Depuis 1966, année de son lancement, le Ford Bronco s’est taillé une belle réputation aux Etats-Unis. Un nom mythique, comme celui de quelques modèles américains de légende, même si l’Europe n’a eu que trop rarement l’occasion d’y goûter. C’est désormais chose faite avec cette génération 2023 qui franchit l’Atlantique pour tenter de séduire les plus « hardcore » des pratiquants de tout terrain. En arrivant chez nous, il ne s’embarrasse cependant pas de compromis et on le sent toujours plus taillé pour le marché US plutôt qu’européen, du genre « étriqué » et encombré de SUV/crossovers qui ont le parfum d’aventure mais qui resteront bloqués en bas de la première côte un peu boueuse.
Même le mythique Range Rover vise désormais plus les belles avenues dubaïotes bling-bling ou les parkings « joueurs » de quelques stades de foot de renom, que les chemins boueux d’Ecosse ou… de Marche-En Famenne. Dès lors, il y a peut-être en effet une place à prendre pour un vrai 4x4 équipé de ce qu’il faut pour affronter avec toute la compétence nécessaire les terrains les plus hostiles. C’est d’ailleurs la voie suivie par Ineos avec son Grenadier qui occupe un terrain laissé vacant par d’autres. Voilà sans doute le concurrent tout désigné du Ford Bronco.
J’ai aimé Ford Bronco
Le look. Le Bronco affiche en effet les lignes de sa vocation. Porte-à-faux très courts, généreuse garde au sol (26 cm !), pneus clairement orientés vers le TT (BF Goodrich All-Terrain généreusement crantés), pare-brise vertical, contours cubiques,… Déjà rien qu’à l’arrêt, en l’observant, on devine un engin robuste apte à encaisser les traitements les plus durs, les plus exigeants.
Sur cette version Badlands, tout est fait en outre pour affronter le pire : verrouillage des différentiels avant et arrière, déconnection de la barre antiroulis pour plus de débattement de suspension (jusqu’à 26 cm !) lors des croisements de pont, 8 modes de conduite (4 routiers, 4 pour le tout terrain) regroupés sous l’appellation GOAT (ce qui ne signifie pas ici Greatest Of All Times, mais Goes Over Any Type of terrain), gamme courte… Avec sa coque posée sur un châssis échelle robuste, il peut faire face aux plus rudes traitements et cette aptitude au pire se ressent clairement une fois au volant. Le Bronco rassure.
Et encaisse. Il surprend aussi par la qualité de son comportement routier sur la route, avec notamment une direction infiniment plus précise que celle d’un Wrangler par exemple. Bien sûr, on sent les suspensions (Bilstein, carrément !) un peu figées sur les petites déformations mais globalement, sur l’asphalte, le Bronco sait se tenir, en gardant bien sûr à l’esprit qu’il s’agit bien d’un vrai 4x4, assez haut perché. J’ai aimé, oui, ce côté rassurant qui fait penser qu’on pourra aller au bout du monde quel que soit le type de terrain, quelle que soit la météo,… Voilà donc un vrai engin de franchissement que rien ne rebute.
Je n’ai pas aimé Ford Bronco
Le Ford Bronco ne fait donc aucune concession aux habitudes européennes lorsqu’il franchit l’Atlantique. Il est ainsi équipé d’un 2,7 litres V6 EcoBoost à essence de 335 ch et 563 Nm, accouplé à une boîte automatique 10 rapports. Et… il consomme. Un trajet de 400 km sur autoroute aux allures constantes et légales s’est en effet soldé par une consommation moyenne de 12 l/100 km. Impossible de descendre en dessous. Et dans la pratique, on est plus vers les 14, voire 15 l/100 km. Au prix actuel du sans plomb, ça représente vite un budget.
Et sur autoroute toujours, il faut savoir que le profil, qui n’a rien d’aérodynamique, associé aux éléments du toit amovible (comme les portes du reste) et aux crampons des pneus TT qui martèlent le sol comme des marteaux, génèrent un volume sonore dans l’habitacle qui n’a rien de reposant. Clairement, si c’est pour faire de l’autoroute, le Bronco n’est pas fait pour vous. Et pour un véhicule de 4,80 m, l’habitabilité, essentiellement à l’arrière, reste mesurée.
En outre, malgré mon 1,85 m, monter et descendre de l’engin demande un certain effort vu la hauteur d’assise très importante. Il faut se hisser à bord en agrippant une poignée, et se laisser tomber quand on en sort. Tant qu’on en est aux griefs, il faut aussi souligner que 80.000 € pour cette version Badlands, c’est conséquent et directement comparable à la somme demandée pour un Jeep Wrangler 4xe, hybride rechargeable. Technologie hybride dont est dépourvu le Bronco. Un Ineos Grenadier est environ 5.000 € moins cher que cette version Badlands.
Et donc ? Ford Bronco
Le Bronco – ici en version Badlands – ne ment pas sur sa vocation : à lui les grands espaces rocheux, les sous-bois boueux, les ornières profondes, les gués de 80 cm, les côtes « infranchissables », le sable, la caillasse, la neige,… Avec l’Ineos Grenadier, il fait partie des derniers vrais 4x4 aptes aux pires traitements. Il ravira les vétérinaires de campagne, les forestiers, les agriculteurs, les forestiers et tous ceux dont la mobilité doit être garantie quelles que soient les conditions. Tout en se comportant très valablement sur la route. Un engin plein de personnalité, qui ne fait jamais semblant et qui revendique son anachronisme. C’est pour ce côté « entier » qu’on l’aime !
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