Je vais vous parler d’un sujet qui fait peut-être « »opotte interne », considérations d’enfant gâté, mémoires poussiéreuses d’ancien combattant, mais tant pis. Si j’ai choisi de le faire, c’est parce qu’il ne s’agit pas de caprice, malgré ce que les apparences pourraient laisser penser. Mais cette réflexion vaut essentiellement par le fait qu’elle a un impact sur la manière de faire notre métier, qui est de vous informer au mieux, avec le plus de valeur ajoutée possible, grâce à une lecture entre les lignes de dossiers de presse de plus en plus creux. Mais que de quoi s’agit-il? Je ne vais pas tourner autour du pot: des présentations de nouveaux modèles à l’étranger ou en Belgique, depuis plus de 30 ans, j’en ai fait des centaines. Mais celle à laquelle je viens d’assister figure à coup sûr dans mon top 10. Il s’agit de la présentation internationale de l’Ineos Grenadier, dans les landes tourbées et les forêts impénétrables que constituent les paysages hors du temps entre l’Angleterre et l’Ecosse.
D’accord, je n’écris pas pour le Lonely Planet ou le Guide du Routard. C’est vrai. Mais pourquoi donc cette présentation s’illustre-t-elle à ce point? Pour essentiellement trois raisons, qui devraient être pourtant le préalable à tout événement de ce genre: un temps suffisant derrière le volant pour se faire une idée précise des qualités et défauts du véhicule testé, un parcours d’essai conforme à la vocation de l’engin et la disponibilité d’experts et d’ingénieurs à qui on n’a pas donné au préalable de cours de langue de bois. En l’occurrence, j’ai pu passer deux jours entiers - 10 à 12 heures par jour ! - au volant du Grenadier sur un parcours d’essai qui tenait plus de feu le Camel Trophy que d’une gentille escapade touristique avec à disposition, à tout moment, soit des instructeurs 4x4 aussi compétents que peu timorés, soit des ingénieurs fiers de parler de leur projet et à qui on avait visiblement donné toute liberté d’expression.
Ce n’est pas la façon dont j’envisage mon métier; non, je ne serai jamais un influenceur dubaïote!
Voilà qui va à l’encontre de la tendance très largement généralisée aujourd’hui qui veut qu’une présentation d’un nouveau modèle se résume souvent à une heure ou deux derrière le volant, sur un parcours insipide et inintéressant au possible et entourés de communicants qui ne maîtrisent que trop rarement leur sujet ou de marketeers qui n’ont que les mots « target », « market share », « premium », « green », « best in class »… à la bouche. Clic-clac, merci Kodaq, merci d’être venu et à la prochaine. Sans parler de dossiers de presse qui souvent, une fois résumés (entendez, une fois expurgé du blabla sans intérêt), pourraient tenir sur une page.
Rien de tout cela en l’occurrence et c’est à souligner. Car cela ne tient pas de l’anecdote ni du caprice. Dans un monde guidé par la nécessite d’immédiateté qu’imposent parait-il les réseaux (a)sociaux et la superficialité généralisée qui en découle, avoir accès à une vraie information est crucial pour nous, ne serait que pour pouvoir vous la fournir par la suite. Traitée, décortiquée, interprétée et mise en perspective. Sans cela, nous ne serions, nous les journalistes, que les relais d’une parole officielle, d’un discours formaté par les lois du marché. Je vais peut-être faire ancien combattant ou enfant gâté, mais ce n’est pas la façon dont j’envisage mon métier. Non, je ne serai jamais un influenceur dubaïote. C’est pourquoi cette présentation a fait du bien. Anecdotique et pourtant si crucial.
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