Dans un nouveau plan baptisé ITS, le ministre wallon de la Mobilité vient d’annoncer des investissements de 166 millions visant à rendre les routes du sud du pays plus «intelligentes». On se réjouit bien sûr que, pour une fois, un ministre ait une vision d’avenir, une capacité d’anticipation par rapport à l’accélération du phénomène des voitures connectées. Feux rouges pilotables à distance, supervision en temps réel du trafic, panneaux de signalisation adaptatifs, stations de comptage et de point météo, instauration de bandes de circulation réservées au covoiturage… La Wallonie devient ainsi un moteur d’innovation, porté sur demain, et plus seulement une entité freinée par les boulets du passé. Sauf que… Avant d’avoir des routes intelligentes, il faudrait déjà… avoir des routes. Des routes sûres, correctement entretenues, régulièrement révisées. Bien sûr, il y a des chantiers sur nos (auto)routes. On ne va pas le nier, chacun peut le constater. Mais on a l’impression qu’en plus d’être mal coordonnés, ces chantiers n’en finissent pas et surtout que le travail effectué doit sans cesse être recommencé. Comme dans un mauvais film de Sisyphe. Comment comprendre, en effet, que des travaux de remise en état finis il y a seulement 2 ou 3 ans partent déjà en lambeaux? Difficile d’incriminer la rigueur de la météo belge. Comment comprendre qu’à peine fini, le «nouveau» tronçon se perce de trous comme si l’emmental était soudain devenu une spécialité belge?
C’est non seulement désespérant, c’est surtout dangereux. Et incompréhensible. Face à ce constat franchement agaçant, plusieurs hypothèses. Soit les budgets alloués aux entreprises de travaux publics sont insuffisants pour leur permettre de réaliser un travail de qualité. Soit ces mêmes entreprises sont incompétentes, mais pourquoi le seraient-elles? Soit ces budgets sont suffisants, mais le contrôle par les autorités publiques l’est nettement moins. Et se pose alors la question de savoir où va l’argent investi. Soit cette façon de faire s’est érigée en business model, comme une garantie de rente à vie pour les quelques acteurs privés qui se partagent le marché de la rénovation des autoroutes. Un peu de tout? Difficile à dire, tant le milieu paraît opaque. Soit. Mais donc, avant d’investir dans l’intelligence de nos autoroutes, ne serait-il pas plus judicieux d’investir – et non plus à fonds perdus – dans ces mêmes autoroutes? De développer un vrai réseau autoroutier digne de ce nom, qui résiste au temps, avant de le rendre «intelligent»? Comprenons-nous bien: la mesure du ministre wallon va dans le bon sens. On se demande juste si elle ne met pas la charrue avant les bœufs…
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