Face à une évolution de la voiture électrique dont les parts de marché continuent de croître, mais pas au rythme attendu, de nombreux constructeurs, hier convaincus de la première heure, commencent à faire marche arrière. Non pas qu’ils arrêtent le développement de leur gamme électrique – car ce serait suicidaire – mais ils reviennent sur leurs déclarations antérieures. Nombre d’entre eux claironnaient en effet, il n’y a pas si longtemps, que 100% de leur gamme serait électrique (ou à tout le moins électrifiée) à l’échéance 2028, 2030, voire 2035, comme l’exige d’ailleurs l’Union européenne. Les certitudes d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui. Car face à cette demande qui fait du rase-motte (Fiat vient par exemple d’annoncer à ce sujet qu’il ralentissait les cadences de production de sa 500e, faute de demande), ils se disent que finalement, le thermique reste pertinent. Et que donc, ils ne vont pas l’abandonner aussi rapidement. Ford, Volkswagen, Volvo…: les exemples se multiplient. Le problème, c’est que la conversion des sites d’assemblage avait débuté. À commencer par celui d’Audi Brussels, engloutissant des milliards d’euros alors que dans le même temps, la demande étant moindre que prévu, le retour sur investissements n’est pas du niveau attendu. Si, au casino, je mise toujours sur la même case à la roulette et qu’elle ne sort jamais, je finirai à «coût» sûr ruiné. Or, c’est l’UE qui leur impose de jouer cette case unique. Et comme elle ne sort que trop timidement, nos constructeurs automobiles occidentaux, dont la stabilité financière est ébranlée par des surcapacités de production, prennent des mesures drastiques. «Surproduction? Je ferme une usine, voire plusieurs s’il le faut.» C’est, là encore, Audi Brussels.
Les instances européennes auraient voulu piéger un secteur économique qui emploie plus de 13 millions de personnes, elles ne s’y seraient pas prises autrement.
Mais c’est aussi l’une ou l'autre usine du groupe Volkswagen en Allemagne. C’est dire l’étendue du problème, sachant que cette décision historique casse de facto un accord qui date de 1994 entre la direction du groupe et les syndicats allemands, prévoyant le maintien de l’emploi en Allemagne jusqu’en 2029! Mais cette marche arrière et le retour du thermique fait planer une autre menace au-dessus de la tête de nos constructeurs: ce faisant, les marques risquent en effet de ne plus pouvoir respecter les émissions moyennes de CO2 que leur impose, là encore, l’UE: actuellement de 116 g/km, cette moyenne baissera à 94 g/km en 2025 et à 50 g/km en 2030. Pour atteindre, rappelons-le, 0 g/km en 2035. Des objectifs impossibles à atteindre sans une électrification de grande ampleur. Avec à la clé, des risques de sanctions financières qui se chiffrent centaines de millions d’euros. Résumons: si je fais des électriques comme on me l’ordonne, je suis pénalisé parce que trop peu de monde en veut actuellement et que ça me coute une fortune. Si je continue à faire du thermique, je suis pénalisé par les amendes potentielles qui me coûteront une fortune. Que faire? Les instances européennes auraient voulu piéger, voire détruire, un secteur économique qui emploie plus de 13 millions de personnes au sein de l’union (soit près de 7% de l’emploi total européen – source ACEA), elles ne s’y seraient pas prises autrement. Et pendant ce temps-là, à quoi assiste-t-on? Le Chinois BYD construit des usines en Hongrie et bientôt en Turquie et Geely est en phase de repérage pour établir un site d’assemblage en Europe, pour contourner les barrières douanières mises en place par… l’Europe.
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