Concept
La Secma F16 est une machine à sourire. Un vrai bol d'air dans le monde automobile aseptisé d’aujourd’hui. Tous les bénéfices des voitures légères sont là. Le plaisir de conduire est grand, avec des sensations multipliées par la conduite au ras du sol et à l'air libre. Pour ne rien gâcher, la masse de 570 kg permet une très faible usure des freins et des pneus. Sa différence ? Son prix neuf à 22.620 € (avec quelques options indispensables on arrive à environ 25.000 €), imbattable sur le marché des puces lights. Comptez 36. 000€ pour la petite Caterham de 84 ch, ou 31.500 € pour une MX-5 de 132 ch pourtant populaire. Un prix de Ford Fiesta 1.0 Ecoboost 100 ch donc, avec une fiabilité exemplaire et une garantie « constructeur ».
La Secma se déguste cheveux aux vents - idéale comme sèche-cheveux ou pour un brushing express - mais peut être entièrement fermée en option en cas d'ondée bien belge. Ce n'est vraiment pas un problème récurrent dans le Gard où nous avons réalisé cet essai l’été dernier, mais nous avons laissé le toit pour nous protéger du soleil de plomb en cette canicule exceptionnelle. La déco de la puce est personnalisable, tout comme la sellerie intérieure.
La seule différence entre la F16 et le Buggy vient des roues. Jantes de 15" à l’avant, 16" à l’arrière et Michelin Pilot Sport 3 pour la première contre jantes de 16" partout et Michelin Cross Climate pour la seconde. Ces derniers manquent de grip sur route, mais rendent les limites plus simples à appréhender et permettent de s’évader dans les chemins de terre. Parfait pour les débutants ou ceux qui rouleront hors des routes asphaltées !
Est-elle parfaite ? Non ; direction se cherchant un peu, guidage de boîte flou, pédalier décentré et manquant de ressenti, siège et volant non-réglables, témoins du tableau de bord peu lisibles au soleil et manque de mordant des freins. Tous ces petits défauts, loin d'être rédhibitoires, font partie de son charme. Ils sont semblables à ceux d'un ancêtre. Le seul problème de ce flou général est qu'il retire un peu de confiance au début.
Conduite
En l'absence d'inertie, le comportement s'apparente à celui d'un gros kart. Elle est joueuse, mais légèrement sous-vireuse à la limite sur route. Mettre un gros coup de gaz en courbe lève le train avant qui aura tendance à élargir la trajectoire. De quoi rendre la voiture très sécurisante (du moins sur le sec) pour ceux qui ne sont pas habitués aux propulsions légères, surtout qu'il n'y a pas d'aide électronique pour rattraper les erreurs. Il faut donc forcer le trait pour la mettre en glisse, en rajoutant de l'angle tout en chargeant l'avant, au freinage ou avec un gros lever de pied. Le freinage pied gauche pourrait aider dans certaines courbes, mais le pédalier décentré sur la droite ne le facilite pas. Après quelques dizaines de minutes, le mode d'emploi de la grenouille s'acquiert et permet de la faire danser, notamment grâce à la direction non-assistée qui vous connecte à la route. Fun maximum garanti !
Plusieurs échos confirment que c'est différent sur piste grâce à la largeur des virages. Cela permet d'exploiter plus facilement les transferts de charge pour lui faire enrouler la courbe.
Si le conducteur veut une conduite précise et propre, le poids ultra réduit et le beau grip des Michelin Pilot Sport 3 en font une véritable sangsue. Comme c'est une très petite voiture - 2,7 m de long sur 1,7 m de large, cela permet d’adopter un bon rythme sans serrer les fesses à chaque virage sur nos petites routes étroites, ce qu’autorisent très peu de sportives actuellement.
Côté suspensions, rien à dire. C'est ferme juste ce qu'il faut, tout en laissant suffisamment de débattement pour sentir les mouvements de (la faible) masse et absorber les chocs. Avec son rayon de braquage incroyable et le peu de place nécessaire pour la garer, la Secma est une citadine exemplaire. Seule la direction semblera lourde aux conducteurs habitués aux voitures modernes sur-assistées, et l’absence de coffre ou rangements intérieurs sera pénalisante pour faire ses emplettes. Sans surprise, l’autoroute constitue, par contre, un terrain nettement moins favorable. Elle n’est clairement pas faite pour ça.
La motorisation a des origines modestes : c'est un 1.6 Renault qui développe à peine 105 ch et 148 Nm. Mais une fois de plus, le poids fait la différence puisqu'avec un rapport poids/puissance de 5,55 kg/ch, la F16 marche très fort, avec une conso moyenne de 6 l/100 km ! La sonorité n'est pas exceptionnelle de base, mais le silencieux sport la transforme en un bruit sympa.
Verdict
La Secma F16, comme le Buggy, est une voiture plaisir sans compromis destinée à un public très ciblé : ceux qui veulent revenir à l’essentiel de ce que constitue une automobile, des fadas de l’attaque aux explorateurs des chemins en passant par les amateurs de balades les cheveux au vent. Elle n’est pas sans défaut, mais cette véritable propulsion-école vous reconnecte à la route et aux éléments pour des moments de conduite inoubliables. Avec un prix défiant toute concurrence et un coût à l’usage très raisonnable, c’est une aubaine à ne pas manquer.
Merci à CAP Auto 30 pour la mise à disposition des Secma et la participation à cet essai.
Photos : Audran Lernoux / Secma
Texte : Audran Lernoux