Vous connaissez le coucou et sa stratégie qui consiste à pondre dans le nid d’autres espèces et à semer la terreur parmi les récalcitrants? Sous ses airs bonhommes, le coucou est redoutable. À Francfort, jusqu’il y a peu la Mecque des salons de l’automobile mondiaux et qui vient de fermer ses portes au public, cette stratégie a été appliquée en plein par des coucous venus de Chine. Que n’a-t-on pas lu ci et là qu’il s’agissait d’un salon devenu morose, triste, peu attrayant du fait essentiellement de l’absence d’une bonne vingtaine de marques occidentales, qui ont laissé autant de nids vides dans les allées de l’IAA? On a même parlé de la fin d’une époque et les éditos larmoyants ont fusé un peu partout pour fustiger cette situation. Une situation bien réelle, il ne faut pas le nier. Mais est-elle si désolante que ça? Car qui a relevé que sur les 800 exposants, 79 venaient de Chine? 79 exposants qui ont investi autant de nids vides et qui, forts de leur mainmise sur la technologie des batteries, ont semé la terreur chez des marques occidentales parfois centenaires mais bizarrement très peu préparées à cette invasion de leurs nids qui furent si longtemps douillets. Faut-il s’en étonner? Non. Pendant longtemps, la Chine a été vue comme un eldorado pour «nos» marques qui y ont vu
un potentiel de croissance énorme et qui se sont ruées vers ce pays en sous-estimant l’impact à moyen terme de la nécessité, imposée par le gouvernement chinois, de créer pour ce faire une joint-venture avec des marques locales. Lesquelles ont pu dès lors pomper très vite des technologies que nous avions mis des décennies à développer à grands frais. Aujourd’hui, cet eldorado est devenu un miroir aux alouettes et les marques chinoises n’ont plus besoin des occidentales pour se développer, d’autant qu’elles ont la mainmise sur la technologie, l’approvisionnement en matières premières et la production de batteries destinées à l’électrification des gammes européennes. Électrification voulue par… l’Europe. Il y a 20 ans, les Chinois avaient besoin de nous. Aujourd’hui, nous sommes dépendants d’eux. Nos dirigeants, qu’ils soient politiques ou industriels, ont fait, au cours de cette période, preuve d’une belle capacité d’anticipation et de stratégies du court terme qui leur revient aujourd’hui comme un boomerang. Non, Francfort n’était pas morose. Il était chinois !
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