Opinions / Rédacteur sans filtres - Ours mal léchés

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Aujourd’hui, Klaas Janssens - journaliste du Moniteur Automobile - sur le sentiment d'impunité qui semble habiter nos amis cyclistes sur la voie publique.

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Plus une voiture est grosse et chère, moins le conducteur fait preuve de bonnes manières. Dans l’absolu, c'est un cliché. Jusqu’à ce vous tombiez sur une BMW dont les clignotants ne fonctionnent jamais ou une Mercedes tellement collée à vos basques que vous ne voyez plus que son étoile dans le rétro. Après 20 ans de navette Anvers-Bruxelles, j’ai appris à repérer à 100 m ces ours du volant qui, sous prétexte de rouler dans des véhicules de standing, estiment avoir plus de droits que vous. En psychologie, on les appelle des asociaux. Après, chacun a sa sensibilité. Si un X6 vous coupe la route, c’est forcément un rustre au volant. Si une Citroën Berlingo fait de même, c’est plus probablement quelqu’un qui ne l’a pas fait exprès. C'est un peu comme la fonction de correction automatique de votre smartphone : notre cerveau n'a besoin que de quelques éléments pour définir la suite.
Cela fonctionne aussi dans l’autre sens. Lorsque j’utilisais il y a peu une Mercedes GLC Coupé d’essai, dans le plus grand respect des autres, je constatais qu’on me laisse moins facilement passer à un croisement, ou que les cyclistes semblent plus susceptibles lorsque je ne fais que prendre ma priorité. Après tout, c’est humain.

«NOTRE CERVEAU N'A BESOIN QUE DE QUELQUES DÉTAILS POUR VALIDER UN CLICHÉ»

Depuis peu, de nouvelles formes de supériorité, de priorités de bitume, sont apparues dans le monde de la voiture électrique. Enfin, « nouvelles », pas vraiment, on connaît déjà ça dans le monde du vélo. Jusqu’il y a peu, la Porsche 911 de la petite reine, c’était le vélo de course en carbone. Or, aujourd’hui, au sommet du règne cycliste, il y a le vélo-cargo dont les nouveaux conducteurs, tellement convaincus de faire un effort pour la planète, s’accordent le droit d’occuper plus aisément toute la voie de circulation. Ils imposent également leur gabarit hors normes aux cyclistes classiques, en occupant toute la piste cyclable, jusqu’à forcer des minots de 5 ans à se pousser… En se garant devant un râtelier (sur lesquels vous calez la roue avant de votre deux-roues), un vélo-cargo peut bloquer trois ou quatre places de vélos normaux. Et il en suffit de deux ou trois pour bloquer tout un large trottoir et une entrée d’école. Mais bon, restons indulgents. Peut-être ces cargo-cyclistes se rendent-ils compte que leur camion à deux roues est, finalement, tout sauf pratique à garer… en dehors d’un trottoir rarement prévu pour accueillir plus de deux ou trois de ces bakfietsen…

Aujourd’hui, cette forme de privilège à l’espace (qui n’en est pas un), certains possesseurs de voitures électriques la revendiquent. Par exemple en se garant sur une place de recharge… sans recharger, ce qui frustre particulièrement un autre propriétaire de voiture électrique à court de courant. Pour avoir essayé plus longuement une Citroën 100 % électrique, et être tombé à plusieurs reprises sur ce type d’abuseurs, je confirme : c’est profondément énervant. C’est humain ? C’est surtout très bête.