Premier essai / Nouvelle Aston Martin Vantage (2025) - entre voiture de sport, GT et supercar

Aston Martin appuie sur l'accélérateur. Cet élan entamé en douceur avec la nouvelle DB12 et le DBX707 mis à jour a conduit à l'introduction de deux tout nouveaux porte-drapeaux, puisque la Vanquish et la Valhalla rejoignent la gamme cette année. Entre-temps, les Britanniques ont également fait appel à leur star de la F1 Fernando Alonso pour développer une édition limitée de la Valiant, ont arraché Adrian Newey à l'équipe Red Bull de Max Verstappen pour la F1, et Adrian Hallmark, en provenance de Bentley, s'est installé à Gaydon en tant que nouveau PDG. Cerise sur le gateau : avec la version LMH de la Valkyrie, le constructeur britannique de voitures de sport vise également la victoire au classement général des 24 Heures du Mans l'été prochain. 

Mais le véritable révélateur de la nouvelle dynamique d'Aston Martin n'est autre que la nouvelle Vantage. Car il n'y a pas de meilleur indicateur de valeur que le modèle d'entrée de gamme.

Puissance et performances Aston Martin Vantage

Enfin, « d'entrée de gamme » : la nouvelle génération de Vantage semble tonique dès le départ, avec une musculature affûtée et le "pack de six" qui va bien. Ou plutôt, le pack de « huit », car c'est le V8 qui a considérablement gagné en muscle. En fait, il s'agit toujours du même moteur quatre litres essence biturbo développé par AMG, mais en 2025, cette mécanique enragée placée entre les roues avant de la Vantage est capable de développer 655 ch et 800 Nm. C'est 150 ch et 115 Nm de plus que sa devancière, qui ne nous a pourtant jamais semblé sous-motorisée. 

L'indispensable aide au démarrage - ou Launch Control - permet à la nouvelle Vantage de passer de 0 à 100 km/h en 3,4 s. En l'absence de limiteur de vitesse électronique, cette Aston Martin atteint 326 km/h.

Châssis et suspensions Aston Martin Vantage

La structure de base est également reprise, bien que bon nombre de modifications inspirées de celles ayant prévalu pour la DB12 garantissent que la rigidité à la torsion du châssis construit en grande partie en aluminium a augmenté de 29 %. Bien que l'empattement soit resté le même, la nouvelle Vantage est beaucoup plus large sur ses roues de 21 pouces : la carrosserie conserve ses proportions trapues, mais les hanches gagnent 30 mm supplémentaires.

Lors du développement du châssis, les ingénieurs se sont concentrés sur « l'authenticité du plaisir de conduite ». Cette quête s'est traduite par une suspension Skyhook renforcée avec des amortisseurs Bilstein rapides comme l'éclair, une boîte de vitesses automatique à huit rapports dotée d'un rapport final raccourci et une direction moins démultipliée. Entre les roues arrière motrices sévit désormais un différentiel actif à glissement limité.

Lors de la mise au point du châssis, les ingénieurs se seraient principalement concentrés sur un « plaisir de conduite authentique »

Cette structure matérielle solide est secondée par une foule de logiciels dernier cri. Le contrôle électronique de stabilité est désormais géré par un module IMU (Inertial Measurement Unit) intégré avec une mesure sur six axes (longitudinal, vertical et latéral, combiné à un contrôle des tendances au roulis, des mouvements de plongée et de cabrage et des mouvements de lacet). Le contrôle de traction a également été conçu avec des options de réglage étendues. 

Avec un poids en ordre de marche de 1,7 tonne, la nouvelle Aston Martin est un peu plus lourde que sa devancière. Ainsi, malgré l'utilisation généreuse de matériaux légers, les équipements de confort supplémentaires, les renforcements du soubassement et les exigences accrues en matière de refroidissement du groupe motopropulseur pèsent lourd. D'un autre côté, la répartition optimale des masses (50/50) est maintenue, tandis que la puissance accrue du moteur permet d'obtenir un rapport poids-puissance plus favorable.

Design Aston Martin Vantage

Les optique plus "bridées" de la précédente Vantage ont cédé la place à des phares plus grands. Un nouveau regard qui, associé à la gueule béante désormais typique, vous obligent à regarder attentivement pour savoir s'il s'agit d'une Vantage ou d'une DB12, voire une Vanquish qui se profile dans votre rétroviseur. Néanmoins, le design de la carrosserie gâte les amateurs de lignes épurées et d'exubérance discrète.

Aujourd'hui, la recherche d'un aérodynamisme athlétique n'exige que des sacrifices esthétiques minimes, et ces ouïes de refroidissement derrière les passages de roue avant et ce diffuseur arrière aux formes complexes viennent compléter la tenue de soirée comme une cravate et des boutons de manchette. Derrière cette élégance se cache toutefois une grande agressivité, soulignée par les grosses jantes, les dimensions compactes et les hanches généreuses.

Intérieur Aston Martin Vantage

La Vantage reste une stricte deux places, mais avec un coffre digne de ce nom : un volume de 272 l est dissimulé sous le hayon. L'aménagement intérieur suit la voie tracée par la DB12, avec un choix de matériaux largement amélioré qui va de pair avec une révolution numérique. L'interface Mercedes a été mise au rebut, Aston Martin utilise aujourd'hui un système développé en interne qui correspond bien au positionnement super luxe de la marque britannique.

Si les progrès sont tangibles, tant sur le plan visuel qu'ergonomique, il faut encore prendre un peu de temps pour se repérer dans la console centrale truffée de boutons. Les icônes du module multimédia central sont également un peu petites et la structure des menus ne semble pas toujours très claire, tandis que les messages d'erreur occasionnels créent une peur latente des bugs. 

En fait, une voiture de sport à l'ancienne comme cette Vantage mérite un tachymètre analogique.

En fait, une voiture de sport à l'ancienne comme cette Vantage mériterait tout simplement un tachymètre analogique. Bien que les boutons haptiques du volant sport multifonction ne soient pas aussi maniables que les charmants boutons rotatifs du volume audio et de la climatisation, la jante du volant et les boutons de changement de vitesse sont agréables à manipuler.

La combinaison de la position assise basse et du tunnel central haut avec ce capot étiré et cette poupe épatée produit un cockpit quelque peu claustrophobe qui fera monter votre rythme cardiaque avant même que le V8 ne se soit fait entendre. 

Comportement (conditions humides) Aston Martin Vantage

Au moins sur les premiers mètres à travers l'arrière-pays espagnol, ces kilos supplémentaires ne sont jamais perceptibles ; c'est la carrosserie plus large qui appelle d'abord à la prudence. Dans le premier des nombreux virages en épingle à cheveux, nous parvenons tout juste à coincer la Vantage entre la paroi rocheuse et le motocycliste en croisière. Ce dernier nous a heureusement entendus arriver, car le V8 ne joue pas à cache-cache.

Même dans le plus doux des trois modes d'échappement, on peut entendre la bête respirer sous le capot. Dans les bas régimes, la boîte automatique se montre parfois hésitante et, surtout lors des rétrogradages, l'agressivité d'une boîte DCT nous manque. Au bas du compte-tours, le moteur quatre litres suralimenté se débat également avec un turbo lag, une imperfection que l'on commence rapidement à classer dans la catégorie 'caractère'. D'autant plus que ce moteur fait preuve de beaucoup d'allant, avec des montées en régime qui font honte à bien des rivales hybrides rechargeables.

Les montées en régime font honte à bien des rivales hybrides rechargeables.

Cela requiert un esprit clair et un minimum d'expérience, surtout dans les conditions météorologiques variées que nous avons rencontrées au cours de notre longue séance d'essai. La direction est précise et la suspension donne beaucoup de feedback, mais les roues arrière, bien que plus larges, sont particulièrement sollicitées sur les routes mouillées. Malgré le filet de sécurité électronique et plutôt intelligent tendu par Aston Martin, nous avons vécu de nombreux moments d'émotion que nous n'aurions peut-être pas connus au volant d'une Ferrari ou d'une Porsche comparable.

L'accent mis sur le plaisir de conduire porte ses fruits, mais il vaut mieux se méfier d'un éventuel accident sur la route. Emmener cette Vantage rapidement d'un virage à l'autre réclame un certains investissement personnel, et c'est à ce moment-là qu'un peu de bravoure s'avère utile.

Comportement (conditions sèches) Aston Martin Vantage

À la mi-journée, le soleil d'hiver perce enfin les nuages et la chaussée sèche lentement. C'est alors que le talent dynamique de la Vantage prend une nouvelle dimension. Les pneus Michelin fabriqués sur mesure pour cette Aston montent en température, ce qui permet aux pneus avant de trouver plus d'adhérence dans les virages et aux pneus arrière d'avoir plus de motricité à l'accélération.

L'ensemble semble encore un peu plus brutal que ce à quoi nous sommes habitués avec les pur-sang de Maranello ou de Stuttgart, mais la cohérence entre les différents éléments fait qu'un plus un font trois. Cette Aston Martin vous guide intuitivement d'épingle à cheveux en virage ouvert, avec un soupçon de théâtralité si vous le souhaitez. La queue frétillante écoute les directives de votre pied droit et le V8 n'oublie jamais de vous enthousiasmer, même lorsque vous roulez tranquillement dans un village isolé.

Sachez simplement que le V8 engloutit l'essence avec avidité et que le réservoir de 73 litres s'avère un peu juste, ce qui fait que l'angoisse de l'autonomie n'est pas un concept vide de sens - pour atteindre la prochaine station-service, nous avons dû ralentir considérablement. Plus facile à dire qu'à faire, car ce véhicule préfère être conduit rapidement.

Conclusion Aston Martin Vantage

La nouvelle Vantage conserve les qualités de ses prédécesseurs, mais Aston Martin fait passer le potentiel de performance de 10 à 11. La puissance supplémentaire du sensationnel V8 a contraint le constructeur britannique de voitures de sport à apporter des modifications profondes au châssis et à la carrosserie, ce qui peut même rendre l'ensemble un peu intimidant, surtout lorsque les conditions météorologiques ne sont pas optimales.

Mais ce caractère pur offre également un plaisir de conduite à l'ancienne, heureusement sans compromettre les qualités de GT. Il fait de cette Vantage un ensemble particulièrement savoureux.