Edito / Bruxelles sans voitures... Toute l’année?

Dans le cadre de son plan Climat, le gouvernement régional bruxellois entend interdire tous les véhicules Diesel sur son territoire dès 2030 et tous les véhicules à essence en 2035. La mesure est pour le moins radicale et l’on peut se demander ce qui la motive réellement. Jeter le bébé avec l’eau du bain, c’est faire fi des progrès enregistrés ces derniers temps et de ceux encore à venir par les moteurs traditionnels, comme en attestent les derniers résultats de tests de l’organisme européen Green-NCAP, l’équivalent pour le respect de l’environnement des Euro-NCAP destinés à la sécurité, association dont Test-Achats fait d’ailleurs partie. Selon ces tests, les moteurs Diesel de la dernière génération en date (Euro 6d), pour peu qu’ils soient bien utilisés, se montreraient aussi vertueux que les électriques. D’accord, soyons de bon compte: si elle peut encore progresser, la technologie des moteurs thermiques n’est plus celle de l’avenir à long terme, tout simplement parce qu’elle repose sur des carburants fossiles. Soit. Mais de là à prendre une mesure qui verrait tout le monde passer à l’électrique en ville… Cela relève de l’utopie ou de… la communication politique. Vous habitez un 5^e étage et vous ne disposez pas d’un garage; comment faites-vous pour recharger vos batteries ? Les bornes publiques pousseront-elles bientôt comme les parcmètres d’antan ? Sans parler de ce qu’une électrique est aujourd’hui hors de portée de la majorité des bourses, d’autant plus que le gouvernement flamand arrêtera dès janvier les subsides à l’achat d’une voiture électrique. Plutôt que d’imposer ex nihilo une mesure autoritaire, présentée comme volontariste, mais vécue comme injuste par le citoyen, n’aurait-il pas mieux valu proposer une alternative d’adhésion ? D’autant qu’aux échéances citées, la majorité des responsables politiques à l’origine de cette mesure, grâce à laquelle ils se présentent en grands défenseurs de l’environnement en faisant fi des arguments purement scientifiques, ces dirigeants-là auront sans doute disparu de la vie publique. Il y a trop de voitures en ville ? D’accord, faisons alors en sorte de proposer des alternatives crédibles : le télétravail, des transports publics dignes de ce nom, des pistes cyclables sécurisées, de l’autopartage... Pour que ceux qui recourent à leur voiture par défaut puisse l’abandonner par choix. Et rappelons-nous que 60% des émissions de CO₂ de la ville de Bruxelles proviennent du secteur des bâtiments. Ce qui ne veut bien sûr pas dire que le secteur auto doit se dédouaner pour autant. Mais de grâce, un peu de rationalité et d’arguments scientifiques dans ce débat si sensible !

P.S.: dans notre numéro du 20 novembre, nous vous proposerons un dossier complet sur la question.