Robert Opron, Michel Boué, Gaston Juchet, Franco Martinengo avaient-ils conscience que leur génie créatif serait remis au gout du jour et exhumé des cartons un demi-siècle plus tard? Si ces noms ne vous disent rien, ils sont pourtant ceux des designers de, respectivement, la Citroën SM, la Renault 5, la paire Renault 15/17 et de la Peugeot 504 Coupé. Dans les années 70, faites d’exubérance, d’outrance, baignées dans une forme d’utopie, le design – pas uniquement automobile – constituait une forme d’échappatoire, un catalyseur en forme de feu d’artifice teinté de couleurs éclatantes, voyantes, criardes. Comme un cri d’alarme inconscient et joyeux face à ce que l’on pressentait sans oser se l’avouer; la fin des trente glorieuses. La guerre du Kippour, la crise pétrolière faisaient sentir leurs premiers effets, mais on s’en foutait. On jouissait de l’instant présent sous les airs d’un disco naissant. Nées d’un coup de génie et d’un coup de crayon rapidement griffonné sur un bout de papier, ces icônes qui n’avaient pas encore, et pour cause, conscience de leur statut futur, allaient marquer l’histoire. Avant de tomber dans l’oubli des dirigeants de leurs marques. Mais pas dans celui des amateurs de beau. Si la mode, c’est ce qui se démode, il ne faut pas oublier que l’Histoire est un éternel recommencement. Cinquante ans plus tard, en pleine vague rétrofuturiste née il y a… 27 ans par le revival de la Volkswagen Beetle, suivi de celui de la Mini et de la Fiat 500, il semble que ces années d’insouciance et d’exubérance soient remises au gout du jour. Du moins si l’on observe la trajectoire du design de certains constructeurs, dont Renault essentiellement. Lequel mise en effet beaucoup sur une projection des célèbres R5, R4 et Twingo dans l’ère électrique, comme vous le lirez plus loin dans ce numéro. Appelées à entrer en production, respectivement en 2024, 2025 et 2026.
L’avenir nous dira quelle stratégie aura été la plus déterminante dans l’optique d’organiser la contre-attaque.
À l’inverse, chez Stellantis, les projets de nouvelle Citroën SM («SM Tribute by DS», montrée en septembre dernier) et de nouvelle Peugeot 504 Coupé (« Peugeot e-Legend» de 2018) vont rester lettre morte. Comme, selon toute vraisemblance, le concept Hypersquare, exposé au dernier salon de Paris et qui n’a aucun lien, même ténu avec le passé. Il est vrai que l’actuel patron du groupe Renault, Luca de Meo, apprécie visiblement cette manière de faire, qui consiste à aller chercher dans le passé ses sources d’inspiration. N’est-ce en effet pas lui qui était à la base de l’idée de la relance d’une Fiat 500 des temps modernes? Or sans ces icônes d’hier, où ses designers seraient-ils du coup allé chercher leur créativité pour demain? À en croire les réactions, il semble en tout cas que R4, R5 et Twingo électriques déclenchent un véritable engouement auprès du public, un réel capital sympathie. D’autant qu’elles sont assemblées essentiellement en France, voire en Europe, ce qui doit permettre de contrer les Chinois avec des produits européens, qui ont une âme, un passé, une histoire. Renault renforce ainsi ses barricades face à l'envahisseur chinois. Quand Stellantis préfère jouer la carte du cheval de Troie en intégrant dans son portfolio une marque chinoise, Leapmotor, qui n’excite visiblement personne. L’avenir nous dira quelle stratégie aura été la plus déterminante dans l’optique d’organiser la contre-attaque.
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