Premier essai / Kia EV9 - Beau comme un camion

Kia s’est lancé dans l’électrique en proposant une variante à batterie de son mini SUV Kia Soul  complété de la version électrique du Kia Niro. Mais la première vraie voiture exclusivement électrique de la marque fut la Kia EV6, cousine technique de la Hyundai Ioniq 6. Un modèle qui a marqué les esprits par son design mais également par son contenu technologique. Entretemps, le constructeur coréen a lancé et/ou présenté d’autres membres de sa famille « EV », à commencer par ce Kia EV9, un grand SUV qui vient chapeauter la gamme « zéro émission » de Kia et sera suivi des EV3, EV4 et EV5 présentés sous forme de concepts. Avant cela, nous avons pu prendre le volant du Kia EV9 et voici ce qu’il faut retenir de cette première expérience.

Carrosserie et dimensions KIA EV9

Le nouveau Kia EV9 est sacrément baraqué : 5,01 m de long, 1,98 m de large et 1,78 m de haut. Ce n’est pas tout : sur la balance, 2650 kg ! Sans oublier un empattement de 3,10 m. Balèze, mais joli, il plaît par ses faux airs de Defender, carré et viril, le tout bien fignolé par les détails, comme ses fins phares à diodes (dont l’apparence du trait rappelle celui des constellations), ses poignées de portes intégrées à la ligne, ou encore la nouvelle évolution, plus lisse, de la calandre Tiger Nose.

>> Longueur : 5015 mm - largeur : 1980 mm - hauteur : 1780 mm - empattement : 3100 mm

Intérieur et coffre Kia EV9

L'EV9 est la première Kia à intégrer le ConnectedCar Navigation Cockpit (CCNC), un écran panoramique large combinant en fait trois écrans (deux de 12,3’’ et un de 5,3’’) en une dalle rectangulaire couchée. Ce « CCNC » intègre la technologie Nvidia Drive. Très limpide, lisible et – surtout - tout sauf distrayant. Kia laisse des boutons spécifiques, dont une rangée de commandes « cachées » dans l’insert décoratif transversal et dédiées aux principales fonctions d’infodivertissement. On trouve aussi des boutons séparés pour la climatisation. 

Cette extension de plateforme rendait possible une configuration sept (de série) ou six places à bord. En option, la configuration six places se distingue par deux aménagements : le premier « Relaxation » remplace la banquette par deux sièges lounge (avec repose-mollets) ; le second rend les deux sièges centraux pivotants de sorte à créer un vis-à-vis entre les 2^e et 3^e rangs, comme à bord d’un monovolume ! Si nous avons adoré l’aménagement Relaxation, les sièges pivotants sont moins convaincants. La raison est simple : en roulant, l’espace aux jambes est trop limité entre les passagers. Cette disposition sera sans doute plus utile (et agréable) à l’arrêt, sachant que l’on peut avancer les sièges conducteur et passager au maximum.

Les deux sièges avant sont électriques (de série), mais aussi chauffants, climatisés et massants. Notez que le siège passager bénéficie aussi d’une fonction Premium Relaxation (inclinable avec repose-pied déployant, une rareté dans le monde automobile). Les deux sièges extérieurs de la seconde rangée sont également chauffants et ventilés. Quant aux sièges du fond, s’ils ne disposent pas de ces « facilités », ils sont en tout cas accueillants, même pour des adultes et la place ne manque pas.

Et le coffre ? En 6 ou 7 places, il est déjà 333 l ; en rabattant les deux sièges du fond, on passe à 828 l. À ces valeurs, on rajoutera l’espace du frunk (coffre avant), soit 90 (RWD) ou 52 l (AWD) de mieux. 

>> Volume de chargement : 333 l (6 ou 7 places)-828 l (troisième rangée rabattue)

Spécifications et performances Kia EV9

Pour faire bouger ce paquebot, Kia le lance avec deux moteurs. La version à propulsion utilise un moteur de 204 ch et 350 Nm… que nous n’avons pas essayé.  La variante à transmission intégrale positionne un moteur de 192 ch chacun sur chaque essieu et cumule donc un total mathématique de 384 ch. Mais avec une nuance en matière de couple : la version de base développe 250 Nm sur le train avant et 350 Nm à l’arrière, tandis que Kia réserve un surplus de punch à la version GT-Line avec 350 Nm à l’avant également. La première passe de 0 à 100 km/h en 6 s et la seconde réduit le chrono à 5,3 s, ce qui devient franchement pas mal. Sa vitesse de pointe est de 200 km/h.

Autonomie et charge Kia EV9

Techniquement, l’EV9 profite bien sûr de la plateforme de l’EV6 (E-GMP), laquelle a cependant été allongée afin d’y glisser la fine et longue batterie de 99,8 kWh (Kia parle de capacité nette, sans préciser d’autre valeur). L’architecture 800V supporte un courant direct de 240 kW, de quoi récupérer 70 kWh (de 10 à 80%) et donc 249 km en 24 minutes. Pour la recharge en courant alternatif, le chargeur embarqué supporte du 11 kW, ce qui demandera ± 9 heures pour passer de 10 à 100%.

La version RWD à simple moteur fait état d’une autonomie WLTP plutôt confortable de 563 km. Les versions AWD annoncent 512 km pour le modèle de base et 505 km pour la GT-Line.

Comme l’EV6, le « 9 » est doté de la charge bidirectionnelle, qui permet de brancher des appareils électriques directement sur la voiture (V2L, Vehicle-to-Load), mais aussi d’alimenter une maison et/ou transférer (revendre) de l’énergie vers le réseau électrique (V2G, Vehicle-to-Grid). On verra tout ça plus tard en Belgique, mais notre essai s’est soldé par une moyenne de 17 kWh/100 km… sur un itinéraire mixant routes de bord de mer et autoroute « calme ».

Conduite Kia EV9

Pour mettre les qualités dynamiques de l’EV9 en valeur, Kia nous conviait dans l’arrière-pays niçois et ses exigeants cols tortueux. Kia nous a réservé des version GT-Line à deux moteurs qui, dès les premières centaines de mètres, nous surprennent. L’EV9 384 ch bondit en avant et soutient de longues et efficaces accélérations. Mieux : l’EV9 ne craint pas les virages. La direction, précise et de bonne consistance, garde l’énorme calandre sur la bonne trajectoire et le train arrière suit.

L’EV9 n’a rien d’un porte-container en pleine tempête, et ce grâce aux 566,5 kg de la batterie placés au plus près du sol, à la bonne répartition du couple sur les 4 roues et, aussi, à l’empreinte des quatre pneus de 285/45-21. Un système de roues arrière directrices eu été un plus, mais ce n’est pas au programme… 

Pour freiner, Kia a prévu 4 grands disques qui, dans les conditions varoises, peuvent vite surchauffer, mais nous avons surtout apprécié le freinage régénératif, qui permet pratiquement un pilotage « one-pedal ». La puissance de régénération (à 4 modes) est telle que même en descente, il suffit de relâcher l’accélérateur pour que le Kia s’arrête assez rapidement, une prouesse pour ses plus de 2,6 t ! Ce bon bilan dynamique est possible en dotant le SUV de suspensions classiques (pas d’amortissement pneumatique) un peu tendues, mais jamais inconfortables.

Évidemment, conduire vite l’EV9 n’a pas beaucoup de sens. Les mots « anticipation » et « prudence » restent de rigueur au volant d’un tel engin, mais plus que tout c’est le sentiment de quiétude à bord qui ravit. Le silence conceptuel d’une voiture électrique est ici renforcé par le vitrage acoustique, tandis que l’isolation phonique et les bons sièges donnent envie de rouler en famille, loin et aussi longtemps que la batterie le permet.

Prix en Belgique Kia EV9

En Belgique, l’EV9 démarre à 71.690 € en version deux roues motrices et finition Earth pour culminer à 80.890 € en bimoteur et finition GT-Line. En version intermédiaire, l’EV9 Earth AWD est facturé 75.590 €. Pas donné, certes, mais dans le segment E vous dépenserez nettement plus du côté des concurrents allemands et sino-suédois. Et il n’est pas (beaucoup) plus cher (selon les versions) que des modèles plus petits du segment D (iX3, EQB/EQC). Peu d’options à ajouter, vu la richesse de l’équipement de série, mais sachez que les 6 sièges pivotants ou Relaxation coûtent 600 et 900 € et que, bientôt, les rétroviseurs caméras seront disponibles et proposés à 1500 €.

Retrouvez tous les prix du Kia EV9 en Belgique

Kia EV9 - verdict du Moniteur Automobile

Mais qui va donc acheter un SUV électrique coréen de plus de 5 m et 2,6 t? En dehors de ces deux aspects (fiscalement et idéologiquement) discutables, l’EV9 est un SUV bien né. Pratique (place), accueillant et agréable à conduire, et puis surtout quelle allure ! Les amateurs de grands vaisseaux ne peuvent qu’être charmés. Plus beau et chic que les outsiders chinois et plus accessible financièrement que les prestigieux allemands du segment D, le potentiel commercial en devient même intéressant. À suivre !