Connectez-vous

Se connecter avec Facebook

ou

Vos identifiants sont incorrects.
Je me connecte Mot de passe oublié ?
Aucun compte Facebook n'est lié au site, veuillez vous inscrire.

Mot de passe oublié ?

×
Réinitialiser mon mot de passe
Nous vous enverrons un email pour la réinitialisation de votre mot de passe.
Aucun compte n'est lié à cet email.

Vous n’avez pas encore de compte ?
INSCRIVEZ-VOUS GRATUITEMENT.

Opinions / Rédacteur sans filtre - Tous coupables ?

Rédigé par Olivier Duquesne le 28-04-2023

Olivier Duquesne, journaliste du Moniteur Automobile, s’interroge sur le message que veut faire passer le ministre de la Mobilité en matière de sécurité routière et sur la vitesse en particulier. Est-il aveuglé par les chiffres ?

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Aujourd’hui, Olivier Duquesne s'inquiète de la récupération d'une étude de Vias pour encore et toujours se focaliser quasi uniquement sur la vitesse.

LIRE AUSSI - Tous les sujets des Rédacteurs sans filtre

Le ministre fédéral de la Mobilité Georges Gilkinet (Écolo) s’est étonné fin mars 2023 du nombre de personnes dépassant les limitations de vitesse sur nos routes : environ 1 sur 2. Surtout, il prend le prétexte des grands excès de vitesse pour fustiger « le problème culturel de la vitesse avec la Belgique ». N’y a-t-il pas aussi un problème culturel du côté des décideurs politiques ? Les limitations sont de plus en plus strictes et contrôlées. Ce qui, forcément et logiquement, a pour effet d’augmenter le nombre d’automobilistes en « infraction ». D’ailleurs, la récente brouille entre la Région bruxelloise et la commune d’Uccle pour la disparition des panneaux 50 à l’avenue Churchill qui passe à 30 km/h*, montre que le gestionnaire de voirie préfère restreindre et sévir au lieu d'investir dans une infrastructure sûre pour tous les usagers. Et n'espérez pas une remise en question. La preuve : la récente décision de bientôt autoriser les cyclistes à éviter les pistes cyclables « impraticables » montre bien le peu de moyens consacrés à l’entretien des réseaux routiers, cyclables et pédestres. Et même sur la route, les cyclistes (surtout en Wallonie) n’échapperont pas aux nids-de-poule susceptibles de les envoyer à l’hôpital comme le malheureux Tadej Pogačar durant Liège-Bastogne-Liège.

Problème du 90 km/h

L’étude de Vias sur laquelle s’appuie le ministre Écolo pour annoncer un plan antivitesse indique que les zones 30 sont les moins respectées : 77,8 % des conducteurs contrôlés par Vias fin 2021 dépassaient les 30 km/h, avec une vitesse moyenne de 47,2 km/h pour 85 % des usagers motorisés (V85) et une vitesse moyenne globale de 38,3 km/h. Là où la vitesse est limitée à 50 km/h, 51,2 % des conducteurs la dépassent avec une vitesse moyenne de 51,5 km/h (V85 de 59,7 km/h). Le 70 km/h et les 120 km/h sur autoroute sont mieux respectés avec respectivement 41,6 % et 43,7 % de conducteurs mesurés au-delà de la limite pour une moyenne de 69,2 km/h et 119,1 km/h. Outre les zones 30, le problème, c’est le 90 km/h selon la dialectique ministérielle. En 2012, 26 % des conducteurs dépassaient cette limite, actuellement, ils sont 54 %, avec une vitesse moyenne de 93,2 km/h et un V85 de 106,1 km/h. Sur papier, c’est problématique. MAIS ! Ceux qui conduisent en Belgique ont vite compris que de nombreux tronçons à double voie de circulation non autoroutiers autrefois à 120 km/h sont depuis passés à 90 km/h, parfois avec une réduction du nombre de bandes à coup de jolies lignes blanches.

Plus on contrôle, plus il y a de contrevenants

C’est là que se trouve l’escroquerie du discours officiel. La vitesse est un vrai problème de sécurité routière, on est d’accord. Encore faut-il s’entendre sur la notion de vitesse. Est-ce le dépassement de la limite imposée ou celle largement au-delà des clous du raisonnable ? Car le fameux V85, à savoir la vitesse choisie par 85 % des conducteurs, n’est-il pas un meilleur indicateur que la signalisation routière sur la vitesse respectable ? Croire que 85 % des automobilistes sont des fous furieux, c’est un manque de respect et, surtout, un manque total de remise en question. D’autant que les chiffres de mortalité, forcément éloignés du mythe « zéro mort sur les routes » tout aussi utopique que le « zéro mort dans les escaliers », suivent une courbe descendante… pour les automobilistes. D’autres usagers - les cyclistes en particulier - sont devenus, dans les statistiques, beaucoup plus vulnérables. D’abord parce qu’ils sont plus nombreux à utiliser la mobilité douce. Ensuite parce que l’infrastructure ne s’est pas adaptée à cette évolution. On revient au manque de moyens et de volonté d'apaisement. Puisque les aménagements ne sont pas faits dans un but de partage de la route, mais pour les uns à l'encontre des autres (comme ce fut le cas autrefois pour favoriser la voiture). Le monde parlementaire joue bien trop souvent au parent odieusement paresseux et indigne préférant son confort personnel à celui de ses enfants. Quitte à les punir par réflexe et à mettre l’équilibre familial en péril.

Éducation et apprentissage de la conduite

La diatribe du ministre Gilkinet est symptomatique d’une certaine vision de la gouvernance. On préfère durcir les règles plutôt que comprendre et analyser l’échec d’une politique. Il y a un manque évident de confiance envers le citoyen lambda (le gros de la fameuse cloche gaussienne de la « loi normale » utilisée en probabilité et adaptée en sociologie). La V85 est généralement un bon indicateur du comportement des personnes « normales ». Ce qui veut dire qu'à la marge du V85, il y a évidemment des malades mentaux qui ne respectent rien. Qu’ils aient encore ou plus (ou jamais eu) leur permis, les règles, ils s’en contrefichent. C’est avant tout un problème d’ego et d’éducation, qui finit parfois en vol plané dans une salle de sport. Ces gens-là ne doivent plus jamais avoir de volant ou de guidon entre les mains. À moins d’un véritable, sincère et sérieux travail sur eux-mêmes. À la seule condition qu'en parallèle, la Justice soit implacable avec des punitions exemplaires. Elle doit aussi avoir les outils et les moyens pour contrôler les conducteurs problématiques et bannir de nos routes ceux qui sont totalement irrécupérables, pour protéger les citoyens. 

Nous ne sommes pas fous

Pour la majorité des automobilistes, le (léger) dépassement de la limite fixée n’est pas forcément criminel. Mais il est parfois imprudent, il est vrai. La signalisation routière étant peu en cohérence avec le terrain, il y a un estompement de la perception du danger. De plus, la monotonie du 70 km/h sur une 4 bandes en rase campagne peut pousser le cerveau à la rêverie ou à la tentation de la distraction, notamment celle du smartphone. Il est indispensable de repenser le paradigme de la sécurité routière et de son apprentissage. Il est nécessaire d’harmoniser les règles, de revoir la hiérarchie du réseau, d’investir dans l’infrastructure et de mener un apprentissage de la conduite qui n’est pas juste légaliste. Il faut aussi apprendre aux futurs conducteurs à maîtriser un véhicule, à percevoir le danger, à anticiper… Bref : leur apprendre à conduire, tout simplement. Peut-être qu'ils ne seront plus traités alors comme de vulgaires fous du volant.

* Si vous circulez souvent en Région bruxelloise, méfiez-vous, depuis le début de l’année 2023 de nombreux axes qui étaient maintenus à 50 km/h sont passés à la règle générale du 30 km/h. Il y a aussi des tronçons à 70 km/h qui sont passés à 50 km/h. Vérifiez bien la signalisation.

Web Editor - Specialist Advice

NE MANQUEZ RIEN DE l’ACTU AUTO!
Derniers modèles, tests, conseils, évènements exclusifs! C’est gratuit!

Je m’inscris

Actus

Dernières actualités recommandées