Opinions / Rédacteur sans filtre - Lancia et calandres lumineuses

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Aujourd'hui, c'est au tour de Kevin Kersemans, qui suit avec suspicion la renaissance annoncée de Lancia.

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Permettez-moi de faire une petite confession : bien que je me considère comme un passionné de voitures en général et que j'essaie de regarder le monde automobile avec la perspective la plus large possible, j'ai un faible pour Lancia depuis mon enfance. Un parti pris plutôt irrationnel selon certains, qui me donnent parfois l'impression de devoir m'en justifier. Pourtant, la marque fondée en 1906 par Vincenzo Lancia a une histoire très riche (mais aussi mouvementée). La première voiture de série avec une carrosserie autoportante, avec un moteur V6 ou avec un aileron repliable ? Toutes des Lancia, respectivement des années 1920, 1950 et 1980 !

Et il y a encore quelques exemples, même si je ne prétends pas que - surtout depuis que la marque est passée sous les ailes de Fiat - aucune décision discutable n'a jamais été prise à Turin. Mais en outre, à ce jour, Lancia est toujours la marque qui compte le plus grand nombre de titres de champion du monde des rallyes à son actif. Et puis, bien sûr, il y a le design, qui, à quelques exceptions près, a toujours été un parangon d'élégance discrète avec une touche typiquement italienne. On ne peut pas discuter des goûts et des couleurs, bien sûr, mais Lancia n'a pas été élue meilleur constructeur automobile de tous les temps par le magazine britannique Top Gear il y a quelques années pour rien.

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Juste pour dire que le 28 novembre, malgré l'heure ridiculement matinale, j'ai sauté dans un avion pour l'Italie avec enthousiasme, non seulement dans la perspective d'un bon cappuccino, mais aussi pour assister au "Lancia Design Day", à l'occasion du 116e anniversaire de la marque. Le grand patron Luca Napolitano et le responsable du design Jean-Pierre Ploué n'y ont pas encore dévoilé de nouveau concept-car, mais ils ont dévoilé la direction du design qu'ils prendront pour les trois modèles qui sont censés revitaliser la marque dans les années à venir après qu'elle ait été rayée de la carte par feu Sergio Marchionne parce qu'elle "n'avait pas assez d'attrait international »

Mais quelqu'un attendait-il réellement la renaissance de Lancia ? Voilà une première question que l'on pourrait se poser, d'autant plus que DS, marque sœur de Lancia depuis la formation de Stellantis, a tout de même un peu pêché dans le même livre de recettes. Les Italiens ont continué à acheter en masse la petite Ypsilon, mais il est évidemment souhaitable qu'ils fassent de même avec les futurs nouveaux modèles... et que le reste de l'Europe suive. Les responsables font de leur "Italianità", ou "italianité", un argument de vente essentiel, auquel, pour être honnête, je ne suis pas insensible. Mais maintenant que l'ancienne FCA semble avoir été rachetée par feu PSA plutôt qu'on ne peut parler de fusion, ces nouveaux modèles sont appelés à reposer - pour la première fois - sur une base non italienne, en l'occurrence française. Et le designer en chef est lui aussi déjà originaire du pays des baguettes et des jeux de boules.

L'éclairage LED offre de nombreuses possibilités... mais cela signifie-t-il que vous devez obligatoirement les exploiter ?

Maintenant, a priori, j'ai confiance en cela. La "sculpture" conçue par Ploué, qui devrait donner un aperçu de l'orientation future du design, est en soi une belle œuvre d'art et contient en effet de nombreux traits et références aux modèles Lancia historiques. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'un non-Italien dirige le département design de Lancia - pensez à l'Américain Michael Robinson au début du siècle. Et le fait que Ploué se soit effectivement déplacé à Turin pour s'imprégner de l'atmosphère italienne est quelque peu rassurant.

Et pourtant, il y a une chose qui m'irrite déjà énormément et dont j'espère secrètement qu'elle ne se retrouvera pas dans les modèles de série finaux : cette calandre lumineuse... Certes, avec beaucoup de bonne volonté, on peut y voir une interprétation moderne des grilles de radiateur des modèles Lancia classiques, mais je la trouve personnellement terriblement kitsch et donc particulièrement peu Lancia et par extension peu italienne. En effet, l'éclairage LED offre de nombreuses possibilités... mais cela signifie-t-il que vous devez obligatoirement les exploiter ?

Maintenant, je suis peut-être le seul horripilé par le sujet, à l'instar des bandes de LED qui, apparemment, doivent invariablement relier les phares et les blocs de feux arrière sur les nouveaux modèles de nos jours. Une invention sympathique au début, mais franchement, j'en suis déjà un peu fatigué. Tout comme l'éclairage d'ambiance réglable aux couleurs de l'arc-en-ciel dans les habitacles, d'ailleurs : totalement inutile à mes yeux. Comme je l'ai dit, c'est peut-être juste moi, mais je demande à Monsieur Ploué de reconsidérer ce détail de conception. Ou au moins prévoir un bouton (virtuel) dans l'ordinateur de bord pour éteindre ces illuminations de Noël…