L’autre soir, sur une radio francophone, un spot publicitaire vante les mérites de l’air pur anversois; un médecin y prescrit une thérapie d’air sain à son patient en lui préconisant un petit séjour dans le charmant chef-lieu de la province éponyme. Cela, bien sûr, depuis que la ville a mis en place une zone basses émissions, restreignant l’accès à certains véhicules considérés comme polluants. L’air du centre-ville serait ainsi subitement devenu aussi respirable qu’au plus profond de la forêt amazonienne ou au sommet de l’Himalaya. C’est génial ! Comment n’y a-t-on pas pensé plus tôt ? On bannit des voitures de quelques rues, et hop, le tour est joué, il suffisait d’y penser. Ce que ce spot ne dit pas, en revanche, c’est que ces mêmes autorités communales, via l’Antwerp Port Authority, ont injecté 1,5 milliards d’euros dans le développement des infrastructures portuaires de leur ville (source: Les Echos du 16 décembre 2015) pour amener très rapidement à 200.000.000 le tonnage de marchandises transportées par an, ce volume étant en passe d’être doublé en 20 ans (source: Rapport annuel d’activité Port of Antwerp – 2015)! Aujourd’hui, ce but est quasi atteint, faisant d’Anvers le 2e plus gros port d’Europe et le 11e au niveau mondial. 10 millions de conteneurs y sont ainsi transbordés annuellement. Or ces bateaux utilisent comme carburant du fioul lourd, extrêmement polluant, générateur de particules toxiques. À ce sujet, l’ONG Transports et Environnement indique qu’en 2000, le transport maritime a émis 2,3 millions de tonnes de SO2, 3,3 millions de tonnes de NOx et 250.000 tonnes de particules rien que dans les mers bordant l’Europe, causant la mort de 50.000 personnes et induisant un coût de 58 milliards d’euros. Elle prévoyait de surcroît une augmentation de ces rejets de 40 à 50% d’ici à 2020. Et enfonçait le clou en démontrant que la pollution de l’air par le transport maritime était en croissance constante alors qu’elle était en diminution continuelle pour les sources terrestres. En l’occurrence, il serait donc peut-être bon de rappeler aux autorités communales d’Anvers que la zone basse émission dont elles sont si fières se situe à seulement quelques kilomètres de cette zone infiniment plus polluante et dangereuse dont elles ne parlent jamais ! Et pour cause : on toucherait là au cœur de l’économie d’une Flandre florissante. Du coup, la zone «basses émissions» interdite à certaines voitures dans le centre-ville est-elle donc sous globe ? Le port bénéficie-t-il d’un microclimat ou de vents dominants qui repousseraient ce nuage toxique vers le large plutôt que vers les quelques rues où l’on vient chicaner le quidam dont la voiture émet 2 grammes de trop de CO2 ? Admettons qu’on peut légitimement en douter. Bref, si je voulais respirer de l’air pur, ce n’est certainement pas à Anvers que je me rendrais (ni sans doute à Marseille, Le Havre ou Dunkerque). N’en déplaise à mon médecin…
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