Edito / L’automobiliste belge: euro-privilégié?

On le sait: globalement, la Belgique a plutôt bonne presse européenne, en tout cas pour ce qui concerne notre bonne humeur, nos saveurs houblonnées, nos gourmandises sucrées et notre cadre fiscal. Or, là où, depuis «quelque temps», et de plus en plus, le Belge remporte moins l’unanimité, c’est sur la route. Des études (belges notamment) démontrent que nous serions devenus de grands spécialistes européens des attitudes les plus agaçantes et dangereuses au volant: vitesse excessive, non-usage des indicateurs de direction, dépassement par la droite (et par conséquent, des centristes entêtés), conduite trop rapprochée et franchissement du rouge… et puis parfois un peu trop de rouge à table avant de reprendre le volant. Pour ces raisons, de plus en plus de touristes se déclarent peu motivés à l’idée de circuler dans notre petit pays, d’autant que nos routes en piteux état n’ont rien du fameux plat pays…

Pour quelques éminents confrères français et italiens dégainant vite sur le sujet, aucun mystère à cela: nous serions une espèce d’euro-privilégiés déresponsabilisés par le laxisme de nos autorités. Des exemples? Pour nous, le permis à points n’est encore qu’une Arlésienne, contrairement à l’immense majorité des autres pays de l’Union, où il s’applique depuis belle lurette. Si cette solution, certes infantilisante, ne résout pas tout, elle aurait un impact considérable sur la baisse de la mortalité routière... Ensuite, un retard en investissement répressif,  radars tronçons encore quasi inexistants et, plus globalement, peu de flashes en Wallonie (tant mieux), ce dont pas mal de nos voisins se plaignent moins, tant la partie sud de notre pays serait encore considérée comme une zone de délassement pour les moteurs gonflés… Enfin, le taux de voitures de société en circulation chez nous favoriserait des comportements désinvoltes: en ne payant ni carburant ni consommables dans une voiture de standing normalement inaccessible, une part des bénéficiaires développeraient un certain complexe de supériorité. Alors, finalement, on n’est pas si mal en Belgique, n’est-ce pas? Plus sérieusement, reconnaissons que c’est souvent par des silences complices que nous répondons aux constats étrangers… 

Si vous vous sentez concerné, attention tout de même: depuis le 1^er mai, le tarif des amendes a grosso modo augmenté de 5% et la Flandre vient d’annoncer l’installation d’une trentaine de radars tronçons d’ici à la fin de l’année. Et à quelques semaines des premiers chassés-croisés estivaux, ou d’un déplacement dans la Sarthe à l’occasion des 24 Heures, pensez-y, le Belge étant l’une des bêtes noires de la maréchaussée hexagonale. Et puis, il en va aussi de notre réputation. Alors montrons l’exemple: pas de permis à points, mais un point d’honneur à rouler «responsable».