Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Aujourd’hui, Laurent Blairon - rédacteur au Moniteur Automobile – se demande si aimer la vitesse a encore un sens.
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Récemment, j’accompagnais un ami en Allemagne afin d’aller admirer une belle occasion. Évidemment, dès la première roue posée en territoire germain, sanctuaire des bolides, il écrase le champignon de son 2 litres turbo. Ce qui n’est pas pour me déplaire, du moins au début. Aiguille à 150, 180, 200 km/h et même beaucoup plus. Or, très vite, lassé par le silence à bord imposé par la tension nerveuse de la conduite rapide, je lui lance: « Ho, calmos, on a le temps ! ». Et lui de répondre : « Quoi ? T’as peur ? Pour une fois que l’on est libre de le faire ! ». Non, je n’ai pas peur, cela m’ennuie, c’est différent. Les voitures sont tellement confortables et insonorisées que cela ne me procure plus de sensations. Rien à voir avec la Peugeot 305 GTX d’un voisin avec laquelle, dans les années 90, c’était le grand frisson à 180 km/h compteur !
Heureusement, mon répit nous saute au nez sous la forme d’un chantier autoroutier. Changement de rythme, on quitte l’Autobahn pour s’en remettre au jeu de piste proposé par Waze. D’humeur taquine ce jour-là, je relance : « Alors, t’as vu, à quoi ça servait de filer à 230 km/h ? ». Réponse : « À rien, mais c’est bon ! ». Je remets une couche de bien-pensance : « Tu ne préfères pas aller sur circuit lors des journées libres, pour pilonner tranquillement ? ». Réponse : « T’es fou, les circuits, ça détruit tout : les freins, les pneus, les jantes ! Avec l’adrénaline, t’en as plein qui sur-pilotent et provoquent des crashes. Et c’est moins marrant, y a trop de règles. ». Je sais et c’est aussi pour cela que je ne suis pas un ardent défenseur de la conduite sur circuit. Je m’ennuie vite à y « tourner en rond ». Cela me rappelle toujours mon regretté hamster, zig-zag, que j’admirais sprinter dans sa roue… sans bouger de sa cage. La pauvre bête n’en peut rien, c’est inscrit dans son ADN : courir vite, c’est fuir les prédateurs. Et nous, alors ? On file comme des dératés au boulot pour revenir dans notre lit, au même endroit, tous les jours. Alors, pourquoi rouler si vite ? Pour fuir notre ennui et décharger nos frustrations, ce qui est tout aussi instinctif.
Sur le parcours qui nous emmène en Allemagne ce jour-là, nous gagnerons 20 minutes sur la camionnette-plateau qui nous accompagnait (à distance) pour ramener l’auto convoitée par mon ami. En d’autres mots : rien. Son achat en question est un bolide encore plus véloce que celui qui nous a emmené aujourd’hui. Fier, il m’annonce : « Cet été, je repasse par ici pour aller en Italie, ça va dépoter ! ». Si vous le voyez débouler dans votre rétro, lui et tous les autres qui passent par l’Allemagne pour rejoindre le Sud, ne leur en voulez pas de profiter de l’une des dernières possibilités d’aimer légalement (et « gratuitement ») la vitesse. Bonnes vacances !
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