Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Aujourd’hui, Xavier Daffe, rédacteur en chef du Moniteur Automobile, nous raconte son expérience au coeur du Grand Prix de Belgique de Formule 1.
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En tant que journaliste automobile, je m’intéresse bien évidemment de près au sport auto et moto, qu’il s’agisse du WRC, du WEC, du MotoGP (3 disciplines que j’adore) mais aussi bien sûr à la F1 même si, en l’occurrence, je suis moins fan de son côté égocentré, cloisonné, petit monde de l’entre-soi, de l’arrogance et du fric pour le fric. Ces 20 pilotes sont bien sûr tous excellents, certains plus que d’autres et être «un fils de» n’a jamais constitué une garantie de pouvoir monter le Raidillon à 300 km/h. Vous et moi, on aurait sans doute déjà toutes les difficultés du monde à simplement sortir une F1 de son box. Soit.
Donc, oui, à l’invitation d’Alpine F1 Team, j’ai assisté au dernier Grand Prix de Belgique à Spa. Les conditions de l’invitation étaient bien sûr optimales, avec parking VIP, shuttle, loge, bulles, petits fours et vue imprenable sur le Raidillon depuis le toit. Des conditions privilégiées, j’en suis parfaitement conscient. Mais je ne suis pas resté enfermé dans cette bulle hors du temps et après quelques coupettes, je suis redescendu dans le paddock, j’ai retraversé le tunnel (à pied…) et je me suis baladé dans la fan zone où régnait une ambiance de festival avec scène, DJ, échoppes en tous genres, bars, friteries, pain-saucisse… Bien sûr, le merchandising de la F1 y tourne comme une horloge et les stands de vente de casquettes ne désemplissent pas. Encore que ça dépende desquels on parle: visiblement, à observer les files d’attente pour s’en procurer une à minimum 50 euros, Max Verstappen fait plus recette que Nicholas Latifi!
C’était d’ailleurs dingue de voir cette «Oranje Army» descendue de ses terres basses du Nord pour recouvrir les pourtours du plus beau circuit du monde de leur couleur nationale. Entre les effluves de bières chaudes, d’huile de friture, de transpiration, cet accent si marqué et ces bobs improbables qui sont à la mode ce qu’un V12 peut être à un écolo ou un T-bone steak à un végan, l’ambiance est chaude, on sent cette verve palpable et ce bonheur d’être là, simplement, comme des retrouvailles après une année 2021 catastrophique. La nouvelle grande tribune au sommet du Raidillon offre de fait une vue absolument imprenable depuis la sortie de la Source et, de sa rambarde, on ne compte plus les selfies, les groupes d’amis qui, fans de Ferrari, de Mercedes ou… de Max Verstappen, viennent se prendre en photo avec la forêt d’Ardennes en arrière-plan. C’était la première fois que je m’installais dans cette tribune et il faut admettre qu’elle apporte un réel plus pour les spectateurs, même si l’ancien chalet de l’EBRT a pour cela dû être démoli. Honnêtement, à force de me balader ainsi, je n’ai pas vu grand-chose de la course elle-même: pas grave, il paraît qu’à part la chevauchée fantastique de… Max Verstappen, il ne s’est pas passé grand-chose. Mon choix était donc le bon.
Mais mon expérience humaine la plus inattendue a eu lieu plus tard, bien après l’arrivée et dans une petite friterie sur le chemin du retour. Alors que je déguste un excellent Poulycroc sauce Bicky, je remarque à mes côtés deux jeunes filles dont l’une porte un t-shirt aux (anciennes) couleurs du team Mercedes. Et elles remarquent mon cordon et mon badge VIP autour du cou. Évidemment, la conversation s’engage: «Vous venez d’où?» «De Wasquehal, dans le Nord de la France», répondent-elles avec un petit accent ch’ti de derrière les fagots. Elles aussi mangent une frite avant de se taper les deux heures de route. L’une est assistante sociale, l’autre aide-soignante dans un home pour personnes âgées (un EHPAD, comme on dit en France). Autrement dit, elles ne gagnent pas lourd. Et pourtant, elles n'ont pas hésité à sortir 300 euros de leurs économies pour deux billets premier prix pour le GP. «On a essayé de voir Hamilton, on est fans absolues, mais on n’a pas réussi. Pas grave, on a kiffé l’ambiance pour notre première fois à Spa. C’était génial. On essayera de revenir». Oui, l’ambiance à Spa était géniale, sans doute plus dans le public que sur la piste. Mais c’est aussi pour ce public-là que la F1 devrait se montrer plus ouverte. Lewis, si tu croises une fois ces deux fans, arrête-toi ne serait-ce que 30 secondes.
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