc pas qu'une histoire de look, mais avant tout de performance...