Opinions / Rédacteur sans filtres - Je préfère le Mans à la Formule 1

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Aujourd'hui, c'est au tour de Werner Van Kerckhoven, qui loue le mélange unique d'héraldique et de tragique des 24 heures du Mans.

Il y a une poignée d'événements sportifs annuels que je coche toujours dans mon agenda avec une grosse boule rouge. Et c'est frappant : trois d'entre elles se déroulent en France, à savoir Paris-Roubaix, le Tour de France et... les 24 heures du Mans. Il doit y avoir quelque chose de bien chez nos voisins du sud... Ou bien l'ASO et l'ACO - respectivement organisateurs des courses cyclistes et de la course de 24 heures - sont-ils surtout des maîtres du marketing ? Car, il faut bien l'admettre, tout le buzz qui les entoure contribue certainement à l'attrait de ces courses.

D'autre part, personne ne peut nier que Le Mans a un statut spécial et unique, incomparable avec les autres rendez-vous du calendrier du WEC. Les 24 heures du Mans sont l'un des derniers événements automobiles qui conserve une lueur de la grandeur et de l'excitation du tour de force automobile d'antan. Un défi pour l'homme et la machine au plus haut niveau, où chacun veut briller. En d'autres termes : spectacle et rebondissements inattendus garantis.

Ainsi, le samedi 11 et le dimanche 12 juin, j'étais fidèlement devant la télévision - pas 24 heures d'affilée, bien sûr, mais une demi-heure de temps en temps, assez pour y être à chaque fois. Car c'est là tout l'intérêt d'une telle course de 24 heures avec des voitures de haute technologie : son caractère imprévisible. Personne ne sait si les voitures qui mènent la danse la nuit le feront encore à l'aube.

En outre, le large éventail de concurrents et les grandes différences de vitesse - et de talent - font qu'il se passe toujours quelque chose quelque part sur la piste. Même si les positions dans les quatre catégories ne changent pas, il est tout simplement spectaculaire de voir comment les pilotes les plus rapides doivent se frayer un chemin au milieu des doublés. Parfois ça passe, parfois ça casse - l'image des dernières 24 heures a été la façon dont Alexander Sims dans sa Corvette GT PRO a été catapulté dans la glissière de sécurité par une manœuvre imprudente de François Perrodo dans la LMP2 AF Corse.

Bref, même dans une édition " ennuyeuse " comme celle de 2022 (la victoire de Toyota était inscrite dans les étoiles), les 24 heures du Mans restent un mélange unique d'héraldique et de tragique, qui s'est longtemps perdu dans d'autres épreuves de sport automobile. Il est très bizarre que les médias européens n'apprécient pas un peu plus cet événement, surtout quand on sait le prestige et la réputation dont jouit Le Mans ailleurs dans le monde.

À cet égard, la bonne nouvelle est qu'à partir de l'année prochaine, un grand nombre de nouveaux concurrents feront leur entrée, sous la forme de diverses équipes d'usine. Mais l'événement ne doit pas non plus devenir trop gros selon moi ; la dernière chose dont Le Mans a besoin est de devenir un cirque médiatique orchestré comme la Formule 1.