Premier essai / Ford Bronco (2023) : Le Bad Boy américian arrive en Europe !

Après la seconde guerre mondiale, les américains se délectent des joies du véhicule tout-terrain, vouant un culte non dissimulé à la Jeep Willys - qui, soit dit en passant, a également été construite sous licence sous le nom de "Ford GPW". Ford saisit sa chance et lance le Bronco, en 1966.

Comme une sorte de SUV avant la lettre, il est bâtit sur un châssis robuste mais revendique une carrosserie et un habitacle plus évolués que ceux d’un simple utilitaire, même si l’accès à bord est toujours réduit à 2 (petites) portes. En trois décennies, quatre générations de Bronco verront le jour, jusqu’en 1996 où le modèle est purement est simplement mis à la retraite, remplacé par le (grand) Ford Expedition, plus cossu et en accord avec les considérations de la clientèle de l’époque.

Celà étant, les Broncos et leurs calandres verticales si singulières n’ont jamais vraiment perdu de leur popularité auprès du public. À tel point que près d’un quart de siècle après sa mise au placard, Ford a décidé de réintroduire le Bronco dans sa gamme (en 2021), et même de le commercialiser bien plus largement qu’auparavant, 

Carrosserie et dimensions Ford Bronco

Pour l'heure, l'Europe n'a droit qu'au Ford Bronco à cinq portes - alors qu'aux Etats-Unis, il existe également un modèle à trois portes avec un empattement plus court. Donné pour un peu plus de 4,8 m de long, 1,93 m de large au minimum et 1,85 m de haut, le Bronco est un solide gaillard qui ne passe pas inaperçu.

Sa silhouette cunéiforme et ses yeux globuleux font immédiatement mouche dans un environnement ou le design est souvent très (trop ?) travaillé tandis que ceux qui se souviennent du modèle originel – et ils sont apparemment plus nombreux qu’on le pense dans notre petit pays – percoivent généralement très rapidement le lien de filiation. Pour les autres, son patronyme est écrit en grandes lettres, sur la calandre… On ne peut pas faire plus identitaire.

En Europe, le nouveau Ford Bronco est disponible en version Outer Banks relativement civilisée (reconnaissable aux marchepieds latéraux) ou en Badlands plus orientée off-road, avec des pneus BF Goodrich à gros crampons et une suspension Bilstein spécifique dotée de plus gros débattements : 240 millimètres à l'avant et 261 millimètres à l'arrière (contre 200 et 215 millimètres pour les Outer Banks).

Intérieur et coffre Ford Bronco 

Au volant du Bronco, on domine bien évidemment l’environnement. Le pare-brise vertical et les vitres latérales qui descendent bien bas sur les portes renforcent la visibilité tandis qu’on n’a moins de mal à cerner les contours du nez qu’à bord d’un Jeep Wrangler, par exemple, du fait que les ailes avant remontent ici quasiment jusqu’au capot. Les deux poignées fichées à l’avant – officiellement dédiées à l’arrimage d’objets volumeux posés sur le toit, comme des kayaks ou un canoë – facilitent également les manœuvres en servant de point de repère aux extrémités. 

Pour profiter du beau temps, on peut aussi ôter les 3 panneaux de toit (2 au-dessus des sièges avant, 1 au-dessus de la banquette) et le hard-top (incluant la lunette de hayon) pour faire du Ford Bronco un vrai cabriolet. Une manipulation qui ne prendrait que 8 minutes selon Ford… un peu plus selon nous, sans oublier les clés idoines pour déboulonner le hard-top ainsi qu’un bel espace pour le déposer (à 2 personnes minimum).Les portes sont aussi amovibles et peuvent être logées dans le coffre, chacune emmaillotée dans sa petite housse. Ainsi dépouillé, le Bronco prend des allures de buggy des sables ! Mais attention, rouler sans portes reste totalement interdit sur nos voies publiques...  

Spécifications en performances Ford Bronco

En Europe, le Ford Bronco n'est livrable qu'avec un seul ensemble mécanique : un 2.7 V6 EcoBoost (à essence) couplé à une boîte automatique à 10 rapports. Pas de possibilité d'opter pour le 2.3 EcoBoost 4 cylindres (avec boîte manuelle à 7 rapports ou auto 10 rapports) ou le 3.0 V6 EcoBoost (auto 10) comme aux Etats-Unis.

Sur la route, le Bronco se meut avec assurance, même si son gabarit et son poids plutôt conséquent (entre 2,2 et 2,35 T) lui confèrent toujours une certaine inertie. Les 563 Nm du V6 (à 3100 tr/min) sont là pour garantir la souplesse tandis que les 335 ch ne sont jamais de trop pour assurer les performances. On apprécie l’onctuosité globale du système et la gestion plutôt réussie de la boîte automatique à 10 rapport. On est en revanche moins séduits par le bouton de sélection manuelle des rapports rajouté sur le levier (un dispositif plutôt old school !) et par le feeling de la pédale de frein, toujours un peu spongieux.

Côté châssis, on sent que le Bronco est apte à tout encaisser – autant dire qu’un nid de poule ou un dos d’âne ne sont pour lui que des formalités ! – mais cette caractéristique s’obtient au prix d’un amortissement global un peu rustique. Comprenez par-là que l’essieu rigide à l’arrière a souvent tendance à sautiller sur les revêtement légèrement ou moyennement dégradés tandis que le train avant reste un peu plus flottant que celui d’un vrai SUV sur les bitumes pas tout à fait lisses.

Pour l'off-road, la transmission intégrale du Bronco Badlands est plus évoluée, avec un différentiel avant verrouillable (contrairement à celui toujours ouvert du Outer Banks) de série, un mode 4WD auto et un Terrain Management System – regroupant la gestion de la transmission, des différentiels et des assistances – un peu plus étoffé, dans lequel on retrouve par exemple des modes Rock Crawl et Baja (comme sur le Ranger Raptor). Pour le franchissement, il reçoit également une barre antiroulis avant complètement déconnectable ainsi que des renforts ciblés sur le soubassement.

Prix Ford Bronco

En Europe, le Ford Bronco n'est donc disponible qu'en cinq portes, propulsé par un V6 2.7 de 335 ch et proposé en versions Outer Banks ou Badlands. Dans les deux cas, l'équipement est assez complet, avec une sellerie cuir/similicuir de série, des sièges avant chauffants et réglables électriquement, une climatisation automatique bi-zones, un système multimédia/navigation à 10 haut-parleurs, des caméras 360 degrés... et bien plus encore. Le crochet de remorquage est toujours en option (1200 €) et permet de tracter jusqu'à 1250 kg (ou même plus si la remorque est freinée). Il est toujours escamotable, pour préserver les capacités au tout-terrain. 

Le Ford Bronco est un beau jouet pour l'amateur de tout-terrain, mais il n'en reste pas moins qu'avec ses prix de 76 700 € euros (pour la version Outer Banks) ou 80 700 euros (pour la Badlands), il tend plus aujourd'hui vers la voiture de luxe que vers l'utilitaire à vocation familiale qu'il était à l'origine... Et puis, on n'a même pas évoqué sa consommation, toujours bien supérieure à 12 l/100 km, ni ses émissions de CO2, validées à plus de 300 g/km, qui vont lui coûter (très) cher dans notre système fiscal !

Ford Bronco - Verdict Moniteur Automobile

Ford croit au succès international du Bronco... mais reste très prudent sur le nombre de véhicules alloués à l'Europe. En Belgique, ce chiffre est même tenu secret pour éviter le bad buzz et faire monter la sauce côté client. Une chose est sûre, on n'est pas prêt de voir plus de Bronco que de Fiesta sur nos routes !

Si vous en croisez un, faites un voeux ! Et si vous en êtes l’heureux (ou futur) propriétaire, faites nous le plaisir de l’emmener de temps en temps se dégourdir les pneus hors bitume, ou de partir à l’aventure, façon american way of life… Car c'est là que les talents du Bronco émergent !