À la mi-mai, le PDG de Volvo, Hakan Samuelsson, déclarait à un journaliste allemand du Frankfurter Allgemeine, non sans susciter un certain étonnement dans le secteur, que sa marque ne produirait plus de modèles à moteur Diesel dès 2023. À peu près au même moment, son homologue chez BMW, Harald Krüger, assurait exactement… l’inverse, allant jusqu’à affirmer que BMW ne pourrait tenir ses engagements environnementaux sans l’aide du «carburant gras». Voilà qui risque de perturber encore un peu plus la saga du Diesel et notre perception du gazole.
Cela dit, et au risque de vous surprendre, les deux convictions se défendent. Pour mieux comprendre ce grand écart idéologique, il importe de se mettre à la place des deux patrons. Volvo est un petit acteur mondial qui conclut une très grande part des ses ventes (et la tendance s’accentue) en dehors de l’Europe, surtout en Amérique du Nord et en Chine. Deux marchés où les consommateurs privés n’ont absolument aucune affinité avec les moteurs Diesel. Et en Chine surtout, on place plus d’espoir dans les moteurs hybrides et 100% électriques. En d’autres termes, les Suédois (sous l’oeil attentif de leurs propriétaires chinois), dont le budget R&D n’est pas extensible à l’infini, ont logiquement intérêt à lever le pied en matière d’investissements dans le moteur à combustion spontanée et, au contraire, intensifier leurs connaissances de la meilleure façon d’associer moteurs à essence et électriques.
Il se fait que le journaliste allemand a déformé les propos en affirmant que Volvo cesserait toute production de moteurs Diesel dans les 5 ans, ce qui est faux. Il va sans dire que le récent 4 cylindres «mazout» de la marque, encore tout frais technologiquement parlant, a encore de belles et longues années devant lui avant de voir sa demande fléchir, en particulier en Europe. Les Suédois continueront donc bel et bien à le produire, non sans le conformer, régulièrement, aux normes écologiques de plus en plus strictes. Chez BMW, les motivations sont un peu différentes. Le constructeur de Munich joue aussi à l’échelon mondial, mais avec une envergure quatre fois supérieure à celle de Volvo. BMW vend autant de voitures aux USA qu’en Extrême-Orient, mais son marché principal demeure l’Europe.
En outre, il vend nombre de voitures disposant de gros moteurs, des modèles générateurs de profi ts importants, certes, mais aussi des mécaniques énergivores allant à contre-courant de l’abaissement généralisé et imposé des normes de CO2. Une sorte d’impasse qui, provisoirement, ne peut être contournée qu’en poursuivant le développement intensif de moteurs Diesel, car plus BMW en vend, mieux il contient ses émissions nocives consolidées. C’est encore plus vrai pour les modèles haut de gamme, où la diff érence de consommation importante par rapport à un moteur à essence peut sensibiliser les acheteurs en faveur des innovations écotechnologiques. En conclusion, oui, les deux constructeurs ont raison, car la réalité d’un constructeur n’est pas celle d’un autre et les nuances évitent – heureusement – de voir le monde en noir ou en blanc.
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