Opinions / Rédacteur sans filtre - Les fous furieux

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Aujourd’hui, Olivier Duquesne, journaliste au Moniteur Automobile.

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D’un côté il y a la fiction où (presque) tout est permis dans un cadre contrôlé et narratif. De l’autre, la vraie vie. Celle où l’on peut blesser, tuer et mourir pour de vrai. Les fans de « Fast & Furious » devraient être les premiers à le savoir après le décès accidentel de Paul Walker. Pourtant, il semblerait que cette saga cinématographique inspire toute une tribu pour s’emparer de rues de quartiers pour leurs courses illicites, comme dans les films. Parmi les coins régulièrement confrontés à ces épreuves pirates et rodéos, Angelino Heights, quartier historique proche du centre-ville de Los Angeles. C’est là qu’habite, dans le scénario, Dominic Toretto, personnage phare joué par Vin Diesel (mais où est sa vignette Crit’Air ?). Cette partie de la Californie est donc régulièrement utilisée comme décor dans les films. D’où l’envie d’une faune sauvage de reproduire ce qu’elle a vu sur l’écran. Au grand dam des riverains qui craignent le tournage de l’épisode suivant.

Après avoir vu Spiderman, j’espère que vous n’avez jamais envisagé de vous jeter du haut d’un immeuble pour sauver la veuve et l’orphelin. C’est stupide n’est-ce pas ? À moins de vouloir gagner le Darwin Awards de l’année. Car dans une série, un clip ou un film, il y a des trucages, des astuces, des professionnels, des précautions. Un environnement contrôlé, parfois virtuel, qui ne peut se reproduire un vendredi soir avec une bande de « potes ». Car malheureusement, les rodéos urbains coûtent parfois la vie, non pas uniquement aux auteurs et « spectateurs » de ces jeux fumeux, mais à des personnes, et même des enfants, qui avaient le malheur de passer par là. La France est confrontée aux mêmes genres de comportement depuis les années 70, mais en pleine recrudescence à cause notamment de certains clips vidéo et de… « Fast & Furious ».  

La police semble avoir du mal à contrer ce phénomène. Alors qu’il y a là un comportement forcément criminel. Des courses sauvages sur la voie publique, au milieu de zones résidentielles, sont sans excuse. Aucune ! Il existe des jeux très réalistes, des structures adaptées et des journées sur circuit pour se lâcher. Il pourrait même être possible de monter des événements pour se réserver des espaces contrôlés et sécurisés en prévenant les autorités, avec les autorisations ad hoc (mon capitaine). Au pire, si la vitesse, les burn-out, les donuts et les roues arrière vous grisent à ce point, il reste la possibilité de vous lancer dans une carrière de pilote ou de cascadeur professionnel. Les seuls avec assez de plomb dans la cervelle pour prendre des risques calculés afin de vous faire vibrer devant l’écran à goûter aux plaisirs interdits bien caler dans votre sofa ou le fauteuil du cinéma.