C’est presque une évidence de le rappeler, mais le métier de journaliste automobile est avant tout un métier de terrain. Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs ? Jusqu’à présent, et hormis pour quelques charlatans, essayer une voiture ne se faisait pas dans son salon. Qu’il s’agisse de la présentation internationale de nouveaux modèles ou des essais routiers dans nos contrées, en passant par les séances de shooting photos et les mesures sur notre piste d’essai, nos journalistes essayeurs sont donc par définition sur la route. Depuis quelques jours et l’émergence progressive dans les JT d’informations concernant un petit virus virulent, à la rédaction, on sentait le vent tourner.
Les unes après les autres, les marques annulaient les présentations de presse prévues. Au cours des derniers jours et dans un avenir proche, nous aurions dû ainsi aller essayer, en vrac, les nouvelles Audi A3, Seat León, Ford Kuga, Škoda Octavia, Land Rover Defender et autres Aston Martin DBX. Et vous en faire le compte rendu à travers autant de premiers essais dans le Moniteur Automobile. La source s’est tarie, asséchée même. Dans le même temps, les quartiers généraux des marques implantées en Belgique fermaient les uns après les autres, nous demandant de rentrer dare-dare les voitures que nous avions à l’essai. Ce qui apparaissait bien compréhensible, du reste. Certaines nous ont dit de les garder jusqu’à nouvel ordre, sachant que, de toute façon, nous ne pourrions nous déplacer pour cause de lockdown.
À la rédaction, on avait un peu anticipé ce confinement. Comme prises d’une intuition, toutes les équipes se sont mobilisées pour boucler avec une avance de 24 heures le numéro qui devait sortir le 25 mars. Avec 24 heures d’avance, tout était donc chez l’imprimeur, même si à ce moment-là, on ne savait pas encore si celui-ci imprimerait et si les AMP nous distribueraient en librairies. Nous avons forcé le destin en nous disant que nous aurons fait le maximum pour que ce numéro puisse sortir à temps et heure. Alea jacta est. Et puis, bonne nouvelle : notre imprimeur nous a fait savoir qu’il travaillait encore (mais jusqu’à quand ?) et les AMP ont réussi à assurer notre distribution avant que la situation n’empire. Bravo. Et merci à eux. Ce numéro, il sort aujourd’hui et il sera de fait déjà un collector. Ne serait-ce que parce qu’il concerne un sujet… qui n’a pas eu lieu : le salon de Genève ! Néanmoins, nous avons voulu y consacrer un dossier avec les nouveautés qu’on aurait dû y découvrir. Ce bouclage historique, c’était mardi 17 mars en fin de journée.
Depuis, les équipes ont quitté les lieux de notre rédaction de Forest; c’est télétravail… sans pouvoir essayer de voitures. C’est pourquoi nous avons pris la décision de ne pas réaliser le numéro qui était normalement prévu pour le 8 avril. Pas tant par manque de contenu, car nous avons quelques réserves, que par souci de la santé de nos collaborateurs, internes et externes, calfeutrés, sachant aussi qu’on risquait d’avoir peu de monde en librairie. C’est de la popote interne, me direz-vous. Oui, sans doute. Pourtant, et c’est le sens de ce message, ces circonstances inédites ont mis en exergue la passion de tous chez nous, l’implication, l’attachement indéfectible au titre, le sens des responsabilités et celui de l’improvisation, l’esprit d’équipe et la solidarité. Certes, aujourd’hui, les bureaux sont vides. Mais qu’est-ce qu’ils ont grouillé d’activité avant ce lockdown: une vraie ruche alors qu’on ne savait même pas si ce travail collectif servirait finalement à quelque chose! Tout le monde s’est dit «tant pis, on y va, on verra bien». Tous sont restés jusqu’au bout. Et on a vu. Certes, ce petit effort collectif microscopique au service de notre passion n’est rien au regard des enjeux de santé publique qui défilent pour l’instant sous nos yeux, dans notre quotidien, dans nos relations familiales et sociales.
Par rapport aux médecins, urgentistes, chirurgiens, intensivistes, infirmiers, aide-soignants, personnels hospitaliers divers, par rapport aussi à tous ceux qui sont en première ligne et qui luttent, à ces personnels de grandes surfaces aussi, à ces chauffeurs routiers, à ces logisticiens qui font que nous continuons à être ravitaillés, qui sommes-nous ? Un maillon qui se calfeutre ! Pas très glorieux. Mais ne devrait-il y avoir qu’un point commun, il serait celui de la solidarité. C’est dans les moments difficiles que l’âme humaine se dévoile, que les personnalités se révèlent. Et dans les déboires très relatifs que nous connaissons, nous, dans notre sphère d’activité, on n’a vu que des belles personnalités. Pour ma part, c’est la leçon que je retiendrai de cette parenthèse dans notre vie, que l’on espère néanmoins la plus courte possible. Alors, chers lecteurs, si tout va bien, on se retrouve le 22 avril pour de nouvelles aventures. Et entre-temps, sur notre site et nos réseaux sociaux. Portez-vous bien, soyez prudents et restez à la maison ! Merci de votre fidélité.
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