Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Aujourd'hui, Xavier Daffe, rédacteur en chef du Moniteur Automobile, nous parle de sa découverte de la conduite électrique.
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Je dois avouer que j’ai retardé le plus possible le jour où je devrais rouler en voiture électrique. Quand, dans une autre vie, j’ai été biberonné, comme mécano de course, à la sonorité envoûtante du flat-six des Porsche 911 Groupe B, dont le sorcier de RAS Sport, Henri Lotterer, le père de qui vous savez et mon patron de l’époque, avait développé des mégaphones «made in Chatelet», on a du mal à basculer vers un monde où les engins qui font le buzz font surtout « bzzzzzz »… Qu’elle est lointaine cette époque où il m’était donné d’accompagner Willy Plas, alors « team principal » comme on dit aujourd’hui, à faire un déverminage de la voiture de Robert Droogmans sur le Ring de Charleroi en pleine nuit. Avec une 911 à 7000 tr/min quasi en échappement libre, les riverains ont dû nous maudire quelques fois ! Époque de dur labeur mais aussi d’insouciance et de vie de Bohème. Et je vais vous faire un confidence : moi, petit mécano de l’ombre, grâce aux largesses sans fin d’un sponsor, Belga en l’occurrence, aux primes de courses et de victoires, je gagnais alors mieux ma vie… qu’actuellement.
En toute franchise, si l’on fait abstraction des contraintes qui entourent encore l’électrique (prix de vente, autonomie, temps de recharge, absence de bornes de recharge essentiellement) et bien, conduire une électrique, cela s’apprivoise.
Ce monde est fini. RAS Sport a fermé boutique et avec lui, une certaine idée de la folie vécue pendant deux saisons au jour le jour. Mais je ne regrette rien. Le sport automobile belge me remercie encore aujourd’hui d’avoir changé de voie tant mes compétences en mécanique ont vite atteint leur limites. Aujourd’hui, plus de 35 ans après, et au terme d’une réorientation heureuse, me voilà occupé à essayer de plus en plus de voitures silencieuses. Électriques. Bien sûr, mon métier de journaliste me force à faire un reset mental pour envisager la chose sans a priori, avec la tête pleine d’une curiosité intellectuelle et d’ouverture d’esprit. Ce moment fatidique, je n’allais pas pouvoir le repousser indéfiniment. Il est donc arrivé. Et je dois dire une chose : en toute franchise, si l’on fait abstraction des contraintes qui entourent encore l’électrique (prix de vente, autonomie, temps de recharge, absence de bornes de recharge essentiellement) et bien, conduire une électrique, cela s’apprivoise.
Je ne suis pas de ceux qui font du débat « pour ou contre le VE » une question dogmatique. J’essaye de prendre du recul et d’écouter les scientifiques plutôt que les idéologues de bas étage, aux œillères vertes. Mais comment ne pas être séduit par cette réponse immédiate, ces ressources tout de suite disponibles et par ce petit jeu qui consiste à conduire les sens en éveil, ne serait-ce que pour utiliser l’énergie au mieux, anticiper les ralentissements pour régénérer un maximum. Anticiper, c’est l’un des mots d’ordre de la conduite, y compris (voire surtout) électrique donc. Et puis, un VE induit une conduite infiniment plus « zen », mais pas moins active donc. Le conducteur est mis à contribution. Sans doute pas autant que Robert à l’assaut de la Clémentine ou du Mont Kemmel, certes. Mais à un moment donné, il faut accepter que le contexte d’une époque n’est plus le même 30 ou 40 ans plus tard. Je ne pense pas que l’électrique soit une réponse universelle. Mais de là à la rejeter en bloc, il y a une marge. Oui, je suis content de vivre dans mon époque. Mais encore plus d’en avoir connu une autre…
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