Essais courts / Maserati Grecale Hybrid Prototipo

Concept

Avec seulement 20.000 véhicules vendus dans le monde en 2020, Maserati éprouve bien des difficultés à écouler sa gamme fractionnée entre la Ghibli, la Quattroporte et le Levante dans diverses séries spéciales qui ont de plus en plus de mal à cacher leur âge. Lancées en 2013, les berlines s’écoulent au compte-goutte sur des marchés désormais totalement voués aux SUV et ce n’est pas le petit 2 litres à 4 cylindres doté de la technologie mild hybrid récemment placé sous le capot de la Ghibli et du Levante qui a amélioré les scores.

Il faut dire que les considérations écologiques si chères à nos gouvernements européens n’ont pas l’air d’émouvoir les Italiens, même si l’arrivée d’un Gran Coupé 100% électrique en 2022 est confirmée. Celui-ci conservera, en parallèle, des motorisations thermiques mais également la technologie MHEV. Des nouvelles qui redonnent foi en l’avenir. Avant cela, le très exclusif coupé MC20 se verra décapoté alors que le Grecale, qui nous occupe aujourd’hui, aura été lancé avec le petit 2.0 MHEV sous le capot, mais également avec l’inénarrable 3.0 V6 qui plaît tellement aux Américains.

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Ce n’est déjà plus un secret pour personne, la plateforme qui a servi de base à ce nouveau SUV n’est autre que la Giorgio déjà utilisée par Alfa Romeo pour ses Giulia et Stelvio, mais également par Jeep pour son Grand Cherokee de 5^e génération. Comme on peut faire varier sa longueur et sa largeur, elle répond parfaitement aux exigences d’un nouveau SUV aux dimensions généreuses. Le Grecale mesure en effet 4,85 m de long, 1,95 m de large et 1,67 m de haut. Une taille qui le place souvent entre deux modèles de la concurrence allemande, comme s’il voulait brouiller les cartes pour éviter l’affrontement direct.

Plus compact que le Levante, il peut néanmoins afficher un empattement de 2,90 m plutôt généreux et c’est vrai que l’espace dédié aux jambes à l’arrière est surprenant, même avec le siège avant réglé pour ma taille (1,86 m). Sous le capot, le Grecale reprend le 2 litres à 4 cylindres, mais il se contente ici de 300 ch alors qu’il en développe 330 sous le capot des Ghibli et Levante. En revanche, le couple donné pour 450 Nm entre 2.000 et 4.000 tr/min est semblable à ce que nous connaissons déjà. Rappelons que le système hybride de Maserati se compose de quatre éléments: un générateur de démarrage à courroie (BSG), une batterie de 48 V, un e-Booster et un convertisseur.L’e-Booster est un compresseur électrique qui compense l’absence de turbocompresseur dans les bas régimes, lorsque le moteur électrique entre en jeu.

Le Grecale est évidemment un vrai 4x4 et il est doté de quatre modes de conduite différents: Comfort, GT, Sport et Off-road. Le premier est idéal pour la conduite quotidienne et c’est d’ailleurs lui qui s’enclenche par défaut au démarrage. Le Mode GT offre déjà davantage de ressenti mais cela reste relativement discret alors que le mode Sport libère les tuyères, accélère la vitesse des changements de rapports et abaisse la suspension de 15 mm alors que l’assistance de direction se raidit. Enfin, le mode tout-terrain rehausse le SUV de 20 mm, voire 30 mm, pour affronter les obstacles les plus difficiles.

Conduite

Nous parvenons finalement à interrompre l’enthousiasme de nos interlocuteurs pour nous installer au volant du prototype en accueillant à nos côtés deux essayeurs maison. Cela n’est pas totalement inutile à l’heure de retrouver la piste de Balocco et son tracé le plus tortueux. Un fin crachin nous accompagne, ce qui n’est pas pour nous déplaire sachant que cela va probablement exiger davantage d’efforts de la part des aides à la conduite embarquées. Le premier tour s’effectue en mode Comfort et, à plusieurs reprises, sur un revêtement particulièrement glissant, notre passager nous invite à accélérer à fond une fois la corde atteinte. Surpris la première fois, nous comprenons rapidement qu’il veut mettre en évidence la réponse particulièrement adéquate des aides électroniques.

En fait, on apprendra plus tard que les capteurs parviennent désormais à prévoir le comportement du Grecale en tenant compte de millions de paramètres, allant de l’adhérence des roues à la position du véhicule, de la courbe à venir et j’en passe. Là où un ancien système d’antipatinage bloquait tout simplement l’arrivée de la puissance une fois qu’un certain angle était atteint en latéral, le système Maserati dose beaucoup plus finement la puissance. Le ressenti est bluffant: on ne constate pas spécialement une coupure brusque de la puissance et les bretelles électroniques affichent une maîtrise assez stupéfiante de leur intervention. Le Mode GT libère un peu plus l’ensemble du comportement mais c’est surtout en mode Sport que le Grecale nous a, là aussi, impressionné. Les valves d’échappement actives libèrent le son des tuyères et l’ambiance est immédiatement à la sportivité. L’antipatinage laisse tracer de belles dérives sur l’asphalte humide et l’on oublie instantanément la masse du Grecale, annoncée à 1.870 kg.

Parce qu’à la première courbe venue, le SUV Maserati ne se vautre pas sur son train avant dans un sous-virage excessif. Il plonge à la corde de manière assez précise et dérive du train arrière en sortie de courbe. Confiés à des disques de 350 mm à étriers fixes Brembo et 4 pistons à l’avant et des disques de 330 mm à l’arrière accompagnés d’étriers flottants Continental, les ralentissements sont parfaitement exécutés et les sensations à la pédale sont assez fidèles, ce qui nous change de certains systèmes concurrents au ressenti particulier.

La direction se raffermit en mode Sport mais elle ne vire pas, à nos yeux, dans le caricatural, même si certains collègues l’auraient souhaitée encore plus dure. Avouons qu’il est délicat d’émettre un avis définitif au bout de trois tours du circuit de Balocco, même si nos interlocuteurs du jour étaient très attentifs à nos remarques. Le large sourire affiché les aura probablement rassurés sur la pertinence de leurs choix en termes de réglages. Et lorsqu’ils vous racontent qu’ils ont retravaillé la ligne d’échappement à 20 reprises avec autant de changements dans son dessin et autant de revalidations nécessaires, on s’en veut un peu de mettre à mal ce travail de fourmi. Ainsi, une partie des 250 prototypes étaient à cette heure-là en haute montagne pour affiner encore les réactions de l’électronique par grand froid.

Verdict

Même si les photos illustrant cet article ne dévoilent guère qu’un minimum de choses, en ayant vu le futur tableau de bord de ce nouveau Grecale aux écrans digitaux largement dimensionnés et à l’interface moderne, en ayant conduit une petite demi-heure ce SUV dont l'appellation fait référence à un vent froid méditerranéen qui sévit au sud de Malte, on peut vous garantir qu’il devrait marquer son époque. Et faire enfin entrer Maserati dans l’ère de la modernité. Définitivement.