Le concept
Porsche ne s’est pas systématiquement livré à l’exercice du Speedster pour chaque génération de 911, mais on peut pourtant parler d’une vraie tradition remontant à 1952, lorsque la première du nom, basée sur la 356, a séduit les puristes. La dernière en date partage toujours le charme du pare-brise court et du double bossage arrière. Mais il faut toutefois comprendre le sens de l’objet : un Speedster n’est pas un cabriolet, car ici le toit n’est utilisé qu’en cas de secours. La voiture doit se conduit à l’air libre aussi souvent que possible. Heureusement pour les clients belges, la mise en place de la toile n’exige plus le doigté d’un horloger. Il suffit d’assister manuellement le mécanisme, après avoir déverrouillé le fameux bossage. Certes, on se demandera pourquoi la manœuvre n’est pas entièrement automatisée. Réponse évidente : il faut respecter les codes établis et se rapprocher du modèle originel. Ce qui est aussi possible avec le pack Heritage vendu 25.000 € et qui comprend les logos dorés, les sièges en cuir Cognac, la teinte extérieure gris argent, le bouclier avant blanc et les stickers de course sur les portes.
Ce qui change
La Speedster est en réalité étroitement dérivée de l'ancienne 911 GT3. À l’arrière, le flat 6 de 3.996 cm3 sort quelques chevaux de plus suite à quelques améliorations dont Porsche a le secret. Au total, il crache 510 ch, de quoi bondir de 0 à 100 km/h en 4 s et pointer à 310 km/h. Au-delà des chiffres, c’est le caractère qui fait la différence. Le boxer donne le meilleur de lui-même à 8.400 tr/min, acceptant d’aller chercher jusqu’à 9000 tr/min sans l’aide d’un turbo, on vous laisse imaginer le plaisir procuré par de telles accélérations, depuis les bas régimes plutôt tranquilles, jusqu’aux hurlements exprimés autour du pic de puissance. Une vraie fusée Ariane ! Au volant, pas de boîte PDK et il faut donc maintenir la vitesse à la force du poignet et du pied gauche. Ce qui n’est pas un frein, car la boîte manuelle à 6 rapports – et oui, pas 7 donc – est un ravissement de précision et de rapidité. Notons que la fonction « Auto Blip » gère automatiquement le « talon-pointe ».
Comment ça roule ?
Pour égaler le dynamisme de la GT3, les capots (avant et arrière) ainsi que les coques de sièges sont en fibres de carbone, ce qui limite la prise de poids, malgré les renforts de structure, à 30 kilos par rapport à la GT3 coupé. Sur un circuit, la Speedster ne peut évidemment jouir de l’appui dynamique offert par l’aileron de la GT3, mais sur la voie publique on retrouve cette même agilité diabolique, cette direction qui place le train avant au millimètre près et ce grip qui donne l’impression que c’est le bitume qui va se décoller de la route. Et puis, il y a aussi les freins carbone-céramique qui vous bluffent en se montrant à la fois nuancés et extrêmement puissants. Les passages éclair en courbe sont aussi l’œuvre du différentiel mécanique (blocage jusqu’à 30%), des roues arrière directrices, du PTV qui gère la répartition vectorielle de couple ainsi que des supports actifs du bloc moteur. Mais le plus remarquable tient sans doute aussi dans la grande discrétion de tous ces assistances qui fonctionnent parfaitement en symbiose, donnant l’impression au conducteur de maîtriser parfaitement la situation – ce qu’on fait naturellement. C’est comme si le châssis comprenait ce qui se passait dans la tête du pilote et qu’il l’y amenait avec un naturel déconcertant.
Budget
L’an dernier, Porsche a fêté ses 70 ans. Pour l’occasion, la marque s’est offert deux cadeaux : la 911 type 992 et une dernière « 991 » 100% nostalgique, la Speedster. Ce dernier bolide sera produit à 1948 exemplaires, en référence à l’année de la première Porsche de l’histoire, ce qui fait tout de même beaucoup plus que la Speedster type « 997 » de 2010 produite à seulement 356 unités – symbolisme quand tu nous tiens. Cela dit, la démarche de Porsche est parfaitement compréhensible. Et justifiée, car ces séries spéciales se vendent comme des petits pains, remplissant par la même occasion les caisses du constructeur à la vitesse grand V. La dernière Speedster donne encore raison à Porsche, car, malgré les 276.399 € (hors options) exigés, tous les exemplaires sont déjà attribués. Ce qui laisse d’ailleurs avec de nouvelles questions autour de la spéculation comme ça avait le cas avec la 911 R revendue en seconde main parfois jusqu’à 3 fois son prix d’achat. Business is business…
Notre verdict
Tous les constructeurs de voitures de sport - Porsche compris - s'efforcent de cartographier leurs moteurs turbocompressés comme s’il s’agissait de bloc à aspiration naturelle. La 911 Speedster , elle, ne triche pas, ce qui la rend unique et certainement face aux McLaren 720S Spider ou future Ferrari F8 Tributo « Spider ». En piste, elle ne rivalisera pas non plus avec une 911 GT3, mais sur la voie publique ses performances s’avèrent aussi décoiffantes. Enfin, ce Speedster est certainement aussi un collector pour la valeur qu’elle gagnera rapidement. Car si elle laisse l’issue du débat sportif entre l’ancienne R et la GT3, elle affolera probablement les commissaires-priseurs qui devront gérer les ventes sur le marché de la seconde main.
Dans cet article : Porsche, Porsche 911
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