Opinions / Rédacteur sans filtre – 1000 ch, et puis quoi encore ?

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! 

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Vous avez sans doute vu passer la news annonçant la mort d’un Youtubeur français au volant d’une Tesla Model S Plaid. L’idée n’est pas ici de se prononcer sur les circonstances de l’accident ou sur les compétences supposées d’un mec habitué à se filmer en conduisant. Ce n’est pas le débat. Donner des leçons dans des circonstances aussi dramatiques n’est pas le genre de la maison, le caniveau Facebook étant là pour ça. L’idée est ici plutôt de s’interroger sur la pertinence de proposer à la vente des modèles accessibles à tous (même si financièrement, ça se discute), développant plus de… 1000 ch. Qui peut prétendre savoir maîtriser 1000 ch s’il ne s’appelle pas Max, Lewis ou Ayrton ? D’autant que dans le chef d’une voiture électrique, cette puissance démesurée se double d’un couple tout aussi impressionnant, qui plus est immédiatement disponible, pratiquement sans temps de latence. Une voiture électrique, ça répond tout de suite et très fort à l’injonction de l’accélérateur et ça en a déjà surpris plus d’un. Et aujourd’hui des constructeurs automobiles nous parlent de leurs projets de développer des plateformes électriques pouvant accepter 1600 ou 1700 ch.

Qu’un « gamer » se vire dans les rails avec sa super caisse de 1000 ch alors qu’il est paisiblement assis dans son fauteuil, ça ne fait de tort à personne. Mais dans la vraie vie ?

Quel est le sens de tout cela ? Car enfin, qu’un certain Nico, par ailleurs champion du monde de formule 1, semble s’amuser sur les réseaux sociaux avec les 1900 ch de sa Rimac Nevera, soit, on peut penser qu’il sait ce qu’il fait. Mais ce n’est pas parce qu’il maîtrise que c’est facile. Car on gravite là dans des sphères inconnues jusqu’ici dans l’automobile de route, fut-elle hyper sportive. Dans ma jeunesse, 110 ch suffisaient pour faire une GTI. Les 300 ch d’une 911 Turbo 3,3 litres constituaient le graal. 500 ch semblaient stratosphériques. Et aujourd’hui, on évoque le triple, voire le quadruple de cette puissance. Je pose la question : pour quoi faire ? Car je doute que les capacités et les compétences de conduite du conducteur lambda aient connu la même courbe exponentielle.

Qu’un « gamer » se vire dans les rails avec sa super caisse de 1000 ch alors qu’il est paisiblement assis dans son fauteuil, ça ne fait de tort à personne, à part peut-être à son amour-propre. Mais dans la vraie vie ? Dans la vraie vie, cette puissance ridicule et hors de propos devient potentiellement mortelle… D’aucuns rétorqueront que ce n’est pas la puissance qui tue, mais la vitesse inadaptée et l’incompétence. Sauf qu’avec 1000 ch, on atteint infiniment plus vite cette vitesse inadaptée et son seuil de compétence.