Notre précédent éditorial a provoqué de nombreuses réactions. Commentaires pour ou contre, expériences et ressentis personnels, compléments d’information, bref: un débat animé. De tout cela est ressorti un élément que nous souhaitons ici mettre sur la table, au risque de nous mettre à dos le secteur du transport: nombre d’entre vous s’interrogent plus particulièrement sur la sécurité des camions, et plus particulièrement sur les obligations les concernant (ou pas) en matière de technologies de sécurité. Ces dernières semaines, de nouveaux accidents les impliquant ont fait les gros titres, causant d’interminables embouteillages dans le meilleur des cas, mais surtout de nouvelles victimes.
Il va de soi que, techniquement, pratiquement tous les dispositifs existants dans le secteur des voitures pour particuliers pourraient être adaptés sans difficulté (mais moyennant certaines spécificités) à tous les grands fourgons et/ou poids lourds circulant sur les routes. Encore récemment, l’Union européenne a d’ailleurs répertorié une série de dispositifs qui, à terme, devraient équiper les nouveaux camions, qu’il s’agisse du freinage automatique d’urgence, d’assistants de maintien de voie ou de détecteurs d’usagers faibles présents dans l’environnement immédiat des gros bahuts.
Et c’est mathématique: plus de tels éléments équiperont les camions, plus ils sauveront des vies en évitant des collisions et camions renversés en cas de ralentissement soudain, d’endormissement, de distraction… comme dans le secteur automobile.
Bien sûr, on sait que l’inertie décisionnelle des hautes instances européennes imposera un certain laps de temps avant que la plupart des camions en soient équipés, mais au-delà de l’obligation pure, le problème se situe ailleurs: outre que les constructeurs de camions ne devraient pas attendre que l'Europe impose de telles mesures de sécurité – puisque la plupart de ces technologies sont disponibles depuis plusieurs années dans les gammes des constructeurs –, c’est au moment de commander leurs camions que les transporteurs ne payeraient pas volontiers le coût supplémentaire imposé par ces options, simplement parce qu’un tel investissement les déforcerait, inévitablement, face à une concurrence qui n’en a cure.
Ce qui nous amène au cœur du problème: la concurrence entre les transporteurs de toute l’Europe est à ce point aiguisée qu’il est tout simplement exclu, pour certaines sociétés, de se permettre de tels investissements. Cela va même plus loin: en cas de défaillance d’un dispositif équipant un camion, il sera souvent procédé très tardivement à sa réparation… voire jamais. S’il est très facile d’imposer toutes sortes d’obligations dans l’ensemble de l’Union, c’est peine perdue si l’on n’a pas suffisamment de moyens et de personnel pour surveiller l’application de ces réglementations.
Terminons en prenant aussi notre part de responsabilité: le coût du transport étant devenu ridicule – il nous est même régulièrement offert par quantité de sites commerciaux –, nous recourons aux services des transporteurs comme jamais auparavant, alimentant de la sorte la guerre commerciale au sein du secteur, les contraignant, en quelque sorte, à faire l’impasse sur certains coûts pour rester compétitifs et rentables. Espérons que les récentes élections changent rapidement la donne. Hum!
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