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Edito / «Tous ensemble», vraiment?

Rédigé par Xavier Daffe le 08-06-2016

En s’arc-boutant sur des acquis individuels, ces actions font fi de l’intérêt collectif…

Soyons clair d’emblée: notre propos n’est pas de remettre en cause la pertinence du combat syndical, auquel on doit certaines – vraies – avancées sociales et historiques. Là où ça commence à coincer, c’est quand ce combat syndical affiche un prosélytisme qui recourt à l’intimidation, voire à la menace ou la prise en otage de ceux et celles qui ne partagent pas sa vision immédiate. C’est particulièrement le cas quand ce combat d’une minorité de travailleurs concerne la préservation de privilèges acquis au moment où les vaches étaient encore grasses et le monde politique assez couillon pour pratiquer la stratégie du «après moi les mouches». Ainsi, qu’un petit nombre de travailleurs paralysent l’entièreté du pays parce que leur direction envisage de remettre partiellement en cause le droit à des heures (et des jours) de récupération même pour des journées non prestées (!) et de supprimer un jour de récupération après 18 jours d’absence (!), on croit rêver. C’est de la popote interne qui n’a rien à voir avec la défense de la qualité du service public ou la sécurité des usagers du rail, comme certains «leaders» tentent de nous faire croire.  Les grèves qui se sont récemment déclenchées spontanément et de manière sauvage sans prendre un seul instant en compte les conséquences pour l’immense majorité de la population vont à l’encontre des notions mêmes de solidarité pourtant mises en avant par les organisations syndicales, par exemple sur leur site Internet. Sur la page d’accueil de l’un deux, on peut ainsi lire qu’il «lutte pour une société solidaire dans laquelle chacun peut participer au partage de la richesse produite». Où est la solidarité quand on bloque un pays et son économie pour une question portant sur un jour de récupération? Et quand le pays est à l’arrêt, quelle richesse peut-il produire, et que redistribuer dès lors? Or, la mobilité est le socle indispensable à une économie performante, seule génératrice de richesses à partager. Du coup, en s’arc-boutant sur des acquis individuels, ces actions font fi de l’intérêt collectif et vont même à l’encontre du combat syndical tel qu’il était mené historiquement par les pères fondateurs du mouvement. Sans pouvoir être taxée de rouge, de bleu, d’orange ou de vert, cette réflexion mène au constat que ce pays a besoin de réformes. Economiques, sociales, politiques. Mais peut-être avant tout de réformes des mentalités.

Rédacteur en Chef Le Moniteur Automobile

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