Edito / Win for Life

Ah, la Belgique et son réseau (auto)routier. Montré en exemple dans les années 60 et 70, notamment parce qu’il était… éclairé, ce réseau suscite aujourd’hui au mieux la moquerie, au pire la colère. Une colère à relents de scandale parce que, comme vous le lirez dans le dossier que nous consacrons à 40 ans de délabrement, cette situation lamentable n’est en rien une fatalité. Sous-investissement chronique, éparpillement des responsabilités, incompétences à divers échelons, roublardise des uns et aveuglement des autres, etc. ont abouti à la situation que l’on connaît aujourd’hui: un réseau qui part en lambeaux, réparé dans l’urgence, sans moyens et sans vrais contrôles. Il y a quelques années, lors d’une interview, Benoît Lutgen, alors ministre wallon compétent en la matière, l’avait juré: plus jamais de rustines sur les routes! Aujourd’hui, on voit bien ce qu’il en est. Ornières, nids de poule parfois tellement dangereux qu’ils doivent être annoncés lors des messages info-trafic, glissières rouillées, voire dangereusement dirigées dans le sens contraire à la circulation, végétation masquant les panneaux routiers, marquages au sol farfelus ou effacés, signalisation des chantiers alambiquée... Et quand ces réfections sont effectuées, elles ne tiennent généralement pas plus de 2 ou 3 ans avant que réapparaissent fissures et détériorations de la couche de surface. Bilan exagérément noir? Non. D’une source sûre, j’ai ainsi appris qu’il était courant que des entreprises chargées des réfections routières recyclent et stockent de l’asphalte gratté lors d’une réfection pour le mélanger à de l’asphalte neuf lors d’une nouvelle réparation. Pratique courante, légale ou… pas? À ce jour, je n’en sais rien. Mais pratique sujette à investigation. Ce même contact, auprès de qui je m’étonnais qu’un joint liquide ait dû être coulé entre deux bandes de circulation nouvellement refaites sur l’autoroute, m’a avoué qu’ils avaient  en effet connu «un petit problème technique» pendant les travaux. Petit problème qui n’a jamais été corrigé. Et comme de fait, peu de temps après, ce joint sautait, laissant s’infiltrer l’eau pour lentement dégrader la réfection. Ce «petit problème technique» n’a-t-il pas été détecté par les autorités politiques de contrôle ou celles-ci ont-elles fermé les yeux? Là encore, mystère. On nous dit que la situation s’améliore et que les chantiers n’ont jamais été aussi nombreux. Mais si chaque chantier doit être recommencé tous les 5 ans, il s’agit d’une fameuse rente à vie pour certains.
Un Win for Life, en somme… 

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