Opinions / Rédacteur sans filtre – Bienvenue en arrogance

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! 

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Bonjour à toi, toi le pilote de F1 qui vit dans ta bulle et te prend pour Dieu du haut de ton dédain pour le vulgum pecus. Sais-tu qu’à part un talent certain pour tenir un volant, tu n’as rien de celui qui sauvera des vies, découvrira un remède miracle, fera progresser la science, mettra fin aux famines, aux guerres, sais-tu que tu n’as rien du neurochirurgien qui, lui, fait des miracles, rien non plus du chercheur, de l’homme et de la femme de terrain qui œuvrent dans des conditions difficiles à soulager la souffrance humaine ? Tu as certes travaillé dur pour arriver à intégrer ce top 20 de ceux qu’on présente comme les meilleurs pilotes du monde. Mais tu es très bien rétribué pour ça en retour, quel que soit ton niveau qui ne peut être qu’excellent pour arriver à maitriser une F1 de 1000 ch sous la pluie. C’est ton seul talent. De quel droit, dès lors, te permets-tu cette arrogance, cette fuite en avant comme si ton agenda de la journée ne te permettait pas d’aller à la rencontre, ne serait-ce que quelques minutes, de ceux qui, timidement viennent vers toi pour un autographe, un selfie ? C’est peut-être vrai : ton timing est minuté. Mais sais-tu que c’est par eux que tu bâtis ta renommée et une partie de ta fortune ? Sans fans, que reste-t-il d’un pilote de F1 ? Oui, toi qui as daigné venir faire une apparition rapide (forcément, c’est ton univers…) dans une loge pourtant VIP lors du GP de Belgique, toi qui a vaguement répondu à deux questions bateaux (le jour où un pilote de F1 dira quelque chose d’intéressant derrière un micro, les choses iront peut-être dans le bon sens) avant de t’enfuir en courant par une porte dérobée, sans accorder la moindre attention, la moindre minute de ton temps si précieux à ceux qui espéraient tant de ta venue messianique, alors que ton arrivée avait été annoncée – justement – comme celle du Messie par ton équipe de « communicants » : « il arrive, attention, il est là, ouiiii, il entre. Alleluia ! »

Je n’ose même pas imaginer le respect que tu as pour ces « »encore plus pauvres gueux» qui ont économisé des mois pour se payer péniblement une place « Bronze », assis les fesses dans la boue, derrière un grillage dans l’espoir de te voir passer.

Cette loge sentait-elle trop le vulgaire peuple pour que tu t’y attardes plus que de raison ? Qui sont donc ces manants qui espéraient pouvoir te poser une question, t’offrir une poignée de main, un sourire, ou simplement prendre une photo souvenir ? Sortir de ton univers ouaté t’est-il donc si difficile ? Sais-tu que cette loge était emplie de « pauvres gueux » qui constituent le réseau de concessionnaires chargés de vendre la marque que toi, tu es censé défendre, dont tu es parait-il l’ambassadeur et qui te paye (grassement) ? Casquette vissée sur la tête, ta gourde à la main, visage crispé, tu les a ignoré magnifiquement. Visiblement, ça te répugnait d’être là. Je n’ose même pas imaginer le respect que tu as pour ces « »encore plus pauvres gueux» qui ont économisé des mois pour se payer péniblement une place « Bronze », assis les fesses dans la boue, derrière un grillage dans l’espoir de te voir passer. Ami pilote de F1, j’ai plus de respect pour eux que je n’en ai pour toi, même si naïvement et sans te connaitre (comment le pourrais-je ?), tu me semblais plutôt sympathique. Mais ça, c’était avant. Continue donc de tourner en rond, ce que tu fais très bien, dans ton petit cirque, dans ton « entre soi », dans ton bocal coupé du monde extérieur. Et n’oublie que tu n’es rien d’autre qu’un type normal qui sait juste très bien tourner un volant. C’est tout. Il n’y a ni colère ni frustration dans mes propos : je survivrai à ton irrespect. Juste le constat amer d’un microcosme égocentré et déshumanisé qui ne touche pas le sol. C’est tout.