Une voiture intéressante n’est pas nécessairement issue de la gamme d’un constructeur prestigieux. Une Porsche puissante, une Tesla hypermoderne ou une Bentley opulente, bien sûr, tout cela semble tellement évident. En tout cas d’un point de vue image de marque et frime. Mais une automobile intelligente ou maligne peut très facilement séduire, aussi. Et la Fiat Tipo, n’en déplaise à certains, est une voiture intelligente.
Non pas que la berline italienne soit un miracle technique et une révolution stylistique, mais le concept d’une voiture neuve au prix d’une bonne occasion, ce qui intéressera une majorité d’automobilistes m’enthousiasme au plus haut point. Simplement très sensé. Avant Fiat, Dacia a poussé la réflexion aux limites, mais dans le cas de la Tipo on a droit à une couche de style à l’italienne en plus. On peut aimer les restaurants étoilés, mais réclamer (et raffoler) d’un bon plat de pâtes sauce bolognaise et basilique ! Quand le facile et bon marché plaît, c’est tout le génie de la simplicité.
La Fiat Tipo vit un joli parcours. Elle survit même au plus impitoyable des grands patrons de l’automobile, feu Sergio Marchionne qui jurait encore, lors de sa dernière assemblée des investisseurs à Turin : «Si les exigences en matière d’émissions deviennent trop coûteuses (lire: bien sûr !), alors la Tipo quittera l’Europe ! Marchionne n’est plus. Les normes obligatoires en matière de CO2 ont été mises en place. Et la Tipo reste.
Chouette
La version «Sport» de la Tipo surfe sur cette vague de «faire du beau/bon avec des ingrédients simples» Une couleur flamboyante – baptisée rosso seduzione, ils ont toujours l’art de la drague, ces Italiens ! – nuancée par des rétroviseurs et des poignées de porte noir, un petit spoiler de toit et des jantes de 18’’, basta ! Bref, on aime se montrer à bord de cette Tipo.
À l’intérieur, le tableau de bord noir brille comme si on venait de le badigeonner d’un produit rénovateur de plastique, mais les yeux se concentrent surtout sur la station multimédia UConnect, parfaitement intégrée à l’ensemble et graphiquement «raccord» (couleurs) au reste. Dans le même esprit, les sièges utilisent des matières synthétiques peu nobles, mais leur dessin (nervuré) est agréable à l’œil.
Sous le capot, notre Tipo Sport est bien servie par le 1.4 de 120 ch, un moteur que l’on a déjà rencontré, par exemple, dans la 124 Spider. La Tipo atteint 100 km/h en moins de 10 s, ce qui garantit un dynamisme appréciable au quotidien, sans plus. Un bon moulin, quoi, ni trop gros ni trop petit et dont les taxes restent contenues.
Même sa tenue de route nous a surpris. À la base, le châssis n’a rien de prometteur, le budget alloué à son développement excluait toute idée d’amortissement actif et même de suspensions multibras à l’arrière, mais malgré tout la Tipo tient remarquablement le parquet, signe d’un bon réglage de ses dessous de Fiat 500L. Pas de quoi aller humilier des références-stars, mais, par exemple, tout à fait au niveau d’une Hyundai i30.
Dommage
Le dénominatif Sport est plusieurs fois usurpé, mais en particulier au niveau de la boîte de vitesses à 6 rapports. Sur grand axe, passe encore, mais en ville, où sa manipulation est incessante, c’est le cheveu dans l’assiette de pâtes… Non seulement le levier semble baigner dans la plasticine, mais en plus les débattements sont d’une longueur excessive. On conseille aux tennismen droitiers de rouler en Tipo Sport, il se feront un avant-bras sans aller à la salle.
Le châssis est bon, nous le saluions plus haut, mais il est gâché par une adhérence précaire. Le train avant supporte encore assez bien les appuis, mais les pneus déclarent vite leurs limites, surtout lorsque la route est humide. Le jeu n’est alors plus de passer au plus vite, mais de juste s’assurer que cela passera, point barre. La direction assistée est aussi une partisane du moindre effort. Pas directe pour un sou, on mouline le cerceau sans arrêt… Bref, les pneus en plus de cette direction dans le sinueux et les changements d’appui, c’est du sport, mais pas celui qu’on attendait.
Avec sa présentation réussie, la Tipo Sport brouille un peu le positionnement initial du modèle, à savoir une berline low cost avant tout, mais bien présentée. Peut être trop bien dans ce cas, avec une note grimpant au sommet de la gamme, à 24.890 €, ce qui n’est plus le prix d’une voiture sans prétention, au contraire.
Et donc ?
Si l’on devait comparer cette Tipo à un sport, ce serait la pétanque ou le curling. Faut pas rêver. Pour la clientèle des milléniaux (génération Y) et tous les jeunes qui considèrent la voiture comme un coût et une nuisance, il existe bien un potentiel pour la Tipo, mais alors dans le cas des versions Pop ou Street, plus accessibles, qui en offrent beaucoup pour pas trop cher. Or cette Sport sort en quelque sorte de sa sphère de compétence en voulant séduire les amateurs d’image et de style, et à qui elle réclame pour cela près de 25.000 euros. À ce tarif on trouve déjà des Ford Focus RS... d’occasion. C’est l’histoire du serpent qui se mord la queue…
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